"l'Anniversaire de la Victoire de Merckem"
de la revue belge ‘le Patriote Illustré’, 35ieme année, no 16 de 20 avril 1919
la Lutte Finale pour la Belgique
Merckem. Encore un nom de gloire qui resplendit sur les emblèmes d'unités magnifiques, rappelant l'échec retentissant et d'une portée immense qu'elles infligèrent aux Allemands, il y a un an, au cours même de la suprême offensive impériale sur le front occidental.
Escomptant le succès infaillible de la première ruée entre la Scarpe et l'Oise, l'ennemi, en ce moment déjà, avait préparé sur notre iront des opérations visant à la poursuite de nos troupes en retraite.
Mais dès la fin de mars, l'offensive de la Somme échouait dans son objet principal. Ludendorff, aussitôt, reportait son effort dans la Flandre française. Et le 9 avril 1918 commence sur la Lys la violente poussée qui ne tarde pas à placer le front britannique en extrême péril. Cependant, les renforts français accourant, la résistance s'accentue sur la ligne des monts qui couvrent l'accès de la plaine maritime. Pour la briser, les Allemands montent un nouveau coup. Ypres étant déjà débordé par le sud, ils comptent, par une brusque pesée au nord, enlever le morceau. La manœuvre comporte deux efforts de percée simultanés, vers Bailleul et vers Merckem, les deux branches de la tenaille devant se refermer à Poperinghe. Si le coup réussit, toute une année britannique sera écrasée et l'on n'aura plus qu'à cueillir les fruits de cette victoire. C'est pourquoi les Allemands ont donné à ce plan le nom de «Tannenberg», en souvenir de l'opération qui anéantit les Russes le 28 août 1914.
Mais ils avaient compté sans les nôtres, à qui quelques heures suffirent pour noyer dans le sang ces folles espérances. Nos héroïques soldats des 3e et 4e divisions d'armée — celles de Liège et de Namur — ne sauvèrent pas seulement ainsi la situation de notre propre armée. Ils sauvèrent d'un péril immense la Ile armée britannique, méritant largement toute la reconnaissance qu'exprimèrent, en termes émouvants, le général Sir Henry Plumer et le roi d'Angleterre.
La région où se livra la bataille s'étend, depuis les abords méridionaux du lac Blankaert, jusqu'au chemin de fer d'Ypres à Thourout, où notre front se soudait, du côté de Langemarck, au front britannique.
Ce n'est plus ici la zone basse des polders, le domaine des inondations de l'Yser. Aux environs de Merckem, les terres émergent de la région inondée et s'élèvent graduellement en direction du sud-est vers Bixschoote et Langemarck d'abord, pour s'épanouir ensuite dans les collines de Zonnebeke et rejoindre enfin les crêtes qui limitent, plus loin, la conque d'Ypres.
Au moment où la bataille va se livrer, l'aile droite de l'armée belge, contre laquelle l'ennemi va tenter un puissant effort de rupture, est constituée par les 3e et 4e divisions d'armée, qui occupent respectivement le secteur de Merekem et celui de Bixschoote.
Les Allemands s'étant rendu compte des mouvements de repli exécutés dajas la nuit du 15 au 16 à notre extrême droite, pénétraient dès le 16 au matin dans la région abandonnée. En même temps qu'ils soumettaient le secteur de Merckem à un bombardement violent, ils entraient en contact avec nos troupes dans celui de Bixschoote, livrant de véritables combats pour tâter nos nouvelles positions.
S'imaginant, sans doute, que notre aile droite allait continuer de battre en retraite, l'ennemi décida de brusquer l'attaque depuis longtemps préparée. Il ne doutait pas du succès.
«Les Belges, disait déjà un ordre du 14 avril, seront bousculés avant de pouvoir se reconnaître.»
Mais cette prétendue assurance n'empêche pas les Allemands de consacrer à l'opération des forces considérables. Le total des troupes assaillantes comprend: deux divisions complètes et des éléments d'autres divisions; plus quatre divisions en appui et en réserve.
Mais cette prétendue assurance n'empêche pas les Allemands de consacrer à l'opération des forces considérables. Le total des troupes assaillantes comprend: deux divisions complètes et des éléments d'autres divisions; plus quatre divisions en appui et en réserve.
C'est à ce total impressionnant que firent face, avec un héroïsme incomparable, les deux divisions des généraux Jacques et Michel.
Dès le 17, de grand matin, poursuivant les opérations de la veille dans le secteur de Bixschoote-Langemarck, les Allemands s'élançaient, sous la protection d'un feu d'enfer, contre les minces positions tenues par les 19e et 13e régiments de ligne. Faisant tête à l'avalanche, nos fantassins déciment les assaillants à coups de fusil et de mitrailleuses. Mais nos batteries, peu nombreuses en ce moment pour les raisons que nous avons dites, ne peuvent les soutenir assez efficacement. Les attaques vigoureuses des Allemands se multiplient, et l'ennemi, surmontant la résistance héroïque des nôtres, parvient à pénétrer dans la zone de Bixschoote, où il enlève plusieurs postes. Cette progression, pourtant, lui a coûté fort cher: nos troupes, combattant dans les conditions particulièrement difficiles que nous avons exposées, n'ont reculé que pas à pas et, loin de céder, luttent avec une énergie croissante. Bientôt, des renforts se joignent à nos batteries en action; l'artillerie lourde britannique, de son côté, tonne de toute sa rigueur; un feu de plus en plus violent ne tarde pas à clouer les Allemands sur place. Tout progrès leur est interdit.
Battu de toutes parts, en outre, par les rafales de mous-queterie et de mitrailleuses, arrêté par la résistance acharnée des nôtres, l'ennemi en est réduit à se terrer dans les postes qu'il a onquis. Mais il y subit des pertes telles que, finalement, il se décide à reculer à son tour; nos magnifiques régiments de la 10e D. I., qui ont résisté toute la journée avec une vigueur admirable, réoccupent les points momentanément perdus et notamment la grand'garde de Montmirail, où l'ennemi n'avait pu pénétrer qu'après de sanglants et multiples assauts. On peut dire que dans le secteur de Bixschoote, dont ils comptaient ne faire qu'une bouchée, les Allemands ont subi un complet échec. La défaite qui leur fut infligée dans le secteur de Merckem fut plus cuisante encore.
Développant son attaque vers le nord, c'est à 8 heures du matin que l'ennemi se lançait ici à l'assaut, après une préparation d'artillerie relativement courte, mais d'une violence inouïe.
Pressentant l'attaque dès 7 h. 30, les commandants des compagnies de garde avaient pris toutes leurs dispositions d'alerte et demandé lès tirs de barrage qui aussitôt se déclanchôrent. Malgré leurs Certes, les Allemands réussirent à pénétrer dans les lignes belges et à occuper les ouvrages de Kippe, les tranchées de Kasteel Britannia, celles de Verbrandesmis.
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