mardi 21 avril 2009

De la lune rousse et des saints de glace 2009

Si l’influence de la lune, telle que j’en ai souvent parlé dans ces chroniques, est très discutée voire contestée par les scientifiques qui trouvent d’autres explications aux changements du temps, celle de la lune rousse a toujours fait l’unanimité. Les textes les plus anciens en témoignent et chacun continue à y prendre garde. Encore faut-il savoir quand se situe cette fameuse lune.
La lune rousse c’est la lune qui commence en avril, après la fête de Pâques, et finit à la lune suivante. Mais contrairement à ce que j’ai vu écrit, y compris sur des sites internet pourtant d’apparence sérieux, il faut bien prendre comme référence la lunaison, c'est-à-dire l’intervalle séparant deux nouvelles lunes, intervalle qui a une durée de 29 jours, 12 heures, 44 minutes et 2,9 secondes. Et non pas d’une pleine lune à une autre pleine lune. Ceux qui écrivent cela n’ont rien compris à la lune, même s’ils se permettent de donner des conseils pour jardiner. Il fallait le dire… ! Cette année la nouvelle lune commencera le 25 avril pour se terminer le 24 mai, c'est-à-dire qu’elle va recouvrir exactement cette fameuse période dont je vais vous entretenir, dite de «la lune rousse» période où défilent tous les «saints de glace» et les «Rogations» hélas disparues aujourd’hui par décision vaticane. Il faut de plus croiser ces fêtes et leurs dictons non seulement avec les phases de la lune, nouvelle, croissante, pleine, décroissante ou vieille, mais aussi avec l’incidence des nœuds lunaires, du périgée, et de l’apogée.
Tous les calendriers lunaires qui reviennent à la mode, nous disent que, quand la pleine lune ou la nouvelle lune ont lieu au périgée, c'est-à-dire au point de son parcours où son éloignement de la terre est au minimal, il y a danger de perturbations, ce jour-là ou les jours qui suivent. Ces mêmes calendriers disent aussi que le passage de la lune au nœud lunaire, c'est-à-dire au moment où le plan de l’orbite lunaire coupe le plan sur lequel se déplace la terre dans sa marche autour du soleil, est aussi une période de perturbations. Ce sont ces points d’observation qui m’ont permis depuis le mois de janvier cette année de prédire les périodes de mauvais temps que nous avons traversées. Ce sont les perturbations que nous venons de vivre encore les 16, 17 et 18 avril avec l’apogée le 16 et un nœud lunaire le 18.
Les dictons sur le temps ont été écrits après que nos anciens aient observé que des phénomènes atmosphériques se produisaient de façon répétitive chaque fois que la lune se trouvait dans une même configuration. Cela ne se reproduit pas nécessairement chaque année, puisque la lune, ne revient dans la même situation autour de la terre et dans l’univers planétaire que tous les 19ans, selon le cycle de Méton. La référence à tel ou tel saint du calendrier était tout simplement un procédé mnémotechnique. Ne l’oublions pas la vie était rythmée essentiellement par les fêtes liturgiques et la journée au rythme de l’Angélus. On ne peut donc parler de ces dictons sur le temps qu’en étroite référence avec la position de la lune dans le ciel. C’est pourquoi mes chroniques chaque mois et chaque année sont un peu différentes. Il conviendrait d’ajouter à cela les observations sur le réchauffement de la planète et d’autres considérations plus savantes. Je préfère pour ma part me référer à la lune, c’est plus poétique, et c’est quelquefois vrai pour le temps, et presque toujours vrai pour les plantes… et même pour l’humeur de certaines personnes ! C’est bien connu. La police pourrait attester des problèmes qu’elle enregistre les nuits de pleine lune, et nous connaissons tous des gens «mal lunés».

