lundi 19 octobre 2009

Une femme passionnée d'histoire en première ligne au fort de Seclin


Chez les Bonniface, aucun doute là dessus : l'histoire est une passion. Une vraie. Du genre de celle qui devient même un mode de vie au fil des années. En 1996, lorsque la famille investit le fort de Seclin, des années de travaux et de conditions de vie sommaires se profilent dans ce lieu où tout est alors à faire. Mais aujourd'hui, le clan Bonniface se trouve aux commandes de la plus grosse reconstitution régionale du premier conflit mondial. À la logistique des Journées du poilu, Annick. Portrait.
PAR CLAIRE SERRE

«Je suis à la caisse. J'arrive, j'arrive». À quelques jours de la Journée du poilu, c'est une femme surbookée que nous tentons de rencontrer. «Bon, elle arrive dans cinq minutes», transmet Didier Bonniface. Alors c'est avec sa fille Sophie et son mari que la rencontre commence. « La logistique de la Journée du poilu, c'est ma mère, explique l'aînée du couple. Elle prépare la chambrée des soldats, leur nourriture, etc. » Cinq minutes se sont écoulées, Annick entre dans la pièce. Les joues rosies par la fraîcheur de la soirée et par la course, la grande blonde au carré, s'assoit. Souffle un bon coup. Quand le téléphone portable se remet à vibrer. «Pour un peu, je le jetterais dans le fossé !», plaisante-t-elle. Elle avoue être un peu «stressée et fatiguée» par cette Journée du poilu. On comprend. Samedi, cent quatre-vingt mordus d'histoire ont commémoré la libération de Seclin d'octobre 1918. Idem ce dimanche. Mais Annick n'est pas du genre à se plaindre, alors elle rectifie immédiatement le tir : «C'est pareil pour tous ceux qui organisent des grosses manifestations.» Sûrement. Dans toute cette agitation, Annick n'a pas vraiment eu le temps de se faire à l'idée qu'elle allait devoir parler d'elle. Elle se prête finalement volontiers à l'exercice.
Annick est ce que l'on peut appeler une vraie Nordiste. «Sa famille est dans la métropole lilloise depuis seize cent et quelques», précise son mari. Née à Loos, elle grandit autour de six frères et soeurs. Jeune femme, elle a une vingtaine d'années lorsqu'elle rencontre celui qui allait devenir son mari, Didier. Celui qui l'emmènera dans toutes les brocantes à la recherche d'objets de guerre. Celui avec qui elle sillonnera les chemins de la région à la recherche du passé. Celui, enfin, avec qui elle habitera... un fort. À l'époque déjà, Annick et Didier partagent la même passion : l'histoire. Celle de la Première Guerre mondiale, plus particulièrement. Didier en connaît un rayon sur ce conflit, sur ses soldats, ses armes. Annick découvre les précisions de l'histoire, apprend.
Quand le couple Bonniface élit domicile au fort, Annick est alors cadre dans une compagnie d'assurances. Avec ses cinq enfants sous le bras, le couple quitte une confortable vie lilloise pour un «saut dans le temps». Mais Annick «aime les challenges», les défis. Heureusement, parce que pendant cinq ans, les conditions de vie sont sommaires. L'électricité n'était pas encore arrivée jusqu'au fort. Pour se laver, l'eau n'est pas toujours chaude. Pour cuisiner, pas de micro-onde, pas de frigo. «Les conditions de vie étaient difficiles, les contacts avec les gens peu nombreux. J'ai eu des moments de découragement», reconnaît-elle.
Alors, depuis l'ouverture du fort après sa restauration, Annick revit. Elle rencontre ce public qui lui a tant fait défaut pendant cinq ans. Quant à sa mission au fort, difficile à déterminer. «De l'accueil des visiteurs au ménage», résume sa fille. Visites du musée, organisation de réceptions : elle collectionne les casquettes, ne s'arrête que très rarement. Et n'a que trois idées en tête : famille, fort et poilu.
in LA VOIX DU NORD, édition de Seclin, dimanche 18 octobre 2009

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