lundi 8 décembre 2008

A propos de Décembre 2008

Tirant son étymologie de son ancienne place de dixième mois de l’année romaine dans les calendriers précédant la réforme de Jules César, notre douzième et dernier mois de l’année est très marqué dans ses diverses fêtes par les réformes successives, «julienne» ou «grégorienne» que ce soit pour la sainte Barbe, la saint Nicolas, la sainte Luce ou encore Noël et le solstice, puis de toute la série de fêtes qui suivront. Voyons un peu cela en essayant de ne pas dire ce qui a déjà été dit, mais en rappelant le pourquoi de ce qui a été fait pour que nous ne réécrivions pas chaque jour l’histoire en inventant d’autres raisons à celle déjà trouvée pour justifier telle célébration ou tel jour férié ou le repos nécessaire pour celui qui travaille. Eternel débat !

La conduite des réformes n’est pas chose évidente, et quand elles sont mal engagées ou mal expliquées, elles entrainent d’énormes difficultés d’application, voire la confusion. Jules César l’a appris à ses dépends, quand en 46/45 av JC, juste avant son assassinat, la mauvaise interprétation de sa réforme du calendrier, saupoudrée de la mauvaise volonté des pontifes chargés de sa mise en place, - aujourd’hui nous dirions des administrations - avait entraîné de telles difficultés qu’on avait baptisé cette année là : «l’année de la confusion». On connait les dégâts que peut entraîner la force d’inertie ou la sauvegarde des avantages acquis !

Décembre nous en donne encore un autre exemple avec la fête de la saint Eloi, le premier jour du mois. On retient surtout de ce grand évêque, conseiller du Roi, la culotte à l’envers du bon Dagobert. Je rappellerai ici, non seulement que «Lorsque Saint Eloi a bien froid, quatre mois dure le grand froid» avec cette nuance «Si à la saint Eloi tu brûles ton bois, tu auras froid pendant trois mois» et que nous entrons dans les jours les plus courts de l’année : «A la saint Eloi, la nuit l’emporte sur le jour qui luit» mais qu’il est le patron de la très ancienne corporation qui porte son nom et regroupe orfèvres et bijoutiers. Or nous savons que ces confréries, les corporations, étaient des institutions qui regroupaient dans un esprit de fraternité, employés et maîtres, ouvriers et patrons, dans un souci de fournir du bon ouvrage et un travail bien fait, souci qui l’emportait sur la recherche du gain, et dont la recherche du bien commun primait sur l’intérêt privé. Dans chaque corporation on s’engageait à s’occuper des confrères malades, à apprendre un métier aux jeunes, plus particulièrement aux orphelins. Interdites par la Révolution, ces corporations, ancêtres de nos organisations actuelles et de nos syndicats, nous laissent le terme «corporatisme» qui est bien plus négatif dans la mesure où il désigne la tendance qu'ont les membres d'un corps professionnel ou administratif à privilégier leurs intérêts matériels au détriment de ceux du public qu'ils servent (consommateurs, administrés, justiciables, usagers, élèves, clients, patients, etc.). Bien sûr toute allusion à des faits ayant existé est «nulle et non avenue» !

Avec le 2 décembre et Austerlitz bien sûr mais aussi l’avènement de l’autre Napoléon, le «Petit» appelé encore «l’Homme de décembre», décembre nous amène à faire un autre rapprochement. «Que peut-il ? Tout. Qu'a-t-il fait ? Rien… il a pris la France et n'en sait rien faire. Dieu sait pourtant que le Président se démène : il fait rage, il touche à tout, il court après les projets ; ne pouvant créer, il décrète.. l’homme qui à sa prise du pouvoir a épousé une princesse étrangère est un carriériste avantageux. Il aime la gloriole, les paillettes, les grands mots, ce qui sonne, ce qui brille, toutes les verroteries du pouvoir. Il a pour lui l'argent, l'agio, la banque, la Bourse… . Il a des caprices, il faut qu'il les satisfasse. Quand on mesure l'homme et qu'on le trouve si petit et qu'ensuite on mesure le succès et qu'on le trouve énorme, il est impossible que l'esprit n'éprouve pas quelque surprise.» Mais non je ne parle pas de qui vous croyez… ! C’est Victor Hugo, chantre de l’opposition, qui parle de Napoléon III dans «Napoléon le Petit» Je vous l’ai bien dit : toute allusion à des faits ou à des personnages ayant existé serait «nulle et non avenue» !

Le 4 décembre, sainte Barbe nous fait entrer dans le cycle des fêtes «calendales» car c’est ce jour où il faut penser à mettre le «blé de Noël» à germer. :Lou blad de Calendo», ou encore « le blé de la crèche ». ( voir mes précédentes chroniques)
Les catholiques prient sainte Barbe pour se protéger de la foudre, mais elle est aussi la patronne des architectes, des géologues, des pompiers, des mineurs (et par extension actuellement, des ingénieurs des Mines), des artilleurs, des sapeurs, des canonniers, des ingénieurs de combat, des métallurgistes et autres corporations liées au feu, dont les pétroliers militaires.
En particulier, le patronage que lui vouaient les mineurs de fond s’est progressivement transmis aux ouvriers et ingénieurs des travaux souterrains (tunnels, cavernes, etc.) De nos jours, une sainte Barbe trône toujours à l’entrée des tunnels en construction pour protéger les ouvriers-mineurs des accidents de chantier.

