mercredi 20 janvier 2010

Sacrée Yolande


Qui assiste aux réceptions de l’Hôtel de Ville de Dunkerque ne peut manquer Yolande. Son portrait trône derrière le pupitre où sont prononcés les discours… Curieux destin d’une comtesse qui fut tout sauf faible femme

Une vie avant la Flandre

Née le 15 septembre 1326 au château d’Alluy (en Bourgogne), elle est seule héritière de Robert de Flandre et de Jeanne de Bretagne. Par son père, elle possède entre autres, les terres entre Cassel, Dunkerque et Gravelines. Le reste de son héritage fait d’elle un «beau parti». D’abord fiancée au futur comte de Flandre Louis de Mâle, elle est promise à 11 ans au jeune comte Henri IV de Bar, mariée en 1340, veuve quatre ans plus tard, elle doit exercer la régence pour son fils, immédiatement contestée par sa belle-famille mais aussi par la noblesse et les villes du Barrois.
Bien qu’aidée par le Roi de France, la tâche est ardue car ses terres sont riches. Belle-sœur du roi de France Jean II par son remariage avec Philippe de Navarre, elle tient farouchement à son pouvoir et fait tout pour ne pas être reléguée à la cour. Son obsession pour le maintien de ses droits n’empêche pourtant pas son éviction par son fils de 16 ans en 1359.
Sa régence prend alors fin brutalement pour se consacrer à son douaire, lui octroyant son indépendance financière et où elle se comporte en princesse souveraine jalouse de ses prérogatives. Partout, elle défend ses terres dans le Barrois, en Normandie mais aussi en Flandre. Elle fait aussi frapper de la fausse monnaie pour régler ses problèmes financiers. Découverte, rebelle, elle est excommuniée et ne reçoit l’absolution du pape qu’en 1362. De partout tombent de terribles accusations quant à ses exactions et sa cruauté, l’obligeant sans cesse à faire pénitence et de manifester sa piété. Accusée d’être complice du Comte de Flandre allié aux Anglais, le roi de France la fait emprisonner en 1371, elle s’évade l’année suivante. Arrêtée en Flandre, elle est amenée à la Prison du Temple à Paris. Libérée sous conditions en 1373, elle ne sauve finalement que ses biens flamands…

La Dame de Cassel
Indésirable, elle se retire en sa résidence du Bois de Nieppe où elle se débat dans les procédures pour contrer le Comte de Flandre qui grignote ses biens et surtout qui remet son autorité en cause. C’est que le Comte Louis de Mâle installe en Flandre de nouvelles administrations qui centralisent et rationnalisent le pouvoir comtal, laissant de moins en moins de pouvoirs à ses vassaux… Ce que ne peut souffrir Yolande dont les privilèges se réduisent d’autant. A cela s’ajoutent les révoltes des Flamands qui supportent de moins en moins l’autorité que la crise économique est profonde. Le soulèvement gagne même Dunkerque… et dure jusque 1382, quand les révoltés sont écrasés à Roosebecke par le Duc de Bourgogne.
L’année suivante, les combats reprennent d’abord sur ses terres mais la révolte est éphémère. La Bourgogne tient ses vassaux d’une main de fer… Quand elle refuse de céder aux injonctions de livrer les dénombrements, les déclarations fiscales détaillées, de ses fiefs, elle voit les commises, c’est à dire les confiscations, se multiplier. Jalouse de ses pouvoirs, elle doit les contester sans cesse. Finalement, elle ne peut que céder devant un état fort et déjà moderne... La Bourgogne la contraint à rentrer dans le rang, parfois de façon humiliante mais nécessaire jusqu’à sa mort en 1395… Dunkerque et Cassel perdent une maîtresse femme qui leur avait donné des libertés et des franchises, fait reconstruire le château de son père… Quant aux artistes, ils pleurent un mécène averti…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Encore une femme particulierement interessante qui rejoindra notre pantheon...ah! la Yolande à cheval ayant quitté ses cottes et son corset pour s'enfuir devant les anglais !!! Cela mérite une photo dans Belles du nord !!!
Jean Marc Cardon (brûle-maison).