vendredi 1 janvier 2010

De Janvier 2010

Janvier, nous entraine dans cette longue course des peuples les plus divers qui, à travers les siècles, ont tenté de calculer la mesure exacte du temps et d’en établir les règles. C’est ce qu’on appelle le «calendrier», un système élaboré pour recenser les jours, et mesurer les grands intervalles de temps. La première mesure de ces grands intervalles est liée à la nécessité de prévoir le retour des saisons là où elles sont marquées, en particulier celui de la saison froide, afin d'assurer des réserves alimentaires suffisantes : le chasseur et le pasteur – et l'agriculteur plus encore – ont besoin d'un calendrier de saisons et le rythme du Soleil s'impose à l'homme. La deuxième mesure a pour objectif de fixer les échéanciers, notamment des dettes. Nous allons le voir plus loin. Les fêtes, notamment religieuses, étaient liées à cela. Les Anciens ont ainsi mesuré le temps soit sur une base lunaire, - on comptait les nuits, c’était plus facile -, soit sur une base solaire avec les saisons, - froide et chaude -, et cela n’a jamais vraiment concordé.

Si l'on tente une typologie de quelques calendriers historiques : le calendrier musulman est lunaire ; les calendriers grec, chinois, hébreux, celte et ecclésiastique sont luni-solaires ; les calendriers julien, grégorien et républicain sont solaires ; les calendriers égyptien et maya sont chronologiques.

Dans les calendriers luni-solaires, les mois sont lunaires mais l'année est régulièrement rallongée afin de rattraper le cours des saisons, c’est le cas encore du calendrier chinois ou du calendrier hébreu. Dans les calendriers à base solaire, l'année est proche de 365,25 jours et la division en mois n'est plus qu'un lointain souvenir des lunaisons. Il s’en suit le décalage que nous connaissons en particulier avec ceux qui ne se réfèrent qu’au cycle de la lune. Enfin, les calendriers dits chronologiques ont des rythmes de base sans rapport direct avec l'observation du ciel ; le calendrier maya est ainsi fondé sur des cycles de 365 et de 260 jours, le calendrier égyptien sur un rythme de 365 jours.

Le temps n’obéit pas aux hommes et leurs calculs, tout aussi savants qu’ils soient, et quelles que soient les bases de référence, lunaire, solaire ou chronologique, n’ont jamais abouti à un résultat précis et satisfaisant. Même le calendrier «grégorien» aujourd’hui le plus fiable et le plus universellement reconnu du fait de ses précisions, a prévu les réajustements que sont les années bissextiles. Et leur jour de plus n’est pas suffisant puisqu’il faut encore procéder à des rattrapages qui passent inaperçus à nos yeux, tel celui qui est intervenu dans la nuit du 31 décembre 2008 au 1er Janvier 2009, où il a fallu ajouter 1 seconde, à 0h 59mn 59 s, ce qui a fait de l’année 2008 une année bien plus longue que les autres !

Depuis 1970, 33 secondes ont ainsi été injectées sans que nous nous en rendions compte.
Cela continuera car le temps mesuré par l’homme ne parvient pas à se caler avec le temps astronomique, pour de nombreuses raisons notamment à cause des variations de la vitesse de rotation de la terre sur elle-même. Je me limiterai à cette explication.

Pour ce qui est du nom du mois de Janvier, il faut remonter à la fondation de Rome. Selon la légende, l’année en cours dans les peuples du Latium, notamment les Etrusques, comportait alors 10 mois formant un ensemble de 304 jours (4 grands mois de 31 jours et 6 mois de 30 jours), qui s’appelaient Mars, Aprilis, Maia, Junionus, Quintilis, Sextilis, September, October, November et December. Quintilis et Sextilis deviendront juillet et août, en l'honneur de César et d'Auguste. Mais l’année commençait de façon logique avec l’arrivée du printemps en Mars.
Il restait alors environ 61 jours hors calendrier, ajoutés irrégulièrement pour réajuster le calendrier sur les lunaisons et tenter de faire coïncider le début d’année avec l’arrivée de la belle saison.