«Lune rousse, vide bourse» ; «lune rousse, rien ne pousse» ; «Gelée de lune rousse de la vigne ruine la pousse» ; «Récolte n’est point assurée que la lune rousse soit passée».
La lune rousse est plus redoutée que les autres parce qu’elle se situe au moment où le printemps arrive, la sève des plantes monte et nos humeurs aussi. Et elle a de ce fait plus d’influence que d’autres lunaisons. C’est pendant la lunaison de la lune rousse que nous allons rencontrer les saints de glace. Et leur effet sera d’autant plus grand qu’ils vont ou non coïncider avec les périodes dont je viens de vous entretenir. S’il faut parler d’influence, c’est bien en effet de celle de la lune et non de ces braves saints qu’il faut parler.
Pourquoi rousse ? Ce n’est pas à cause de sa couleur qu’on appelle la lune «rousse». C’est souvent en avril une lune pâle et blême. C’est bien à cause des effets qu’elle produit sur les plantes qu’elle est «rousse»..
Les calendriers lunaires nous donnent une bonne explication. En cette période de l’année, le soleil déjà haut reste de plus en plus avec nous (+1h30 pour le mois d’avril). Quand le ciel est dégagé, le thermomètre indique 19 ou 20 degrés comme ces derniers jours, voire plus, en plein milieu de la journée. Les petites pousses et les fruits en formation se gorgent de chaleur. Mais la terre met très longtemps à se réchauffer. Quand le soleil se couche, le froid se rétablit. C’est très net ces derniers jours dès 17h/18h. La terre n’a pas encore de chaleur à restituer. Progressivement une rosée recouvre les végétaux. Elle peut devenir glaciale au lever du jour. Le thermomètre indique alors 5° à 0°, voire en dessous. Les jeunes espoirs de récolte sont détruits. Les petites poussent prennent une apparence de roussi. Les embryons de fruits deviennent noirs à l’intérieur de l’ovaire. Ne rangez donc pas les protections de vos plantes et arbres avant la fin de la lune rousse. Elles peuvent toujours être utiles la nuit. Et de grâce, n’appelez pas : «lune rousse» les belles lunes que vous voyez se lever par certains beaux soirs d’été. Cela n’a rien à voir ! Nos services de météorologie qui ne regardent pas la lune en dehors de leurs écrans informatiques, en tous cas qui n’en parlent vraiment pas très souvent, ne nous préviendront de telle ou telle perturbation que si le satellite le dit ! Dans leurs bureaux aseptisés et climatisés ils en oublient les climats !

