lundi 19 avril 2010

A PROPOS D'HISTOIRES DU NORD ...

Bon... voilà, le moment tant redouté arrive... On est à l'extrême-limite des capacités gratuites de stockage... Une seule alternative, soit acheter une capacité de stockage plus élevée, soit créer un nouveau site à partir d'une nouvelle adresse courriel d'inscription... Pragmatique car Flamand, je me demande pourquoi payer alors que cela peut être gratuit, comme d'ailleurs est le site lui-même...


Aussi, Histoires du Nord trouvera sa suite logique dans Histoiresdunord 2 !



L'adresse http://histoiresdunord2.blogspot.com/ est effective depuis quelques heures et vous trouverez la suite de ce modeste blog sur ses pages...


Mais rassurez vous, je ne ferme pas le premier site pour autant, vous y aurez toujours accès, pourrez poster des commentaires, utiliser liens et archives, etc.


Voilà, restent quelques détails techniques à régler puis les nouveaux clichés et articles seront ensuite sur Histoiresdunord 2... Patience, patience...

dimanche 18 avril 2010

« L'amiante, on pensait que c'était un produit qui nous protégeait »

Claude Tange montre un tablier en amiante,
l'une des pièces des anciennes tenues de protection des salariés de l'Usine des Dunes.

Claude Tange préside l'Association de défense des victimes de l'amiante de la sidérurgie Usine des Dunes (ADVASUD)-CGT. Pour lui, chaque mot compte. Depuis dix ans, il se charge de le rappeler, en mémoire du temps passé au contact de la fibre tueuse.
PAR LAURENT LEYS

D'un grand sac en plastique, Claude Tange sort un long manteau en amiante, un tablier en amiante, des gants en amiante et une paire de sandales à l'épaisse semelle de bois doublée d'une couche d'amiante. De l'amiante partout ! «On pensait que c'était un produit qui nous protégeait. Il était obligatoire de porter ces équipements pour éviter les brûlures et les projections de métal ou pour marcher sur les plaques chaudes, sinon c'était un avertissement ! Personne ne nous a dit que c'était dangereux.» Il en parle comme de «pièces de collection» - remplacées depuis quelques années par des tenues avec de l'aluminium -, puis ajoute : «des pièces à conviction». Il les verrait bien produites comme preuves dans un procès en correctionnelle ô combien attendu ! Un procès qui dénoncerait «la criminalité industrielle» de «patrons» davantage attachés à dégager des bénéfices qu'à préserver la santé de leurs salariés.

«L'étiquette CGT inscrite dans nos statuts»

On reconnaît là l'argumentaire de la CGT, mais comment s'en étonner ? «Notre nom - Association de défense des victimes de l'amiante de la sidérurgie Usine des Dunes-CGT - parle de lui-même. L'étiquette CGT est inscrite dans nos statuts.» On lui rappelle la question posée par un adhérent qui assistait à une assemblée générale il y a quelques années : «Est-ce que le sigle du syndicat ne dissuade pas les victimes de venir nous rejoindre ?» «Je m'en souviens. Je lui avais répondu : "La porte de l'association est ouverte pour entrer, elle est aussi ouverte pour sortir".» Et vlan !

Claude Tange ne s'embarrasse pas de périphrases. Il suffit de l'écouter parler des conditions de travail dans l'usine sidérurgique de Leffrinckoucke qu'il a connues de 1976 à 1994. «Délégué du personnel et responsable du syndicat», il a, assure-t-il, «fait tous les postes de l'aciérie : fondeur, pontonnier...». «On savait qu'il y avait de l'amiante, partout, dans le process de fabrication, dans la protection des hommes, des outils, des machines. Pour préserver la chaleur dans la poche de coulée, on mettait dessus des sacs d'amiante de 25 kilos. Dans les lingotières, on mettait de la poudre d'amiante. On manipulait les sacs à la main, sans masque.» La matière première amenée dans l'usine pour y être fondue contenait aussi ces fibres cancérogènes : vieilles voitures, anciennes cuisinières, tuyauterie calorifugée d'entreprises démontées...

«L'amiante ne fait pas le tri dans le personnel»
Terminée, cette période ? Pas du tout ! Les maladies, parmi lesquelles les cancers de la plèvre et du poumon, peuvent se déclencher des dizaines d'années après l'exposition sans protection des voies respiratoires. Et sans distinction : «L'amiante ne fait pas le tri dans le personnel : cadres, ingénieurs, techniciens, agents de maîtrise...» énumère Claude Tange.
Depuis juin 2000, il préside l'ADVASUD-CGT qu'il a fondée. «Au départ, on était 26 membres, aujourd'hui plus de 500. En dix ans, on a enregistré 87 décès parmi nos adhérents.» •
in LA VOIX DU NORD, édition de Dunkerque du 18 avril 2010

mercredi 14 avril 2010

Dunkerque, ville-forte

Après la guerre de 1870, la France découvre la faiblesse de ses défenses. Les villes sont devenues de vastes usines à préserver des ennemis. Il faut les entourer de forts pour empêcher de les approcher. Dunkerque n’apparaît pas comme une priorité car dans les années 1870-1880, nul n’imagine que l’Allemagne ose un jour violer la neutralité belge.

Des batteries côtières ont été construites à partir de 1878 pour défendre le port. La ville a bien une enceinte édifiée entre 1818 et 1848, agrandie en 1849, 1852 et en 1861 mais la guerre de 1870 a ralenti les travaux qui reprennent entre 1878 et 1883 : il faut réorganiser la défense côtière à cause des perfectionnements de l’artillerie et de la Marine. Dunkerque devient une place hybride avec des forts prévus pour le front de terre et le front de mer.

