vendredi 18 novembre 2005

Errard de Bar-le-Duc, le précurseur oublié

Jean Errard est assez peu connu, en tout cas, sa notoriété ne dépasse pas celle de Vauban, de Cormontaigne ou de Montalembert, et pourtant… Il est leur principal précurseur.
Né au milieu du XVIe siècle, cet ingénieur se met au service d’Henri IV. Outre les fortifications qu’il érige, il écrit en 1594 un ouvrage primordial : « La Fortification démontrée et réduite en art » qui le premier écrit technique en français dans le domaine de la poliorcétique.

L’ouvrage est très illustré et constitue une formidable réflexion sur la place que doit prendre l’artillerie, nouvelle maîtresse des batailles dans l’organisation des attaques comme de la défense des places fortes. Aussi, un nombre considérable de solutions sont envisagées, expliquées et illustrées au moyen de gravures donnant une vision claire des formes que doivent prendre ces fortifications, alors que le bastion se généralise dans toute l’Europe.

Le raisonnement impliquait aussi la connaissance des sièges et des règles qui les régissent, notamment sur la disproportion qui existe entre les forces des assiégeants et des assiégés.

Errard de Bar-le-Duc est l’archétype de l’architecte militaire, voire même de l’honnête homme. Pour lui, l’ingénieur doit être un militaire, capable d’affronter le feu, maîtriser la géométrie, l’architecture, la maçonnerie, savoir lever un plan… Bref, capable de s’adapter aux impératifs du terrain comme de l’évolution du combat.

Précurseur de Vauban, il imprime durablement sa marque, notamment dans les provinces septentrionales du royaume.

A Amiens, il dresse une citadelle dont les murs hauts de 25 mètres, parapets compris, ne facilitent pas l’approche des assiégeants. Largement inspiré par les Hollandais, il ajoute de larges fossés.

La citadelle de Doullens commencée sous Henri II, que Foch venait contempler depuis le calvaire qui lui fait face, est terminée par ses soins. Il s’adapte au terrain en élevant des murs de hauteur différente selon la menace.

A Montreuil, c’est le château qu’il transforme en une nouvelle citadelle.

A Calais, c’est l’ensemble des défenses qu’il remodèle en améliorant la citadelle et le Fort Nieulay, petite place quadrangulaire qui commande les inondations défensives de la ville.

Son action se porte encore à Abbeville, au Catelet, à la Fère et à Laon où l’on peut encore suivre ses pas.

Autant dire que sa marque fut profonde et que l’oubli dans lequel il est tombé, tant Vauban modifia le paysage par la suite, est des plus injustes.

1 commentaire:

ISSE ARCHITECTE SARL a dit…

Bonjour,
j'ai fait mon diplôme sur la citadelle d'Amiens et je suis ravi que l'on réhabilite ce pauvre Jean Errard!