Voici à propos de la lune rousse une anecdote amusante et une explication complémentaire.
«Je suis charmé de vous voir réunis autour de moi, disait un jour Louis XVIII à une députation du Bureau des Longitudes qui étaient allés lui présenter la «Connaissance des temps et de l’annuaire», car vous allez m’expliquer nettement ce que c’est que la lune rousse et son mode d’action sur les récoltes»
Le savant Laplace, à qui s’adressait plus particulièrement ces paroles, resta comme atterré ; lui qui avait tout écrit sur la lune, n’avait en effet jamais songé à la lune rousse. Il consultait ses voisins du regard mais, ne voyant personne disposé à prendre la parole, il se détermina à répondre lui-même : «Sire, la lune rousse n’occupe aucune place dans les théories astronomiques ; nous ne sommes donc pas en mesure de satisfaire la curiosité de Votre Majesté
Le soir, dans les salons du palais, pendant son jeu, le Roi dont on connait l’esprit vif et piquant, s’égaya beaucoup de l’embarras dans lequel il avait mis les membres de son Bureau des Longitudes. Laplace l’apprit. Vexé, il vint demander à Arago s’il pouvait l’éclairer sur cette fameuse lune rousse qui avait été le sujet d’un si désagréable contretemps. Arago alla aux informations auprès des jardiniers du Jardin des Plantes et d’autres cultivateurs, et voici le résultat des investigations que le grand savant a ensuite rédigées et qui ont été publiées par Flammarion dans l’ouvrage : «Astronomie populaire»:
«Dans les nuits des mois d’avril et mai, la température de l’atmosphère n’est souvent que de 4, de 5 ou de 6 degrés centigrades au-dessus de zéro. Quand cela arrive, la température des plantes exposées à la lumière de la lune, c'est-à-dire à un ciel serein, peut descendre au dessous de zéro, nonobstant l’indication du thermomètre. Si la lune, au contraire, ne brille pas, si le ciel est couvert, la température des plantes ne descend pas au-dessous de celle de l’atmosphère, il n’y aura pas de gelée, à moins que le thermomètre n’ait marqué zéro, pour d’autres raisons. Il est donc vrai, comme les jardiniers le prétendent, qu’avec des circonstances thermométriques toutes pareilles, une plante pourra être gelée ou ne l’être pas, suivant que la lune sera visible ou cachée par des nuages ; si les jardiniers se trompent, c’est seulement dans les conclusions : c’est en attribuant l’effet à la lumière de l’astre. La lumière lunaire n’est ici que l’indice d’une atmosphère sereine ; c’est par suite de la pureté du ciel que la congélation nocturne des plantes s’opère ; la lune n’y contribue aucunement ; qu’elle soit couchée ou sur l’horizon, le phénomène a également lieu. L’observation des jardiniers était incomplète, c’est à tort qu’on la supposait fausse
Les savants viennent ici au secours de la sagesse populaire qui avait fait les mêmes observations depuis belle lurette ! et aussi des poètes.
Il y a fort à parier que la référence à cette couleur rousse fait allusion aussi au caractère maléfique (supposé !) de notre amie céleste, pourtant si «douce au miséreux et aux amoureux» comme le dit si joliment la fameuse «complainte de la Butte». Car les rousses, disait-on au temps jadis, portaient sur la tête rien de moins que les flammes de l’enfer. Elles étaient suspectes de sorcellerie, redoutées sur les bateaux, accusées de faire tourner le lait et de rancir le beurre. Dès lors rien d’étonnant à ce qu’une rousse, toute planète qu’elle soit, fasse tourner le printemps et rire jaune le jardinier, et jette la désolation au potager !
Cette lune rousse d’avril est plutôt d’ailleurs souvent une lune pâle, de cette pâleur qui «caresse l’opale de tes yeux blasés». Cette lune blême qui «jette un diadème» sur les cheveux roux de la petite mendigote de la rue Saint Vincent, a-t-elle donc vraiment une responsabilité personnelle dans les ravages infligés aux végétaux qui vident la bourse des paysans !
Est-elle vraiment responsable cette lune qui inspire une si belle complainte ? En tous cas l’auteur de la belle Complainte de la Butte avait bien observé le temps : «Mais voilà qu'il flotte, La lune se trotte, La princesse aussi. Sous le ciel sans lune, Je pleure à la brune, Mon rêve évanoui !» .

Voila pour ce qui est de la lune Rousse. Voyons maintenant le cortège des Saints de glace et les processions des Rogations.
Avec Saint Georges le 23 avril, on aborde la période où ils vont sévir. La fête de ce saint est accompagnée d’une kyrielle de proverbes et de dictons sur la pluie. Or la nouvelle lune sera le 25 et le périgée le 28. Gare !
«Pluie de saint Georges, coupe les cerises à la gorge !» ou encore : «S’il pleut à la saint Georges, de cent cerises restent quatorze». Et aussi : «S’il pleut à la saint Georgeau, n’y aura guignes ni bigarreaux».
De toutes les façons, qu'il pleuve ou qu'il vente, pour la saint Georges il faut mettre la "graine" c'est à dire les œufs de ver à soie, que l’on appelles «les borgnes» car ils n’ont pas d’yeux, dans les couveuses, et non plus comme autrefois dans un petit sac pendu sous les jupons des dames ou encore dans leur soutien-gorge… petit sac qu’on glissait la nuit sous l’édredon du lit conjugal. Un vieux proverbe occitan, bien connu en Cévennes, nous dit que pour la saint Marc , le 25 avril, ce sera trop tard. Les plus anciens connaissent bien cela, et particulièrement à Uzès, pays d’élevage des vers à soie, des magnaneries et des filatures, et où les habitants sont appelés «débassaïres», «les faiseurs de bas», surnom justifié par le nombre des filatures présentes sur la ville ! On imagine combien les gelées tardives étaient dramatiques pour les «éleveurs de ver à soie» quand la feuille des mûriers, toute jeune et frêle subissait les assauts du gel. ( Il faut remarquer au passage, que dans le vocabulaire local, on parle plus souvent de «la» feuille et non des feuilles…)
Le 25 avril c’est la Saint Marc: «s’il pleut le jour de la saint Marc, les guignes couvriront le parc» ; ou encore : «A la saint Marc s’il tombe de l’eau, il n’y aura pas de fruits à couteau». C’est à dire de fruits dont on enlève la peau avec un couteau pour les manger. «Marquet (Marc), Georget (Georges), et Philippet (Philippe), sont trois casseurs de Gobelets».
Saint Philippe était autrefois fêté le 1er mai. Pourquoi casseurs de gobelets ? Parce que le froid ou la grêle ces jours–là est néfaste pour la vigne, donc au vin, donc aux pichets et aux gobelets. On dit encore : Trois saints dont faut se méfier »…Saint Robert le 29 avril : «Gelée de saint Georges, saint Marc, saint Robert, récolte à l’envers.»
Mais on dit aussi : «La pluie de saint Robert, du bon vin emplira ton verre.»
Si donc il pleut à ce jour-là, tout ne sera pas négatif…Par contre s’il pleut ensuite pour les saints suivants ce sera différent :
Le 30 avril pour Saint Eutrope (ou Tropet) : «saint Eutrope mouillé, Cerises estropiées
Du 23 avril au 6 mai, ces saints sont aussi appelés «les saints cavaliers» ou «les saints chevaliers» ou encore, selon Rabelais : «les saints gresleurs et gasteurs de bourgeons».
«Les saints de glace» ne seraient, selon certaines interprétations, que les suivants, dont la liste se déroule en mai soit pour les derniers jours de la lune rousse, et en particulier, ceux dont on parle le plus les 11,12 et 13 mai : «Mamert, Servais et Pancrace, voilà les trois saints de glace,» dont je reparlerai le mois prochain. Ils sont les plus célèbres et on limite trop souvent les saints de glace à eux seuls : «Les Servais, Pancrace et Mamert à eux trois, un petit hiver". Aujourd'hui encore les agriculteurs et les jardiniers ne négligent pas ce vieux dicton: «Attention, le premier des saints de glace, souvent tu en gardes la trace." Or la pleine lune en mai sera le 9 avec l’apogée le 14 et un nœud lunaire le 15. Il faudra regarder ce qui va se passer. «Méfiez-vous de saint Mamert, De saint Pancrace et de saint Servais, Car ils amènent un temps frais et vous auriez regret amer». » mais ne cherchez plus leurs noms dans vos calendriers. Ils ont été remplacés par Estelle, Achille et Rolande. Cette substitution fut décidée après le dernier concile Vatican II lorsqu’on nettoya le calendrier de tous les personnages «douteux» qui avaient souvent donné lieu à des pratiques rituelles peu conformes avec la liturgie et entachées de fond païen. C’est ainsi que ces saints de glace si réputés furent rayés de nos calendriers, ainsi que les Rogations. Les supprimer n’a rien changé au temps et aux influences de la lune.