Numa Pompilius, le second des sept rois traditionnels de Rome (715 à 673 av JC), aurait rajouté 50 jours à l’année et réduit les 6 mois de 30 jours à 29, pour créer deux mois supplémentaires de 28 jours, Janvier et Février. Il fit ajouter aussi un mois complémentaire (mens intercalaris) de 29 jours, ajouté tous les 4 ans, appelé Mercedonius, parce que les mercenaires recevaient leur solde à ce moment-là (merces) . On arrivait ainsi à une année de 354 jours et de 384 jours tous les quatre ans. Comme les Romains, par superstition n’aimaient pas les nombres pairs, on a ajouté un jour de plus. Tout ceci a engendré une grande confusion et les grands pontifes, dont le rôle était de définir le «registre des dettes» à payer le premier jour du mois, c’est à dire le jour des calendes, (calendae) , et les dates des fêtes et jours fériés, en profitèrent pour faire des ces règles une application où ils pouvaient trouver un certain intérêt puisqu’il bénéficiaient d’une sorte de droit de « péage » Ils referont la même chose au moment de la réforme imposée par Jules César ! Je reparlerai de tout cela à l’occasion en février comme je l’ai déjà fait dans le passé, puisque «bis repetita… !»

De la définition de ces échéances on a fait le mot «calendrier». En Provence, on a limité le terme «calendal» et les «fêtes calendales», au temps de Noël ! cela n’est pas très juste. Il y a des calendes tous les premiers du mois. Et quand on renvoie quelques choses aux «calendes grecques» cela veut dire «jamais» puisqu’il n’y a pas de calendes dans le calendrier grec.

On baptisa le premier de ces mois complémentaires du nom du dieu Janus dont l’origine est tirée dans la mythologie avec des interprétations parfois divergentes. Selon la légende, Saturne, chassé du ciel, se réfugia dans le Latium, région de Rome, où il fut accueilli par Janus. Par reconnaissance, le dieu détrôné le dota d'une rare prudence celui qui l’avait accueilli,. C’est ainsi que Janus avait le pouvoir de rendre le passé et l'avenir toujours présents. C’est ce qu'on a exprimé en le représentant avec deux visages tournés en sens contraires, l'un regarde vers le passé et l'autre vers l'avenir. Le temple de Janus, le dieu à deux visages, était ouvert seulement en temps de guerre et fermé en temps de paix. Auguste par exemple avait fermé le temple de Janus à Rome, par trois fois, la troisième fois en 3 avant notre ère, et pendant la 42e année de son règne la paix ayant été établie dans l'Empire Romain.

C’était un bon choix pour le nom de ce mois, Jaguars, Janvier, ce mois qui marque la fin d’une année et le début d’une autre. On appelle Janus, «le Dieu des portes» et on en a fait le patron des concierges !
Nous pouvons souhaiter ensemble que le regard de ce nouvel soit tourné vers un avenir de paix. Janvier nous permet de formuler ce vœu.

2010 selon notre calendrier, correspond à l’an 5770/5771 du calendrier hébreu, (le 1er tishri 5771 aura lieu le 9 septembre 2010); et à l’an 1431/1432 du calendrier musulman : (le 1er mouharram 1432 aura lieu le 8 décembre 2010) ; le Nouvel An chinois aura lieu le 14 février 2010. Ce sera le début de l'année du tigre.
L'année 2010 s'écrit MMX en chiffres romains et "deux mille dix" ou «deux mil dix» en toutes lettres a été déclarée Année internationale du rapprochement des cultures (décision de l'Assemblée générale des Nations unies en date du 17 décembre 2007). «Nous aimerions que les fêtes soient aussi cela. Un voyage dans une autre culture, une célébration permanente de la diversité et de la tolérance» écrit Elisabeth Renaud dans son «calendrier des Trois religions»

Cette période est l’époque des vœux et des étrennes. On pense que leur usage vient lui aussi des Romains. Tatius, roi des Sabins, qui régnait dans Rome conjointement avec Romulus, considéra, dit-on, comme un bon augure le présent qu'on lui fit, le premier jour de l'an, de quelques branches coupées dans un bois consacré à Strenia ; il autorisa la coutume des présents faits à cette époque, et leur donna le nom de Streniae (étrennes) ;
Souhaitons que les promesses d’un monde meilleur et le rapprochement des cultures, ne soient pas remises aux «calendes grecques» !

