mercredi 1 juillet 2009

De juillet 2009

Juillet rompt avec la dénomination des autres mois. Cinquième mois de l’année romaine, Quintilis, il ne tient pas son étymologie de sa place dans le calendrier, et il n’est pas voué à un Dieu mais il tire son nom de la famille de Jules César : les Julius. Bel hommage à celui qui avant la réforme grégorienne de 1582 avait fait opérer la grande réforme du calendrier dit «Julien». Ce changement de nom eut lieu l’année même de la mort de Jules César, en 44 avant JC, sur la proposition de Marc-Antoine (le futur Antoine rival d’Auguste ).
Juillet rompt aussi avec les habitudes car il annonce les vacances et apporte la chaleur, qui va devenir «canicule» quand juillet va devenir «thermidor»
Juillet, c’est le mois sacré où l’on met les foins et moissons au grenier, le verger en confitures et le potager en conserves. Les jours diminuent d’une heure pendant le mois mais ils durent encore environ quinze heures et trente minutes.

«Et je croys se je vous disoye
Les valeurs qui sont en mon fait
Qu’à grant peine creu je seroye,
Et si suis le moys de Juillet,
Je suis joyeux e peu de plet
Pour tous biens faire tost meurir.
Si doit on bien de cueur parfait
En mon temps Jesucrist servir.»

Grand Calendrier des Bergers – Guiot Marchant , 1496

La tonalité du mois est plaisante et heureuse : «En juillet, mois d’abondance, le pauvre a toujours sa pitance !» «Soleil de juillet donne la fortune !» ou encore : «Juillet ensoleillé emplit caves et greniers». Et «Si juillet est beau il emplit caves et tonneaux !».
Un beau mois de juillet, ne signifie pas, comme pour les citadins qui songent surtout à leurs congés payés, trente et un jours uniformément ensoleillés. Trop de chaleur en juillet aurait des conséquences désastreuses : «Juillet sans orages, famine au village !». Ces pluies de juillet ne «pourrissent» pas la terre, souvent car elle est trop sèche ; c’est le sens de ce dicton : «pluie de juillet, eau en panier».
Mois des moissons et des fenaisons : «En juillet faucille au poignet» ; «Quand juillet commencera, ta faux affûtera !». On n’entend plus dans nos villages les paysans qui «piquaient» leur «daille» c'est-à-dire tapaient sur leur faux avec un marteau sur le support d’une sorte de toute petite enclume qu’on plantait en terre. Maintenant on entend les moissonneuses-batteuses et on les voit de loin à cause de la poussière qu’elles soulèvent.
Un vieux proverbe conseille d’éviter les excès de toutes sortes : «Oou mes de juille, ni fenno ni cooule !»…ni femme ni choux ! je préciserai seulement que le chou est cité ici à cause de sa digestion connue comme difficile ! «En canicule point d’excès, comme en tout temps point de procès» conseille un autre dicton.

La Révolution qui avait tenté une réforme du calendrier avait baptisé cette période de fin juin et début juillet, de Messidor, puis de Thermidor à partir du 22, en donnant à chaque jour un nom de plantes, d’animal ou d’outil. C’est ainsi que le 22 juin correspondant au 1er messidor était «Seigle». Le 14 juillet était consacré au «Haricot» ce qui aurait pu permettre à Monsieur de Launay, à la fin de ce jour en 1789 le jeu de mot que l’on peut imaginer ! Mais le calendrier révolutionnaire n’était pas encore inventé !

Quand juillet va devenir «Thermidor», le 22 de ce mois, il sera alors exactement dans ce qui correspond à la période de «canicule». Car il n’y a de «canicule» que pendant le laps de temps où le soleil se lève et se couche en même temps que la constellation du chien ou du Grand Chien, (canis en latin), constellation dont l’étoile la plus connue est Sirius, une des étoiles des plus brillantes puisque de diamètre 1,8 - c'est-à-dire à peine plus grosse que le soleil - et qui brille 23 fois plus. Comme il fait chaud à cette période, du 23 juillet au 24 août c’est le diminutif latin, canicula qui a donné le nom à cette période. Par contre on devrait dire quand il fait très chaud à d’autres moments de l’année «il fait une chaleur de canicule» c'est-à-dire : «comme pendant la période de la canicule» par référence à cette période des mois de juillet et d’août, et bien que le thermomètre avoisine ou dépasse les 30° en ce moment, ne pas parler encore de «canicule».

C’est dans cette période, à cheval sur juillet août, que l’on trouve les fêtes de saints qui sont presque tous représentés dans la tradition chrétienne, avec un chien. Saint Roch, saint Christophe, saint Dominique aussi parfois ! Mais tout ceci est moins historique.
Qui de nous pense à tout cela quand il se plaint de la forte chaleur, en période de canicule ? On dit plutôt : «il fait un temps de chien» quand il ne fait pas beau…Bizarrerie de nos expressions populaires.

Ce mois de juillet 2009 nous amène deux éclipses, une de lune et une de soleil. Je rappelle que lorsque la pleine lune se produit à un nœud lunaire il y a éclipse de lune et si la nouvelle lune a lieu au voisinage d’un nœud lunaire il y a éclipse de soleil. Les plantes ressentent intensément ces phénomènes. Il faut les laisser se reposer ces jours là.

Je rappelle aussi que c’est toujours au moment du nœud lunaire, et à plus forte raison quand la lune est à son périgée ou à son apogée et quand elle change de phase qu’on observe des perturbations, sans pouvoir dire avec précision où elles vont avoir lieu. Pour ce qui est de la nouvelle lune, depuis le mois de janvier de cette année les observations se sont vérifiées. Cette année en effet le cycle lunaire se rapproche de notre calendrier selon la loi de Méton dont je vous ai déjà entretenus. C’est ce qui permet de prévoir le temps en observant la course des astres, ce qui bien sûr n’a pas la même précision que les observations des satellites ou des astronomes et autres météorologues.

La pleine lune tombe le 7, à son apogée avec un nœud lunaire le 8. Il y a une éclipse de lune. La courbe de la lune va devenir « montante à partir du 8 juillet. Ca va être le moment de marcotter les glycines et les bignones, de raccourcir les rameaux non productifs des pommiers et des poiriers ( il faut couper après la 5ème feuille). Pour la vigne il faut tailler les rameaux qui portent des grappes, deux feuilles après la dernière. Même chose pour les tomates, les courges et courgettes et les concombres. On dit «pincer».
C’est le moment de cueillir les fleurs de camomille, de soucis, de lavande, de tilleul, et les faire sécher pour faire des tisanes.
Vers le 15 juillet, on pourra couper, en milieu de journée, par beau temps, avant leur floraison, les plantes aromatiques, estragon, marjolaine, origan, romarin, sarriette, sauge, thym, puis les faire sécher. Cette période est aussi favorable pour faire du purin d’ortie ou de consoude.

Le 22 juillet avec la canicule qui arrive et le thermidor des révolutionnaires, ce sera la nouvelle lune, le périgée de sa courbe, un nœud lunaire et une éclipse de soleil, il est vrai visible seulement quelque part au Nord de l’Inde ou au Centre de la Chine. On ne sait jamais ! si vous êtes par là ! Avec le risque qu’il fasse autour de ces jours «un temps de chien» ! Certainement des orages..ici ou là.

Voyons ce que disent les dictons des saints fêtés à ces dates. Le 7 juillet pour la saint Raoul : «Quand à saint Raoul le soleil brille, c’est le moissonneur qui grille !» Gageons qu’il fera encore très chaud cette année. Le 8, pour la sainte Virginie, «la récolte des fraises est finie» dit-on en Picardie. Et à la saint Edgard, ce même jour : «On entend du coucou le dernier chant» trouve-t-on en Aquitaine.
Le 22 juillet c’est la grande fête de la Saint Madeleine, celle de Vézelay mais aussi celle de Provence. C’est la même... on a partagé ses reliques ! cette date marque un grand changement que nous soulignent tous les proverbes à son sujet. En voici un bouquet : «A la sainte Madeleine, la noix est pleine, la noisette est bonne à manger, le raisin formé, le blé au grenier, la paille au pailler». Mais «S’il pleut à la sainte Madeleine on voit pourrir noix et châtaignes» ou encore «Si à la sainte Madeleine soufflent les vents, ils emportent les figues avec les dents». On dit aussi en référence à la fameuse scène où la pécheresse après avoir baigné les pieds de Jésus de ses larmes, les oint de parfum et les sèche avec ses longs cheveux «A la saint Madeleine, il pleut souvent, car elle vit son maître en pleurant». On trouve aussi «S’il pleut à la sainte Madeleine il pleut durant six semaines» aie ! pour notre mois d’août et nos vacanciers.. ou «s’il pleut pour la Madeleine, il faut six semaines pour calmer sa peine». Je ne ferai pas d’autres prévisions.
Le 25, c’est la fête du Grand Saint Jacques, le Majeur, celui de Compostelle. Sa fête est un jour «pronostic» pour l’hiver prochain «Si saint Jacques est serein, l’hiver sera dur et chagrin » et aussi « le vingt-cinq sans pluie, hiver rigoureux».
Je ne citerai plus pour ce mois que la fête de saint Germain, dit l’Auxerrois, car pour terminer ce mois de juillet 2009, tous les proverbes pour ce jour sont très favorables : «Chaleur du jour de saint Germain, met à tous le pain dans la main» et encore, « S’il pleut à la saint germain, c’est comme s’il pleuvait du vin»
Que vous souhaiter de plus pour ce mois de juillet.. du pain et du vin !

Addisias !

Jean Mignot le 1er de juillet 2009

1 commentaire:

Diana Kennedy a dit…

canicule: Il y a aussi rapport avec les "jours de chien", la période la plus chaude de l'année, quand l'étoile Sirius (la plus luminieuse de la contrelation du chien, canis major) se lève avec le soleil. Au moyen âge se fut en juillet, aujourd'hui en août.