dimanche 28 février 2010

Eric Vanneufville, historien : "on peut être Flamand de différentes façons"

Comment expliquer la difficulté d'aborder sereinement l'identité flamande ?
La sérénité est difficile en raison du contexte historique des trois guerres avec les Germains, surtout au titre de la dernière, du contexte linguistique qui fait que le Flamand est le «Boche du Nord», du contexte communautaire belge dont nous sommes informés par la presse francophone qui est peu objective et pas du tout favorable aux Flamands.
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Peut-on parler d'identité flamande ? Comment la définir en quelques mots ?
L'identité flamande peut se définir par ce qui est visible au quotidien (architecture, ouverture sur la mer, patrimoine ouvert au public, langue lorsqu'elle est parlée au titre de son rôle de mise en relation d'individus et de groupes bien identifiables, leadership économique) mais aussi par ce qui est révélé à son sujet à la suite d'études menées par des chercheurs à ne pas négliger, et encore par des réflexions futuristes comme sur la prochaine transgression dunquerkienne (l'avancée des eaux), à condition naturellement qu'il y ait prise de conscience collective de tous ces ingrédients sur un territoire donné.
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Identité nationale, identité régionale, qu'en pensez-vous ?
Comme l'identité nationale, la régionale peut se bâtir sur un ensemble de diversités ethniques dans un cadre rassembleur basé sur des modes de vie communs, des traditions sociétales voire administratives et étatiques, mais ce n'est pas toujours facile. L'identité flamande peut se bâtir plus spontanément que la régionale (terroir, langue, géographie locale) la régionale est moins spontanée car moins enracinée communément : ch'tis, camberlots, boulonnais, artésiens, hennuyers, flamands. La flamande elle-même court le risque de se réduire à la Flandre pittoresque rurale ou maritime ou flamingante en oubliant l'urbanisée et gallicante pourtant bien indispensable à la reconnaissance d'une Flandre économiquement viable. Enfin l'aspect administratif lui même peut diviser : le Nord n'est pas le Pas-de-Calais, notre région n'a pas d'appellation unitariste enracinée (Alsace, Auvergne, Bretagne) mais une triste dénomination administrative diviseuse autant qu'artificielle et quant à la Flandre, on sait bien que nous n'en sommes que les méridionaux.
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Comment voyez-vous cette identité pour l'avenir ?
Si on veut préparer l'avenir, il faut accepter une géométrie variable. On est flamand en des endroits et selon des modes différents : en ville, à la campagne, à la mer, dans les monts, chez les gallicants, les flamingants, les néerlandophones, en France, en Belgique, aux Pays-Bas Zélandais, à condition de trouver un vecteur commun. Il existe, hier comme aujourd'hui, dans l'espace naturel entre Escaut, Mer du Nord et Collines d'Artois : c'est l'axe de circulation économique et humain Nord-Sud de Douai à Anvers et de Calais à Anvers.
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in LE JOURNAL DES FLANDRES, édition du 24 février 2010
Propos recueillis par Hugues DORGUEIL

2 commentaires:

Cardon Jean Marc a dit…

Dialogue
D'où venez-vous ?
- J'habite dans la banlieu de Lille, c'est à dire en Flandre Wallonne ou encore Flandre lilloise ou encore Flandre française.
- Mais où exactement ?
Oh! dans le Mélantois, mais avant j'étais dans la Pévèle !

Jean Marc Cardon

Anonyme a dit…
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