Un fort pour garder Dunkerque...
Le Fort Louis ?
Vauban choisit l’endroit parce que les Espagnols y avaient déjà édifié une redoute, un poste avancé qui ne pourrait résister longtemps. Ils s’appliquèrent à la renforcer. Le fort est un bel ouvrage : 500 mètres de long aux angles et quatre bastions : ceux de Dunkerque et du Bernardsleet au Nord, Coudekerque et Bergues au Sud. Entre les bastions, les courtines étaient protégées par des demi-lunes. Le fort, contrairement à aujourd’hui, n’était pas vide. Au centre s’élevaient les casernes et les pavillons des officiers, les logements du major et du commandant, la chapelle et le logement de l’aumônier, les magasins et les poudrières, trois citernes, un puits d’eau salée (le sable de la plaine en est gorgé). Quant à la porte, elle était surmontée d’un corps de garde. Le tout se complétait d’un bac pour traverser le canal de Bergues et de portes d’eau pour contrôler le niveau des fossés comme inonder les alentours. Modèle réduit de citadelle, on y vivait, on y mourrait et parfois on s’y faisait enterrer dans la chapelle.
En 1712, les Anglais l’occupent. Ils se préparent à la paix d’Utrecht qui sera fatale aux fortifications de Vauban et provoquera un temps la ruine du port. En raison du traité, ils font raser le fort en 1714, épargnant toutefois la chapelle. En 1742, le fort est reconstruit selon le modèle hollandais : on élève seulement des murs de terre, sans les couvrir de briques. Les militaires s’y réinstallèrent trois ans plus tard et renforcé après le traité de Versailles de 1783. A chaque guerre, il résiste vaillamment. En 1792, devant la menace anglaise, on reconstruit le parapet. Il reste donc le dernier verrou avant la ville de Dunkerque pour qui attaque par le sud.
En 1815, il sert de maison d’arrêt. Pendant la guerre de 1870, on l’utilise comme dépôt d’armes. On est bien loin de tenir garnison. La IIIe république lui rend une certaine importance avec l’installation d’un bureau de Télégraphie Sans fil, qui déménage en 1913 près des Sept-planètes. Le fort est pourtant déclassé en 1889. Il n’est plus, normalement, en état de combattre. On le remet deux ans plus tard à l’artillerie mais ce sont les Marins télégraphistes qui sont au fort quand survient la Grande Guerre. Les Allemands s’acharnant sur la ville, les bombes pleuvent sur le fort qui continue d’émettre et accueille en même temps des Sapeurs-Pompiers. En 1925, le Fort Louis est remis à la Marine qui le garde jusqu’en 1960 quand il est remis au domaine.
Entre les deux guerres, il sert aux transmissions radioélectriques de la marine, affecté au réseau de commandement du secteur de Dunkerque, sous les ordres du préfet maritime de Cherbourg. Essentiel aux communications, les pylônes de bois, cachés dans les arbres, sont remplacés en 1935 par des modèles métalliques. Ils ne résistèrent pas au pilonnage des Stukas qui les pulvérise ainsi que le fort… Le fort n’est plus, les enfants y jouent, les grands y cherchent des champignons et les vaches y paissent. Ce n’est qu’en 1960 que la municipalité de Coudekerque-Branche, dirigée par M. Mollet, décide l’acquisition de tout l’ancien terrain militaire pour en faire un parc public de 32 hectares qu’il achète en 1962. les travaux avancent vite et l’Etat prête même trois statues de pierre blanche dont « Les magiciennes » de Lagriffoul, grand prix de Rome qui dessina la pièce de 20 centimes de franc (malheureusement, elles ont été très dégradées récemment…) et les douves, grâce aux sociétés de pêche, retrouvent des poissons pour le bonheur des patients pêcheurs à la ligne.
Finalement, d’armure, le fort Louis est devenu un poumon vert dans l’agglomération dunkerquoise.
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