Le dernier vol du "Môme"
l’As le plus célèbre de l’Aviation française
disparaissait en « plein ciel de gloire »
Les cigognes
L’année 1917 est le tournant de la Première Guerre Mondiale. C’est l’année des révolutions russes et de l’entrée des américains dans le conflit. 1917, c’est aussi la naissance d’une légende.
A Saint-Pol-sur-Mer, sur le terrain d’aviation de la plage, arrive début septembre une escadrille déjà célèbre : les Cigognes de la SPA 3. Le sigle indique les appareils qu’elle utilise : de puissants biplans du constructeur S.P.A.D.. Elle arrive, après une halte de quelques jours sur le terrain de Bergues-Bierne, d’une dure campagne en Champagne… Parmi les pilotes, un jeune capitaine de 23 ans : Georges Guynemer. Il n’est pas le premier pilote célèbre à se poser à Saint-Pol. Avant lui, Roland Garros et Charles Nungesser y avaient déjà été affectés. Avec ses compagnons d’armes, Guynemer, aux commandes de son SPAD nommé le « Vieux Charles », continue d’engranger les victoires.
Temps clair et dégagé
Mardi 11 septembre 1917, il fait beau. Un temps magnifique pour une mission. Malgré ses 53 victoires, quelque chose ne lui convient pas. Il quitte la maison où il loge (au 192, rue de la République) pour rejoindre l’escadrille mais son SPAD-canon, puissamment armé, est en réparation à Paris. Il lui faut voler sur un de ses anciens appareils resté au terrain. Celui que ses camarades pilotes appellent le « Môme » décolle : direction la Belgique. Le soir, le capitaine Brocard, commandant l’unité, note que le pilote n’est pas rentré. En fait, il a été abattu au-dessus de Poelkappelle. Au sol, les Allemands ont récupéré ses papiers et l’ont enterré hâtivement après avoir rendu les honneurs militaires mais une préparation d’artillerie alliée laboure le champ, ne laissant aucune trace de sa sépulture. Sa dépouille disparaît définitivement.
De la Légende au mythe
A la nouvelle de sa mort, un deuil national est décrété, chose rare en temps de guerre car d’ordinaire, on ne veut pas saper le moral de la population. Le SPAD-canon resté à Paris est spontanément couvert de fleurs par la foule anonyme. Le 5 novembre 1917, tous les écoliers de France lui rendent hommage. Le 30 novembre, le Général Anthoine, commandant la Iere Armée lui adresse les adieux de l’Armée sur le terrain de Saint-Pol et remet des décorations « au nom de Guynemer ». La légende naissait et n’allait pas tarder à se transformer en mythe car les écrits sur le héros se multiplient. Il devient un symbole national lorsqu’en 1922, la Nation fait entrer le capitaine Guynemer au Panthéon. Il devient l’exemple à suivre : sa devise « Faire face » est adoptée par l’Ecole de l’Air. Le jeune capitaine devient le symbole du sacrifice et de l’abnégation. Chaque année, à la date anniversaire de sa disparition, sa dernière citation est lue, sur toutes les bases, dans chaque unité de l’Armée de l’Air.
Adopté par les Saint-Polois
Le premier conseil municipal qui suivit sa disparition ne l’évoque pas. il faut dire que le même jour, Saint-Pol fut violemment bombardée et l’on dénombra de nombreuses victimes dans la population civile, notamment des enfants. Très vite pourtant les Saint-Polois en ont fait un des leurs : un lycée, une rue, une résidence… et une cloche du beffroi portent son nom. Le 11 septembre, chaque année , lesAviateurs de tout grade, de toute spécialité, commémorent sa disparition. Devant ses successeurs, répondant à l’appel de celui qui est « tombé en plein ciel de gloire », du pilote qui disait que l’« on a rien donné quand on n’a pas tout donné », ceux qui admirent l’homme comme l’officier, ou qui aiment l’histoire, se souviennent du jeune homme entré dans l’Histoire par la grande porte.
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