vendredi 17 mars 2006

Dunkerque XXL?

Cela fait plus d’un an que le referendum s’est terminé, les passions étant retombées, on peut revenir sur une « affaire » que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître…

La peau de chagrin…
La puissance d’une ville s’est longtemps mesurée à ses murailles et au territoire dont elle tirait ses ressources. Le XIXe siècle réduisit considérablement celle de Dunkerque. Entre poussée démographique et essor économique, les édiles dunkerquois créèrent de nouvelles communes. Comme la « peau de chagrin », Dunkerque se résuma à son port et ses murailles. Elle avait su annexer le Jeu de Mail en 1850 pour s’étendre encore un peu mais les communes voisines connaissaient une extension souvent plus rapide parce que la place n’y manquait pas.

Rosendaël, ancien hameau de pêcheurs et de maraîchers fut érigée en commune indépendante de Coudekerque-Branche et de Téteghem en 1860, attirant à elle de nombreux bourgeois de la ville. Malo, issue de la section des Bains de Rosendaël, gagna son indépendance en 1891 et se transforma en station balnéaire. A l’ouest de l’agglomération, les décisions étaient les mêmes : en 1877, Saint-Pol-sur-Mer fut séparée de Petite-Synthe et perdit son nom de Tornegat. Fort-Mardyck continua à se développer, gênée seulement par les privilèges de la concession des marins pêcheurs octroyée par Louis XIV qui leur permettait de construire comme ils l’entendaient.

gestation longue, accouchement difficile
Si l’idée d’une « grande ville à côté d’un grand port » date de 1892, la réalisation est plus lente. Henri Terquem avait bien théorisé la communauté urbaine mais la première intercommunalité ne se fit que lors de la première guerre mondiale, coordonnée par le maire saint-polois Léon Marquis. L’idée de se regrouper revenait souvent. En 1945, L. Burnod dans le journal « le Nouveau Nord » avance l’argument du poids des 100.000 habitants, des économies réalisables, de la nécessité de dépasser les antagonismes personnels, arguments qu’il développait déjà dans les années 1920… Le premier grand pas date de 1949 quand la mairie socialiste de Dunkerque fit le vœu de fusionner : accord de Rosendaël, « oui » sous conditions à Petite-Synthe, réflexion à Saint-Pol, refus de Malo et de Coudekerque-Branche. Il faut encore attendre.

De la théorie à la pratique
En 1959, on compris qu’une politique commune pouvait résoudre bien des problèmes et que seule une grande ville serait un interlocuteur reconnu. Une association est alors créée sous la présidence de MM. Burnod et Prouvoyeur en 1961. Après le décès de Paul Asseman en 1966, ce dernier accède à la charge majorale dunkerquoise. Les travaux de fusion et la naissance de la Communauté Urbaine commencent simultanément. La démission de Paul Douchy à Malo précipite les évènements. La campagne pour l’élection partielle devient un référendum mais sans passion : moins de 50% de participants ! La fusion entre Malo et Dunkerque n’en devient pas moins effective au 1er janvier 1970. Malgré les vicissitudes de la vie politique locale, la fusion avec Rosendaël est proposée à nouveau, toujours sous l’égide de M. Prouvoyeur, le 8 octobre 1971, Petite-Synthe enchaîne le pas à son tour, malgré l’opposition de quelques conseillers qui évoquent un « Anschluss ».

Résultat : au 1er janvier 1972 : Dunkerque comptabilise 80.435 habitants et une assemblée de transition comptant aussi des représentants des villes fusionnées. Ultime sursaut à la fin des années 70 : pour compenser la perte de l’Albeck, quittant la Petite pour la Grande-Synthe, Dunkerque peut s’associer avec la ville de Mardyck. La situation est nouvelle : deux entités s’affrontent avec deux conceptions opposées : le Grand Dunkerque de M. Prouvoyeur et la C.U.D., présidée par M. Denvers.

Et demain ?
Dans la droite ligne de leurs prédécesseurs, les maires de Dunkerque et de Saint-Pol-sur-Mer, vite rejoints par celui de Fort-Mardyck proposent une fusion-association, avec un régime différent des unions précédentes. Le projet est cependant rejeté à Dunkerque par une courte majorité. Les communes ne se marieront pas au début du XXIe siècle, l’idée doit encore faire son chemin…

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