vendredi 10 mars 2006

Ces vieilles pierres de Flandre Gallicane

La région lilloise est riche d’une histoire souvent méconnue. Pour le passant, il est souvent difficile d’imaginer que tel lieu fut un centre stratégique important, que telle ferme fut une seigneurie puissante.

Le premier château de Lille
A Lille même se dressait une importante motte castrale, une butte de terre surmontée d’une tour ou d’un château qui devait défendre la ville naissante. La cathédrale occupe aujourd’hui sa place. Cette motte, haute de 12 à 15 mètres, survécu longtemps aux perfectionnements des enceintes de la ville. Reliant Haute et Basse Deûle, ses fossés alimentaient en eau des moulins.
Sans aucune utilité militaire depuis le XII° siècle, elle représentait le pouvoir du châtelain de la ville. Le symbole fut pourtant malmené. Elle porta longtemps quelques maisons louées par son possesseur puis fut transformée en dépotoir au XVI° siècle. Elle devint un jardin entre 1604 et 1835, puis on y construisit les bureaux de l’administration des douanes.
Bien qu’elle eut différents noms, elle est plus souvent connue sous celui de Motte-Madame. Il lui fut donné en l’honneur de Marie de Luxembourg, qui s’éteignit en août 1546 après avoir assumée seule les titre et charge de châtelaine de Lille durant ses 51 ans de veuvage.
Elle ne résista pas à la crise économique du milieu du XIX° siècle. Pour donner du travail aux ouvriers, les Ateliers Nationaux en décidèrent l’arasement, ne laissant subsister que ses douves. La dernière visible est parallèle à la rue des chats bossus. La place laissée fut assez importante pour que l’on décide quelques années plus tard d’y édifier une basilique de style néogothique, devenue Cathédrale en 1913.

Et ailleurs ?
La région lilloise ne manqua pas d’autres fortifications. Bien peu survécurent aux guerres, à l’urbanisation et aux remembrements. Que pouvait-on trouver? Des «châteaux-forts» comme à Armentières, Comines, Quesnoy-sur-Deûle, Lannoy, Roubaix, Tourcoing. Des mottes, comme à Lille, et des maisons fortes, demeures dotées de quelques moyens défensifs.

Un des châteaux de Flers
A Villeneuve d’Ascq subsiste encore le château de Flers. Maison forte, à l’architecture flamande typique, ses façades, toitures et douves furent inscrites à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques en 1951. Erigé en 1621 par Henri de Haynin, il porta les noms de ferme des Espagnols, Château- rouge, ferme d’en Bas. Propriété du Comte de Diesbach à la fin du XVIII° siècle, il fut confisqué et pillé à la Révolution puis transformé en ferme. Après 1825, une partie des bâtiments fut détruite, ce qui ouvrit la cour à la vue de tous. Aujourd'hui, ses vénérables murs accueillent les services de tourisme de Villeneuve d'Ascq.

Une ferme des plus fortes
Il faut particulièrement admirer la tour-porche de la Grande ferme à Wannehain. L’entrée est protégée à sa gauche par une embrasure à feu et, à sa droite par une meurtrière. Elle s’était adaptée à l’évolution des guerres. Dans la cour, on trouve aussi une tour fortifiée et un pigeonnier, privilège noble. Une motte, plus ancienne se dresse derrière la basse-cour et en faisant le tour des bâtiments, on peut encore apercevoir les fossés.

Pour un dimanche en famille

Bondues se prête à de nombreuses balades. A proximité du Fort (musée de la Résistance), on trouve le Château de Bondues et la ferme de l’Hôtel. Le château est connu depuis 1407 mais on le qualifie déjà de ruine. Il n’a jamais été d’une grande importance pour ses seigneurs: du site original ne subsiste qu’une motte de taille respectable et les douves. La maison construite à son sommet est très récente car le dernier château a été incendié en 1944.