C’est un saint parmi les plus populaires que nous fêterons le 6 décembre, Saint Nicolas le patron des enfants, des étudiants, des enseignants, des marins, des vitriers, des bouchers, des jeunes filles à marier, des voyageurs, de la Lorraine, de la Russie et de Fribourg. Lors de sa fête, on distribue des friandises et des cadeaux aux enfants. Nous connaissons tous sa légende, avec des versions parfois très différentes voire effrayantes. «Ils étaient trois petits enfants, qui s'en allaient glaner aux champs,» comme dit la chanson. Perdus, ils demandèrent l'hospitalité chez un boucher qui ne trouva rien de mieux que de les tuer, les découper et les mettre au saloir. Saint Nicolas vint à passer sept ans plus tard et demanda à son tour l'hospitalité. Il insista pour manger le petit salé préparé sept ans plus tôt. Le boucher s'enfuit et saint Nicolas ressuscita les trois enfants. Selon certaines traditions, le Père Fouettard qui accompagne saint Nicolas serait en fait le boucher de l'histoire. Pour lui faire regretter son méfait, ce dernier l'aurait condamné à l'accompagner lors de sa distribution de récompenses, en lui assignant la tâche de punir les enfants désobéissants.
La légende des trois enfants semble née d'une erreur d'interprétation d'un vitrail représentant un miracle du saint. Il s'agirait, selon les historiens, d'une scène représentant saint Nicolas sauvant trois chevaliers suppliant son aide au sommet d'une tour. Saint Nicolas est le personnage principal de la scène, et comme souvent au Moyen Âge, il n'est pas représenté à l'échelle, mais en beaucoup plus grand pour montrer son importance. C'est ce détail qui aurait ouvert la voie à une mauvaise interprétation ; et les trois chevaliers au sommet d'une tour sont devenus trois enfants dans un baquet. Selon d’autres sources, le Père Fouettard est une invention des Messins lors du siège de leur ville par les Impériaux, en pleine période de festivité de la Saint-Nicolas en 1552 après la mise en place du protectorat Français. De là leur serait venue l'idée de se moquer de l'assiégeant, Charles Quint, en le représentant sous les traits du boucher de la légende de saint Nicolas.

Saint Nicolas est l’ancêtre de notre «Père Noël» qui est une invention anglo-saxonne qui ne date que du 19e siècle. On trouve la première mention du «père Noël» en France, en 1855. Une de ses premières représentations date de 1868, dessinée par Thomas Nast pour Harper's Magazine. À l'origine le personnage est habillé soit en vert soit en rouge au gré de la fantaisie des illustrateurs ; l’habit rouge et blanc viendrait d’une publicité de Coca-Cola…. !
S'il est inspiré du saint Nicolas chrétien, notamment par ses habits, on peut aussi l'assimiler le père Noël à Julenisse, un lutin scandinave qui avait la même fonction à la fête de la mi-hiver, jul, en norvégien, (ou «Jol» ou «Midtvintersblot» correspond au solstice d'hiver) et aidait aux travaux de la ferme.
En France, Françoise Dolto, dont le frère Jacques Marette, était ministre des postes et télécom dans les années 1960, fut la première secrétaire du père Noël, en rédigeant la première réponse du père Noël par l'entremise des PTT. En 1962, le Ministre des PTT, Jacques Marette crée, au centre de tri de Libourne (le seul autorisé à ouvrir le courrier), un service spécialement chargé de répondre au courrier du Père Noël. Une affaire de famille ! Ainsi, depuis cette date, la Poste française répond aux lettres adressées au Père Noël. En 2007, le Père Noël a reçu plus de 1 600 000 courriers, dont 1 430 000 lettres et 181 200 e-mails (via le portail Internet du groupe La Poste et le site du Père Noël de La Poste).

Sainte Luce ou Lucie, le 13 décembre avec son fameux dicton «pour sainte Luce les jours avancent du saut d’une puce» nous rappelle que le calendrier "julien" entraînait un tel décalage avec les saisons qu’il fallut une nouvelle réforme du calendrier. A la mise en place du calendrier «grégorien» en octobre 1582, on supprima dix jours du calendrier, et saint Luce, fête de la lumière, judicieusement placée le lendemain du solstice d’hiver, au moment où les jours recommencent à s’allonger, fit un bon en arrière. De même Noël, qui célèbre la nativité de Jésus, placée au lendemain du solstice fixé par le calendrier «julien» au 24 décembre, se trouve placé le 25 du mois. S’il fallait revoir les choses, la logique qui, en 354, a présidé à la fixation de la date de Noël, placerait aujourd’hui cette fête au 22 décembre. Quoiqu’il en soit, comme nous le rappelait en 2004 l’évêque d’Arras : «Les évangélistes dont un sur quatre seulement propose un récit de la naissance de Jésus étaient bien incapables d’en situer la date exacte. Excellente pédagogue, l’Église, en Occident, a fixé en 353 la célébration de Noël au moment de la fête païenne du solstice d’hiver. Le signe est magnifique. Les rayons du soleil sont au plus bas de leur déclin. Progressivement le jour va s’imposer à la nuit. La lumière va triompher. Le Christ naissant est alors loué et accueilli comme la lumière qui brille dans les ténèbres, comme le jour qui se lève sur l’humanité engourdie et endormie. Il est le jour nouveau qui pointe à minuit.» Cette métaphore du Christ identifié à une lumière nouvelle qui va éclairer le monde est déjà présente dans l'évangile de Jean (8:12). Elle est reprise fréquemment dans les homélies du temps de Noël, par exemple celle du pape Benoît XVI à l'occasion de Noël 2007 : «Dans l’étable de Bethléem, le ciel et la terre se rejoignent. Le ciel est venu sur la terre. C’est pourquoi, de là émane une lumière pour tous les temps; c’est pourquoi, là s’allume la joie

