Un colonel de gendarmerie coauteur d'une double « encyclopédie du Poilu »
En pleine commémoration de l'armistice de 1918, le colonel Stéphane Dekerle,
commandant de groupement à la région de gendarmerie à Villeneuve-d'Ascq, présente un superbe ouvrage de 640 pages et 1 700 photos : «L'Armée française dans la Première Guerre mondiale». L'histoire des Poilus à travers leurs uniformes et équipements.
commandant de groupement à la région de gendarmerie à Villeneuve-d'Ascq, présente un superbe ouvrage de 640 pages et 1 700 photos : «L'Armée française dans la Première Guerre mondiale». L'histoire des Poilus à travers leurs uniformes et équipements.
L'histoire débute à Vienne en Autriche, il y a environ quatre ans. Stéphane Dekerle, colonel de gendarmerie originaire de l'Avesnois, pousse la porte d'une librairie et tombe en admiration devant un ouvrage sur l'armée austro-hongroise. «C'était un bouquin superbe», raconte ce passionné de la Première Guerre mondiale. «Mon grand-père a fait 14-18. Notre région a été particulièrement concernée par la Première Guerre : en 1918, Lille était une ville de fantômes au milieu de ruines. Ma grand-mère disait que comparé à cela, "les Allemands de 1940, ils étaient gentils !" Et aujourd'hui, en bêchant un jardin ou en fouillant un grenier, on trouve toujours un vieux casque de 14-18.» Quelques mois plus tard, le colonel retourne à Vienne puis prend contact avec l'éditeur autrichien. Ce dernier constate qu'il n'existe pas d'ouvrage de référence équivalent sur l'armée française : «C'était pourtant La grande armée européenne après l'armée allemande», observe Stéphane Dekerle. Et tout s'enchaîne. Le gendarme se rapproche du musée des Invalides. Et l'éditeur, séduit, lui confie la rédaction du livre à venir avec Laurent Mirouze, un ami collectionneur du Sud-Ouest. «J'y ai passé mes soirs et mes week-ends.» Débute alors une passionnante aventure, où les deux spécialistes réalisent un inventaire complet des tenues, uniformes, armes, et équipements : «On a eu accès à des objets personnels de Foch, Pétain (dont le képi porté lorsqu'il était au 33e RI d'Arras) , Joffre, Maginot... C'était assez impressionnant.» L'Historial de Péronne, le musée de Notre-Dame de Lorette et d'autres (ainsi qu'une trentaine de collectionneurs privés) leur ouvrent leurs portes. Les pièces sont photographiées par un professionnel spécialisé et commentées, donnant naissance à un premier ouvrage de 520 pages et mille photos : «Une photographie de l'armée française au 2 août 1914.»
«Archéologie humaine»
Le second est sorti le 5 novembre, retraçant cette fois l'évolution des matériels et des techniques durant le conflit (650 pages, 1 700 photos). C'est le passage à une armée moderne, délaissant les pantalons rouges de la fin du XIXe siècle, au profit de couleurs plus discrètes avec le fameux «bleu horizon». C'est aussi le développement de l'aéronautique ou l'arrivée des chars de combat.
Un grand nombre de ces objets ramènent à l'histoire de la région, «où il y a énormément de collectionneurs sur 14-18». Les Poilus étant tous morts, ces pièces sont les derniers témoins du conflit. Stéphane Dekerle y voit d'abord des hommes : «Trouver un casque, c'est découvrir le nom du gars à qui il appartient, cerner son histoire et sa destinée. On est dans l'archéologie humaine.» •
ARNAUD DUFRESNE
«L'Armée française dans la Première Guerre mondiale» (T 2), 640 p, éd. Verlag Militaria, 99 E dans les librairies spécialisées et sur dekerle@club-internet.fr
in LA VOIX DU NORD, édition régionale du 11 novembre 2008
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