samedi 20 juin 2009

Histoires du Nord soutient les veuves de l'Amiante

Amiante : Dunkerque, terre d'accueil d'une manifestation nationale

Maintien d'un juge d'instruction indépendant, renforcement des effectifs d'enquêteurs et tenue d'un procès pénal de l'amiante serviront de fil conducteur à la manifestation nationale de l'association ANDEVA, cet après-midi.
PAR LAURENT LEYS


Pourquoi Dunkerque ? - L'Association nationale de défense des victimes de l'amiante (ANDEVA) organise pour la première fois une manifestation nationale à Dunkerque. Le choix de cette ville s'explique par le rôle joué par l'association régionale ARDEVA qui y a son siège. Depuis sa création en 1996, elle lutte en faveur des victimes avec, entre autres, des plaintes déposées au pénal dès 1997 (conclues par un non-lieu), la saisine répétée du Tribunal des affaires de sécurité sociale pour faire reconnaître la faute inexcusable des employeurs, l'organisation des marches des «veuves de l'amiante» (quatorze manifestations silencieuses entre décembre 2004 et janvier 2006, deux depuis avril).
Selon Pierre Pluta, président de l'ARDEVA, ces marches, relayées par les médias, ont permis de satisfaire deux revendications : le regroupement des plaintes déposées partout en France au pôle judiciaire de santé publique de Paris, composé de magistrats instructeurs spécialisés ; la création de cellules amiante avec des enquêteurs également spécialisés.
Le Dunkerquois reste une terre marquée par l'amiante, même douze ans après son interdiction en France. Chantiers navals, sidérurgie, bâtiment, port... : combien de milliers de salariés malades ou morts d'avoir respiré ces minuscules fibres cancérogènes ?

Quels mots d'ordre ? - Cette manifestation nationale donnera l'occasion de rappeler trois revendications : «un procès pénal des empoisonneurs, le maintien du juge d'instruction, le renforcement des moyens mis à sa disposition». Depuis des années, associations et victimes exigent un procès en correctionnelle pour que soient condamnés les responsables de «la plus grande catastrophe sanitaire» jamais connue en France. Elles déplorent le manque d'effectifs accordés à l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique.
Et redoutent la disparition des juges d'instruction annoncée par Nicolas Sarkozy. Si tel était le cas, les enquêtes passeraient sous la coupe des procureurs de la République, hiérarchiquement dépendants du pouvoir politique. Pouvoir qui, selon l'ANDEVA, n'aurait aucun intérêt à voir mise en cause «la responsabilité des pouvoirs publics et des décideurs économiques».

Combien ?- Difficile d'estimer le nombre de manifestants attendus. Pierre Pluta avance le chiffre de «plus d'un millier» de personnes extérieures au Nord et au Pas-de-Calais. Parmi elles, figurent des Belges et des Italiens (un car). Il faudra y ajouter les adhérents de l'association et les non-adhérents qui n'ont pas eu besoin de s'inscrire. Ont appelé à soutenir la manifestation le Comité amiante des ex-dockers, l'ADVASUD-CGT (usine des Dunes de Leffrinckoucke), l'union locale CGT et les Verts du Dunkerquois. •
Les principaux rendez-vous de l'après-midi
Voici le parcours de la manifestation (un peu moins de trois kilomètres) qui commencera à 14 h de la stèle des victimes de l'amiante.

Parcours.- Après le rassemblement devant la stèle en mémoire des victimes de l'amiante (près du pont de la bataille du Texel, devant le bâtiment des Phares et Balises), la manifestation empruntera l'itinéraire suivant : rue de l'Amiral-Ruyter, rue l'Hermitte, quai de la Citadelle, parvis des droits de l'homme à la communauté urbaine, rue de l'Amiral-Ronarc'h, rue Clemenceau, place Jean-Bart, boulevard Alexandre-III, rue de l'Écluse-de-Bergues, rue Thiers, palais de justice, rue du Sud, rue Nationale, place Jean-Bart pour la dislocation.

Stèle.- Les veuves qui souhaitent déposer des fleurs se placeront à côté ou derrière la stèle. Les responsables des délégations italiennes et belges se tiendront à proximité du podium. Suivront une prise de parole de l'ARDEVA, une autre prise de parole et la remise du souvenir de la ville aux responsables des délégations italiennes et belges. Une cornemuse jouera durant le dépôt de fleurs par les veuves et des victimes, puis minute de silence. Le départ de la manifestation aura lieu entre 14 h 30 et 15 h.

Cortège.- Il se composera des veuves des associations (celles qui le souhaitent se placeront en tête) des délégations italiennes et belges, des associations de victimes de l'amiante, des autres associations et des syndicats.

Sous-préfecture.- Des lettres adressées par des veuves au président de la République seront remises au sous-préfet comme lors des deux précédentes marches des « veuves de l'amiante » de Dunkerque en avril et mai.

Palais de justice.- Environ 17 000 effigies symbolisant les victimes seront déposées devant le palais de justice par les responsables des associations de victimes.

Place Jean-Bart.- L'arrivée est prévue entre 16 h et 16 h 30. Les responsables de toutes les associations de victimes prendront place sur le podium. Les veuves, puis l'ANDEVA prendront la parole. •
In LA VOIX DU NORD, édition de Dunkerque du 20 juin 2009

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