Bien avant l'apparition du christianisme, l'époque du solstice d'hiver était déjà une période charnière de l'année, qui regroupait de nombreuses croyances païennes relatives à la fertilité, à la maternité et la procréation et à l'astronomie. Elles donnaient lieu à de nombreuses manifestations qui ont de nombreux points de similitude avec la fête chrétienne.
Les peuples préhistoriques adoraient la lumière. Ils avaient construit des temples qui aidaient à comprendre l'arrivée des saisons. Dans le temple mégalithique de Newgrange en Irlande, la lumière du soleil ne rentre que le jour du solstice d'hiver.
En Egypte, Isis est souvent représentée accroupie tenant l’enfant Horus dans son giron.
A Rome, à partir du règne d'Aurélien (270-275), les Romains fêtent officiellement le Sol Invictus (Soleil invaincu) au moment du solstice d'hiver qui marquait le début de la nouvelle année, annoncée par le rallongement des jours. Ce culte reprenant des aspects de la mythologie d'Apollon et du culte de Mithra venu de Perse, s'est répandu aux IVe et IIIe siècles av. J.-C. et se concluait par le sacrifice d'un taureau. Le Sol Invictus correspondait à la naissance du jeune dieu solaire, qui était censé surgir d'un rocher ou d'une grotte sous la forme d'un enfant nouveau-né. Pendant les Saturnales, d'abord du 17 au 21 décembre, puis plus tard du 17 au 24 décembre, les hommes et les femmes portaient des guirlandes autour du cou et s'offraient toutes sortes de cadeaux. Les gens sacrifiaient aussi symboliquement un mannequin représentant un jeune homme, pensant ainsi transmettre la vitalité du personnage à la nouvelle année.

Les Celtes faisaient de grands feux aux solstices pour lutter contre les ténèbres. Ils avaient très peur de ces périodes sombres durant lesquelles le jour durait moins longtemps, mais ils savaient que le soleil allait réchauffer le sol et les plantes. Certains peuples évoquaient aussi des personnages fabuleux apportant des cadeaux lors de la fête : le dieu Gargan chez les Celtes ( qui inspira le célèbre Gargantua de Rabelais) ; Odin, le dieu scandinave chez les Wikings, habillé d’une grande cape, qui visitait les maisons afin de demander si tout allait bien et offrait des friandises aux enfants sages,
La fête des sigillaires, «ancêtre» de la Saint Sylvestre, concluait les festivités à la fin du mois de décembre. Pendant ce temps de bascule vers l'an neuf, les gens s'offraient des menus-cadeaux de terre cuite, les esclaves devenaient les maîtres et inversement. Cela nous a donné la fête des Fous du Moyen Age puis la fête des Innocents.

Le premier quartier de lune le 5 décembre nous vaut un changement dans le temps et des jours de brouillard et de verglas. La pleine lune le 12 se produira quand la lune sera à son périgée, soit la conjoncture de deux signes d’influence. Notre astre ne sera qu’à 356566 km de la terre, soit la distance la plus courte pour les années 2000 à 2012. Par contre après le solstice du 21 décembre, l’apogée le 26 sera la distance la plus grande pour l’année 2008 soit 406601 km. La nouvelle lune du 27 nous amènera un nouveau changement de temps comme cela s’est produit cette année à chaque nouvelle lune et encore à la fin du mois de novembre comme je vous l’avais annoncé.
Le 29 décembre sera le 1er jour de l’an musulman, le 1er Mouharran.

Avec Noël nous retrouvons ce qu’on appelle les «jours mâles» ou les «jours de sort». Quantité de proverbes et de dictons nous invitent à noter le temps qu’il fait ces jours là et nous disent que ce sera une indication pour connaître le temps qu’il va faire au cours des mois de l’année qui va commencer.
«Les jours entre Noël et les Rois indiquent le temps des douze mois» ou encore «Regarde comme sont menées depuis Noël douze journées, car suivant ces douze jours, les douze mois auront leur cours».

Bonnes Fêtes ! Bon Noël ! Addissias !
Jean Mignot le 4 décembre 2008

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