vendredi 15 mai 2009

Bouvines part en croisade pour le 800e anniversaire de sa bataille

Le petit village de la communauté urbaine de Lille bat le rappel pour commémorer son entrée dans l'histoire de France en 1214, grâce à Philippe Auguste. Le village a prévu cinq ans de festivités jusqu'en 2014 en s'inspirant de Lille 3000. Top départ cet été. Bouvines fait le pari d'inviter l'Europe à ses fêtes et associe toutes les bonnes volontés, priées de se compter ce samedi.
PAR MARIE VANDEKERKHOVE
Replongez-vous illico dans vos manuels scolaires. Le 27 juillet 1214, le roi des Francs terrasse les envahisseurs et arrache une victoire si inattendue qu'elle en devient divine. La France serait née à Bouvines, première mobilisation nationale contre une tentative d'annexion. Cette lecture patriotique est pain bénit pour les festivités du 700e anniversaire. Parrainées par le président Poincaré, elles multiplient défilés militaires et odes à la nation. Il faut dire qu'on est un mois avant la Première Guerre mondiale.

Annexe du musée d'Histoire de France ?
Cent ans plus tard, Bouvines veut éclairer un autre pan de l'histoire. «La bataille de 1214 a eu des répercussions dans toute l'Europe. Elle a imposé le système parlementaire en Angleterre, stoppé l'apogée des Flamands et persuadé les Allemands de faire la guerre au sud pendant plusieurs siècles», résume Jean-Louis Pelon, le président de la Société historique du pays de Pévèle.
Alors c'est «l'Europe, la paix, la jeunesse» qu'Alain Bernard, l'actuel maire du village et président de Bouvines 2014, a choisies comme oriflammes. Le jubilé » du 800e s'étalera sur cinq ans. Première manifestation officielle, cet été, où la traditionnelle reconstitution en costume prendra de l'ampleur. La plaine de Bouvines qui n'a guère changé depuis huit siècles et est en cours de classement, accueillera en outre une table d'orientation et des figurines de chevaliers. L'animation sera prête pour les Journées du patrimoine, en septembre. Autres projets : un salon du livre historique dès 2010, un festival de théâtre, des rencontres de jeunes, un rassemblement de géants... Et une étape du Tour de France en 2014 au carrefour de l'Arbre, dont les pavés sont plus connus du Paris-Roubaix.
L'association a déjà pris contact avec Didier Fusillier, le papa de Lille 2004 et de Lille 3000, pour mettre en scène ces festivités. Et rêve de devenir l'annexe du musée de l'Histoire de France voulu par Nicolas Sarkozy. Un projet de musée interactif dans la plaine, sur le modèle d'Azincourt (Pas-de-Calais), est déjà prêt. Reste à trouver les financements... L'argument d'Alain Bernard : attirer le touriste qui vient à Lille et le faire rester une journée de plus autour de sa mémoire.
Pour l'heure, Bouvines 2014 invite tous les férus d'histoire à réfléchir aux commémorations. Samedi, une réunion publique lancera officiellement les ateliers, parrainés par les historiens Max Gallo et Alain Decaux. Une cohorte de politiques et d'universitaires ont déjà répondu présents. Bruno Bonduelle, président de la CCI Grand Lille et Bouvinois de souche, pourrait encourager les contributions privées.
Car la démesure de son histoire dépasse les finances de ce village de 741 âmes. Depuis un siècle, l'église paroissiale abrite de magnifiques vitraux, classés, plus connus des Anglais que des Nordistes. Un joyau dont l'écrin, l'église, s'étiole. Les spécialistes ne lui donnent plus que dix ans debout. Le preux Philippe Auguste et ses 800 ans de gloire arrivent à point nommé pour la sauver du chaos.
> Réunion publique ouverte à tous le 16 mai à 11 heures à l'UFCV, rue Saint-Hubert à Bouvines.
> Plus d'infos sur http://www.bouvines2014.fr/
in LA VOIX DU NORD, édition régionale du 15 mai 2009

Aucun commentaire: