vendredi 2 janvier 2009

du mois de janvier 2009

Tout au long de l’année et de ces chroniques mensuelles, j’ai tenté d’expliquer comment depuis la plus haute antiquité, les hommes avaient tenté de faire coïncider les mois du calendrier avec le cycle des saisons, en s’appuyant sur de longues observations et sur de savants calculs, sans jamais vraiment parvenir à un résultat très juste puisque même actuellement notre calendrier «grégorien», le plus proche du bon calcul et le plus universellement reconnu comme référence, comporte encore quelques erreurs qu’il faudra tôt ou tard corriger . L’année est encore trop longue de 0,0003 jours par rapport à l’année tropique solaire. Souvenez-vous, on nous a fait retirer quelques secondes à nos horloges dans la nuit d’un 1er janvier, il y a deux ou trois ans.

De ce fait et par la référence à différents calendriers, surtout le calendrier dit de Numa, ou de Tarquin, celui en place au moment de la fondation de Rome, ou celui décrété par Jules César, le calendrier «Julien», le premier janvier marquait le début de l’année. Aujourd’hui, il a perdu toute référence au cycle de la lune ou aux saisons. Il est purement administratif et ne se réfère plus à quelque chose en lien avec la lune ou le soleil. N’insistons pas trop car changer le début de l’année pourrait entraîner des revendications et une grande confusion comme celle qui a suivi la mise en place du calendrier « julien ». A cette époque là, en effet, les pontifes romains, - qui n’ont rien à voir avec le souverain pontife, terme désormais «labellisé»-, réunissaient le peuple pour annoncer les différentes festivités. et les jours fériés…C’est à ce moment là qu’on établissait le «registre des dettes» avec les intérêts. Il fallait payer au premier jour du mois, c'est-à-dire aux calendes. D’où l’origine du mot calendrier. Quand les pontifes se trouvèrent face à l’application de la réforme, soit par erreur d’interprétation, soit par mauvaise volonté – on dit qu’ils profitaient largement de cette époque d’échéance «fiscales» pour se servir au passage ! – ils appliquèrent les nouvelles dispositions avec une marge d’erreur. Il fallut reprendre les choses et notamment revoir la règle du jour «bissextile» de février. On relira ici, si ce n’est pas assez clair, mes chroniques de janvier et de février des années précédentes.
Ainsi au fil des siècles, l'année n'a pas commencé partout au 1er janvier, et son début a varié au gré des époques, des pays et des églises. Pour ne citer que la France, l'année commençait le 1er mars dans nombre de provinces aux VIe et VIIe siècles ; à Noël au temps de Charlemagne (et en certains lieux, tel Soissons, jusqu'au XIIe) En quelques régions, l'année commençait à date fixe, le 25 mars, jour de l'Annonciation. C'est ainsi qu'on peut lire, dans la Généalogie des rois de France (1506) de Bouchet : «Charles VIII alla à trépas au chasteau d'Amboise le [samedi] 7 avril 1497 avant Pasques [le 15 avril cette année-là], à compter l'année à la feste de Pasques ainsi qu'on le fait à Paris, et en 1498 à commencer à l'Annonciation de Nostre-Dame ainsi qu'on le fait en Aquitaine.» Ce n'est qu'en 1564 que, par édit de Charles IX, le début de l'année fut obligatoirement fixé en France au 1er janvier ; et les fausses étrennes et «poissons d'avril» sont un lointain souvenir des dates révolues.

La République ayant été proclamée le 22 septembre 1792, date qui se trouvait être le jour équinoxial d'automne, le calendrier républicain fixa le début de l'année «au jour civil où tombe l'équinoxe d'automne au méridien de Paris».
C’était plus en référence au cycle des saisons. Mais ce calendrier eut une durée de vie très courte.
En Russie, l'an commençait le 1er septembre ; à compter du règne de Pierre le Grand, il commença le 1er janvier. Quant à l'Angleterre, où l'an débutait le 25 mars, comme dans beaucoup de pays protestants et orthodoxes qui avaient préféré en rester au calendrier «julien» manifestement faux, plutôt que de s’incliner devant une décision du pape de Rome, elle n'accepta la réforme grégorienne et le 1er janvier que bien plus tard : l'année anglaise 1751, pour se mettre en harmonie avec les pays voisins, ne comporta que neuf mois et une semaine ! Ce qui, on peut facilement le comprendre, ne facilite pas la tâche des historiens et encore moins celle des généalogistes. Quand j’écris cela, n’y voyez aucune réaction ni aucun règlement de compte d’un bon cévenol marqué par le passé des longues guerres fratricides entre ceux de la religion prétendue réformée, (RPR) comme on disait alors, et catholiques! D’autant plus qu’en Janvier on célèbre entre nous la Semaine de l’Unité. Mais je citerai quand même pour expliquer ce retard dans la mise à jour des calendriers, cette phrase du savant Kepler : «les protestants aiment mieux être en désaccord avec le soleil qu’en accord avec le Pape».
En Russie, ces différentes dates d’application de la réforme «grégorienne», sont l’explication de la date de la révolution d’octobre, en 1917, qui eut lieu en novembre et c’est encore la raison des décalages de la fête de Noël et de la fête de Pâques chez les Orthodoxes.
Plusieurs grandes civilisations et peuples se réfèrent encore au cycle de la lune, ou l’adaptent avec des mois de complément pour faire coïncider ce cycle à celui des saisons. Citons en quelques uns, en ce début d’année.
Le calendrier musulman démarre le 16 juillet 622 ap.JC. C’est la date de l’Hégire, l’exode du prophète et de ses compagnons de Médine à la Mecque. Douze mois lunaires de 29 jours qui au fil des ans se retrouvent à des dates différentes dans le calendrier grégorien. Le 29 décembre 2009 les Musulmans fêteront l’an 1430. Le nouvel an musulman n’a pas de signification religieuse.
Chez les Bouddhistes, on retrouve un calendrier dont le point d’origine est la disparition du Bouddha. La tradition place sa mort à la pleine lune du sixième mois de l’année correspondant à l’an 543 av. JC. Le nouvel An bouddhiste est une fête très importante. Le 9 avril 2009, les bouddhistes fêteront l’an 2553.
Le calendrier juif est luni-solaire, c'est-à-dire que le calendrier de base lunaire est ajusté à l’année solaire grâce à l’ajout de mois intercalaires (tous les trois ans environ) afin de suivre le rythme des saisons. La date d’origine du calendrier juif (7 octobre 3760 av. JC) est rattachée à la création du monde appelée aussi Yom Hadin « jour du jugement ». Le nouvel an juif est la première fête liturgique du calendrier. Le 19 septembre 2009 les Juifs fêteront l’an 5770.
Dans le monde Hindous il existe plusieurs calendriers qui pour la plupart se réfèrent au cycle lunaire. Dans le Nord de l’Inde, on applique un calendrier fondé sur l’ère Samvat, qui débute le 23 février 57 av. JC. Le 27 mars 2009, les Hindous fêteront l’an 2066.

Notre mois de janvier, qui tire son nom de Janus Bifrons, fils d’Apollon , dieu qui avait le pouvoir de connaître à la fois le passé et l’avenir, continue de nous offrir une série de fêtes, héritées des saturnales romaines, qui célèbrent la victoire du jour sur la nuit, le « sol invictus ». C’est l’origine de la fête de l’Epiphanie des chrétiens qui reprend ce symbole de la lumière pour célébrer la manifestation de Dieu fait Homme à notre monde. La galette des Rois est bien la symbolisation par sa forme ronde et dorée du soleil rayonnant, victorieux de la nuit et des ténèbres ; et cela même dans le midi, notre gâteau des Rois, la «couronne des rois» est une couronne de brioche, qui a plus l’aspect, avec un peu d’imagination, du turban dont sont quelquefois affublés nos Rois Mages venus d’Orient.
C’est le même symbolisme qui sera repris pour les crêpes de la Chandeleur.
En tirant les Rois en cette fête de l’Epiphanie nous pensons aux Rois Mages. Or cela n’a rien à voir avec eux ! C’est une vieille coutume païenne, qui se réfère à l’évolution du temps, à la longueur des jours, et au soleil qui brille chaque jour un peu plus, et qui s’inscrit dans le contexte de toutes les fêtes qui jalonnent ces jours autour du solstice d’hiver, où il n’est question que de fêter le triomphe de la lumière sur la nuit et les ténèbres.
«Tirer la fève» avait pour unique objectif de désigner celui qui serait le roi de la fête. Le roi de la Fête des Fous qui était un vestige des saturnales organisées par les Romains à cette période. On y partageait déjà la galette et on tirait la fève en désignant ainsi le roi de la fête. Au Moyen Age ce fut la fête des Fous, devenus la fête des Innocents, sujette à toute sorte de débordements au point que pour des questions de salubrité publique il fallut l’interdire. A Nîmes la première disposition interdisant cette fête remonte à 1394.
Que cette chronique ne gâche pas notre plaisir d’une bonne réunion en famille et entre amis et fêtons les Rois sans scrupules. Il n’y a plus rien de païen dans nos festivités et puis, l’hommage au jour qui triomphe sur la nuit n’est-il pas aussi un hommage à la création et au Créateur!
Sous la Révolution, la fête des Rois, jugée «anticivique», fut rebaptisée «fête du bon voisinage» - lointaine ancêtre de nos fêtes de quartier qui ont retrouvé vie depuis quelques années. On y dégustait non plus la fameuse «galette royale» mais la «galette des Sans-culotte».
Sous François 1er une amusante anecdote fut à l’origine,- dit-on ! - de la belle barbe de ce Roi.
Le souverain se trouvait à Romorantin pour y fêter les Rois. On lui signala qu’un autre roi venait d’être élu dans un hôtel voisin. «Même un jour d’Epiphanie, dit en riant François 1er, il ne peut y avoir qu’un seul roi à Romorantin !». Suivi de ses amis, il alla demander raison au roi de la fève. Comme il neigeait, on se battit à coup de boules de neige. Soudain, pour faire reculer les attaquants, un mauvais plaisant lança un tison enflammé qui atteignit le roi au menton et le brûla. Pour cacher sa cicatrice, François 1er laissa pousser sa barbe et toute la Cour devint barbue !

Ce jour de l’Epiphanie marque souvent le début de l’hiver, ou du moins une forte reprise du froid. «Les hivers les plus froids, sont ceux qui prennent vers les Rois»
Mais une journée des Rois bien ensoleillée est peut-être un bon présage : «Beaux jours aux Rois, blé jusqu’au toit.» ou encore : «Belle journée aux Rois, l’orge croît sur les toits.»
Curieusement les dictons qui associent le beau temps du Jour des Rois à la prospérité, paraissent chacun doublé d’autres dictons qui font de la pluie de ce jour, le présage d’une récolte surabondante de blé, d’orge ou de chanvre :«Si le soir du Jour des Rois, beaucoup d’étoiles tu vois, tu auras sécheresse en été, et beaucoup d’œufs au poulailler». On trouve aussi : «Pluie aux Rois, blé jusqu’au toit.».
Le potager profitera lui aussi de cette pluie paradoxale : «Pour les Rois, goutte au toit, saison de pois.»
Bien sûr nous connaissons tous le dicton classique : «Noël au balcon, Pâques aux tisons».
Plus original, un autre diction nous dit que l’on peut prévoir le temps de l’année à partir du jour des Rois. «Les jours entre Noël et les Rois, indiquent le temps des douze mois». En voici une autre version qui prend Noël comme point de départ pour la même prédiction: «Regarde comme sont menées depuis Noël douze journées, car suivant ces douze jours, les douze mois auront leur cours»
La pleine lune du 11 janvier sera la plus brillante de la décennie. Il faudra attendre 2019 pour l’observer à peine plus brillante. Gare à son influence car elle sera proche de son périgée et proche d’un nœud lunaire. Un vieux dicton fait référence à saint Arcade le 12 et à Saint Hilaire le 13 et nous préviens : «Arcade et Hilaire, gèlent les rivières » ou encore : « Soleil pour saint Hilarion il faudra force tison !». L’hiver n’est pas fini. La période entre le 17 et le 26 jour de nouvelle lune et d’éclipse annulaire de soleil, non visible en France, s’annonce mauvaise : «entre san Antoni ( le 17) e san Bastian ( le 20) se fa maï de fre qu’en tout l’an» . Ce n’est pas une bonne prévision pour la journée de la Truffe à Uzès le 18 janvier. Nous verrons bien ! Ce jour est un «jour-pivot» : «A la saint Pierre l’hiver s’en va ou se resserre». Et il faut s’attendre à du mauvais temps autour de la nouvelle lune du 26.
La sagesse de ces dictons nous appelle à regarder les choses avec un autre œil et si nous nous amusons à noter le temps des douze jours indiqués, cela sera un bon sujet de divertissement. Histoire de penser à autre chose !
Bonne Année à chacun de vous ! Addissias !
Jean Mignot en la Saint Sylvestre 2008 – 31 décembre 2008

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Très bien ce site... Et très pratique pour l'école :D Mais il y a une erreur : l'origine du calendrier musulman n'est pas en 622 quand le prophète est parti vers la mecque, sinon ils ne seraient pas en l'an 1430 cette année (si vous faites le calcul). Mais bien de la naissance de Mahomet en 579. Merci pour tout sinon :)

histoiresdunord a dit…

je ne crois pas car vous oubliez la dérive du calendrier qui se fonde sur des mois lunaires

histoiresdunord a dit…

ceci dit, je vais verifier dès que possible