Vers la mer

La Batterie de Zuydcoote est finie en 1879. Rectangle bordé d’un parapet épais de 10 mètres, bordé de fossés secs, les abords sont défendus par deux caponnières à ciel ouvert, pour flanquer le fossé et une digue de protection à moellons est posée sur la plage pour éviter que les murs ne soient sapés par le ressac. C’est un ouvrage à batterie haute forte de 10 puissants canons mais le casernement, pour 128 hommes, n’est pas à l’épreuve des bombes, un magasin à poudre de 33 m² abrite 17.600 kg de poudre et une citerne de 75 m3 assure le ravitaillement en eau. Un poste de garde avec un pont roulant de 3 mètres de large défend l’entrée alors qu’une route de 10 mètres de large le relie au Fort des Dunes… En 1893, une nouvelle poudrière bétonnée semi-enterrée est élevée. Sous une carapace de 3,5m d’épaisseur, elle stocke 19.442 kg de poudre. Près de la batterie, le sémaphore de Zuydcoote est élevé en remplacement de la Tour des sables, vestige de l’ancien village. En 1900, un projecteur est ajouté, puis de 1913 à 1920, de nouveaux canons, plus puissants, remplacent les premières pièces.

La batterie de Mardyck est construite en 1878. De forme rectangulaire, le parapet de 10 mètres d’épaisseur est protégé par un fossé en eau. L’accès se fait par deux ponts de bois sur pilotis. Ici aussi, une caserne est construite pour 115 hommes que rien ne protège des bombes. 6 canons de 240 mm sont installés et sont renforcés par une batterie annexe de 4 pièces avec des abris bétonnés et deux poudrières pour 50 tonnes de poudre en 1884, auxquels s’ajoutent, en 1901, 8 canons de plus petit calibre.

L’enceinte de Dunkerque
Ville et port à la fois, Dunkerque est protégé par un fossé sans revêtement avec des perrés jusqu’au plan d’eau. Les bastions qui regardent la mer, numérotés de 5 à 28, sont coiffés par des pièces d’artillerie. A partir de 1892, deux postes de commandement en béton sont réalisés et complétés par un observatoire sous coupole d’acier. Les hommes sont alors casernés aux bastions 28 (54 hommes) et 32 (32 hommes) et dans la courtine 32-5 (où se trouve le mémorial de l’opération Dynamo), pour 104 soldats. Le bastion 5 est transformé en poudrière : le magasin en béton contient 100 tonnes de poudre. Quant au front de terre, un magasin à poudre non bétonné, pour 100 tonnes, est établi dans les bastions 18, 20 et 21.

Le front de terre

Le fort des Dunes est construit en arrière de la batterie de Zuydcoote à partir de 1878. Son rôle est simple : interdire l’accès à Dunkerque par la voie ferrée venant de Belgique et le canal de Furnes. Construit selon un modèle de fort à terre, c’est un fort à massif central et batterie basse dont la caserne accueille 188 hommes. En 1900, une poudrière en béton armé est construite pour 100 tonnes d’explosifs.

La loi du 24 décembre 1903 modifie la défense du port qui doit accueillir de nouvelles darses et un nouveau canal exutoire. On projette de supprimer l’enceinte à l’ouest et de la remplacer par la construction de l’ouvrage ouest et le fort de Petite Synthe. Seuls les forts sont bâtis. On creuse aussi un canal défensif depuis le sud de la ville, passant par le fort de petite-Synthe et qui aboutit à l’ouvrage ouest. Ce dernier est bâti de 1908 à 1911. Plus récent, il accueille une casemate de Bourges pour deux canons de 75 mm qui couvrent le Fort de Petite-Synthe. Une caserne de béton abrite 220 soldats et deux caponnières défendent la position en plus d’un fossé en eau. Défendu côté mer par 7 canons de fort calibre, dirigés par deux postes de commandements bétonnés. 4 canons de 120 mm regardent vers la terre. Plus loin, à 1.200 mètres au sud, une poudrière pour 100 tonnes d’explosif est élevée en 1911-1912.

Reste le fort de Petite Synthe, en grande partie construit de 1906 à 1908. Le large fossé en eau protège un fort triangulaire construit en béton armé, avec une dalle d’1,60 mètre d’épaisseur. Une casemate de Bourges protège le flanc droit et couvre l’ouvrage ouest, deux tourelles à mitrailleuses le coiffent ainsi qu’une tourelle blindée pour deux canons de 75 mm qui sont renseignés par deux observatoires cuirassés. De plus, quatre canons de 120 mm sont posés pour couvrir le front de terre. Le fort accueille 180 hommes…

Et plus loin ?
Conçue comme un camp retranché, la position de Dunkerque abandonne plus ou moins les forts Louis et Vallières qui sont déclassés en 1889. Bergues devient un fort d’arrêt par l’aménagement de la couronne de St-Winoc en 1879, modifiée pour l’artillerie rayée, avec deux nouveaux casernements et une poudrière. Quant à Gravelines, la place reprend du service en 1877 avec une poudrière bâtie au pied de la citadelle et de nouvelles casemates en complément des casernes.

La grande guerre vit ces fortifications s’emplir de soldats. Elles connaissent le baptême du feu et l’occupation entre 1940 et 1945 pour ensuite tomber en désuétude. Devenues inutiles, elles sont abandonnées, tombent en ruines ou détruites comme l’ouvrage ouest, rasé pour faire place à Usinor… De toute façon, Dunkerque n’est plus ville de garnison.