Le mauvais temps et les dégâts qu’il a souvent entraîné, en ces périodes, avait inspiré à saint Mamert, évêque de Vienne, en Dauphiné, vers 420-477 des prières et des litanies parce que des calamités avaient ravagé les fruitiers de la vallée du Rhône. Ce sont les fameuses «Rogations» qui ont été étendues à toute la chrétienté en 816, pour les trois jours avant la fête de l’Ascension. C’est à dire cette année les 18, 19 et 20 mai, en pleine lunaison de «lune rousse».
Avec cette réforme de Vatican II, disparut aussi un des rares vestiges de ces chants et rites gallicans, chants chrétiens primitifs de la Gaule franque, qui s’étaient maintenus malgré la réforme et la mise en place du Grégorien. Il s’agit d’une sorte de mélopée répétitive, proche des mélodies arabes ou byzantines, sur une gamme de notes très simples, articulée autour des notes ut, mi, sol, lancée par un soliste et reprise par la foule, et qu’on appelle litanies. Ces chants sont encore présents dans les liturgies byzantines, et on les retrouve dans le cérémonial du vendredi saint, ou dans le chant des litanies des saints que l’église chante pour ses plus importantes cérémonies, et qui sont souvent si mal interprétées en français, notamment sans rythme.
Qui se souvient encore de ces petits matins de mai ou curé et parfois vicaires, enfants de chœur et paroissiens, partaient en procession derrière la croix, à travers champs et prés au rythme de «Ut nobis parcas» ou «Ut fructus terrae, dare et conservare digneris» «Te rogamus audi nos». Les fidèles quittent leur domicile pour s’unir à la procession. La supplication des litanies s’élève dans le calme du matin. Nous t’en prions, nous t’en supplions Seigneur, protège les fruits de la terre, écoute nous ! Le curé à coups de goupillon bénit les moissons en herbe, les arbres en fleurs et les animaux qui paissent. La procession s’arrête parfois devant les fontaines et les puits, dans lesquels le prêtre jette du sel pour les purifier. On porte ici ou là les reliques du saint local. . Beau temps le premier jour des Rogations était un heureux présage pour le foin, le deuxième pour la moisson, le troisième pour les vendanges. Pendant ces trois jours on prenait garde de ne pas faire la lessive : «Celui qui lessive aux Rogations sera au lit aux moissons». Un autre proverbe plus menaçant affirme «Quand on lave aux Rogations, il sort un corps de la maison !».
A la fin de la série, en fin de la lunaison cette année 2009, le 24, Il y a un quatrième saint de glace, saint Urbain le 25 mai, qui annonce la fin des possibles gelées : «Le vigneron est rassuré qu'une fois la saint Urbain passée»

Si on regarde l’histoire de la météo, ou si votre grand-père a noté le temps, surtout dans les régions où cette période, revêtait une importance capitale, comme ici à cause de l’élevage des vers à soie, pour lesquels il faut de la chaleur, mais aussi des feuilles de mûriers fraîches, vous trouverez que, en l’année 1897, par exemple, du 11 au 13 mai, il a gelé, et les dégâts ont été d’autant plus importants que l’hiver avait été bénin, et que la végétation était bien avancée ! Cette année là le Cher avait été dévasté. Les vignes avaient gelé, ainsi que les pommes de terre, les haricots et les fraisiers. A Angers, la gelée avait ravagé les cultures au sud de la Loire mais épargné celles qui se situaient au nord du fleuve ! Dans notre région du Gard les feuilles de mûriers avaient gelé et avaient fait défaut pour nourrir les vers à soie…Ce fut une catastrophe. Dans nos histoires locales, on trouve partout traces de ces gels dus aux méfaits des saints de glace, mais surtout à la lune rousse.

Alors prenons notre mal en patience, car : «On n’est pas sorti de l’hiver qu’avril n’ait montré son derrière». Pour le moment, réjouissons-nous des pluies d’avril si bénéfiques même si elles gênent les vacanciers !
Addisias !
Jean Mignot le 21 avril 2009

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