Janvier est marqué par la fête des Rois, l’Epiphanie. En mangeant la traditionnelle galette nous pensons d’abord aux Rois Mages. Pourtant la tradition de la galette des Rois est une coutume bien plus ancienne qui se réfère à l’évolution du temps, à la longueur des jours, et au soleil qui brille chaque jour un peu plus. En «tirant les Rois» nous perpétuons une vieille, très vieille coutume païenne qui s’inscrit dans toutes les fêtes qui jalonnent ces jours autour du solstice d’hiver, où il n’est question que de fêter le triomphe de la lumière sur la nuit et les ténèbres. Les Romains organisaient à cette période des saturnales, juste avant les calendes. On y partageait la galette et on tirait la fève qui désignait ainsi le roi de la fête. Au Moyen Age ce fut la fête des Fous, devenue la fête des Innocents, sujette à toute sorte de débordements. Très tôt les chrétiens ont fait de ce jour la fête chrétienne de l’Epiphanie ! L’église a sublimé tout cela en faisant coïncider la naissance de Jésus avec le solstice d’hiver.

Le gâteau, appelé galette, que nous avons plaisir à partager en famille et avec nos amis, était bien comme aujourd’hui dans les pays du Nord de la France, un gâteau rond, plat et bien doré, symbolisant le soleil qui renaît. (On retrouvera le même symbolisme avec les crêpes de la Chandeleur). Dans notre Midi, ce gâteau était plus souvent une couronne, qui avec un peu d’imagination rappelle le turban des Rois Mages… !

Sous la Révolution, la fête des Rois, jugée «anticivique», fut rebaptisée «fête du bon voisinage», lointaine ancêtre de nos fêtes de quartier d’invention récente ! On dégustait non plus la fameuse «galette royale» mais la «galette des Sans-Culotte». Ceux qui ne veulent pas reconnaître le sens religieux de Noël mais qui acceptent quand même de célébrer cette fête s’inscrivent dans cette lignée.

Le jour de l’Epiphanie, normalement le 6 janvier marque souvent le début de l’hiver, ou au moins une forte reprise du temps froid :«Les hivers les plus froids sont ceux qui prennent vers les Rois».
Avec la pleine lune le 31 décembre 2009, un nœud lunaire le 1er janvier 2010, la courbe de la lune à son périgée ce même jour, et une éclipse de lune, (dont presque personne ne parle, bien qu’on nous annonce à la pelle perturbations et changements de temps) nous cumulons un maximum de facteurs d’influence sur le temps. La température va chuter ce 1er janvier, un peu partout, et il devrait faire froid jusqu’environ le 10 janvier. Mais à toutes choses malheur est bon : «A la saint Gerlac ( le 5) le temps froid et serein, l’année sera bonne et fertile, c’est certain» Il y aura du mauvais temps de façon quasi certaine un peu partout en France entre le 13/14 - passage à la courbe montante de la lune, avec nœud lunaire le 14, nouvelle lune et éclipse le 15,- et le 18 donc du mauvais temps une nouvelle fois à Uzès pour la journée de la truffe. «Arcade et Hilaire ( le 13 janvier) gèlent les rivières». Le 14 : «Le soleil pour saint Hilarion faudra force tisons». Et pour saint Antoine le 17 : «Quand Toinet monte sur son âne, tu peux compter sur sept jours mauvais» ou encore : «de sent Antoni ( le 17) à sent Bastian ( le 20) fait maï de frech qu’entre tout l’an»
En lune descendante entre le 3 et le 11 janvier favorable à la plantation des arbres fruitiers, des arbustes à fleurs ou à petits fruits (framboisiers )Vers le 29 , également en lune descendante s’il ne gèle pas installer les rosiers à racines nues, élaguez les grands arbres. Jusqu’au 7 février, taillez les buis, mais aussi les cassissiers et les groseilliers à grappes. Vers la fin du mois ; la pleine lune du 30 avec le périgée laisse présager du mauvais temps ces jour-là, à la veille du début février qui n’est jamais une bonne période.

Bonne Année à chacun de vous, amis et fidèles lecteurs, à vos familles et à tous ceux que vous aimez. Meilleurs Vœux, bien sincèrement. A Diou sias. Adissias !

Jean Mignot au soir de la Saint Sylvestre 2009

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