Un peu plus loin se dresse le Château du Vert-Bois. Mentionné en 1389, il est décrit en 1474 par Jean de Heule comme une ancienne motte enclose de fossés. Le Vert-Bois n’est plus un site fortifié important. En 1576, la propriété est vendue à Guillaume de Liot, échevin de Lille. Il passe par héritage dans la famille de Fourmestraux au début du XVII°siècle. L’existence du Vert-Bois prend alors un tour décisif: la construction du château actuel commence en 1663. Acheté par louis Duchochois en 1869, il passe ensuite à la famille de Monsieur et Madame Pruvost, qui y installent la fondation Septentrion. Belle demeure de style classique, le Vert-Bois étonne par la qualité de sa construction, la beauté de ses abords, son calme et la richesse de ses collections.

Une histoire mouvementée dans la paisible bourgade d'Ennevelin
Un petit détour par Ennevelin permet de découvrir la maison forte d’Aigremont. Propriété de la famille du même non, il est connu dès le XII° siècle puis il passe aux Gantraing. Au XV° siècle, il appartient à la famille de Thieulaine puis à la famille Van der Echoute au XVI° siècle. En 1648, Aigremont est acquis par la Famille Jacops qui restaure plusieurs fois les lieux. Ils y bâtirent même une chapelle. Le château fut reconstruit vers 1760. Mais en 1795, la ferme et ses biens furent vendus en bien national. Une vente bien triste puisque les Autrichiens avaient ruiné le château l’année précédente alors que les Français de Pont-à-Marcq l’occupaient. Les seigneurs de Landas et d’Harvillers s’en portèrent acquéreurs et ce n’est qu’en 1802 que la famille Jacops pût racheter son bien. De cette époque il reste les douves profondes qui l’entourent ainsi qu’une magnifique tour-porche. Bien conservée, elle a gardé les rainures du pont-levis.

Des Templiers mystérieusement absents
On trouve à Verlinghem, à la limite avec Lompret, une ferme que la tradition attribue à l’ordre du Temple: la Cense des Templiers, connue aussi sous le nom de Temple de Pérenchies. Le site classé aux Monuments Historiques en 1920 surprend par son allure. La porte attire tout de suite l'œil du passant. Construite en grès, la porte charretière en arc brisé est défendue par deux contreforts triangulaires surmontés de poivrières. Les bâtiments de briques qui l’encadrent semblent remonter au XVI°s, avec des remaniements plus tardifs. Les combats de 1914-1918 ravagèrent la ferme en épargnant la porte. Les Templiers occupèrent-ils les lieux? Rien n’est moins sûr. En revanche, elle appartenait en 1373 à l’Hôpital, plus connu sous le nom de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem (l’actuel Ordre de Malte), grand rival du Temple.

Un leurre bien réel
A Sars-et-Rosières, près de Saint-Amand, se dresse le Loire. La maison forte se compose d’un donjon bâti en briques et flanqué de 4 tourelles d’angles. Dans la basse-cour cernée de douves, on trouve aussi quelques bâtiments néogothiques. Cet ancien pavillon de chasse, inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 1969, porte un nom sans équivoque: un loire est un leurre pour la chasse aux faucons. La seigneurie est mentionnée pour la première fois en 1268. Le château fut édifié par Louis, seigneur du Quesnoy, de la famille de Landas sur le plan de celui de Bourg-en Artois, vraisemblablement en 1406. Profita-t-il vraiment de son château puisqu’il trouva la mort en 1415 à Azincourt? Le Loire fut restauré au XIX° siècle mais un incendie le dévasta en 1920 et l’on ne put que consolider les murs.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Il faut lire PROUVOST et non PRUVOST.
En effet, après Louis DUCHOCHOIS-PINTA le château se transmit uniquement dans sa descendance : Marguerite DUCHOCHOIS, sa fille, épousa Albert PROUVOST (2ième fils d'Amédée PROUVOST-YON, industriel roubaisien), puis à son petit-fils Albert PROUVOST-VANOUTRYVE, son arrière-petit-fils Albert PROUVOST-de MAIGRET puis au fils de celui-ci Ghislain PROUVOST-HERSART de LA VILLEMARQUE.