vendredi 8 août 2008

Cercueils sous la mer…

Dès la fin décembre 1914, les Allemands s’emploient à miner l’approche du port à l’aide de sous-marins spécialisés comme à donner la chasse aux navires alliés. Le premier navire ainsi envoyé par le fond au large de Gravelines est le porte-hydravions anglais Hermès le 25 octobre 1914. En réponse, les Alliés équipent des chalutiers de canons, naviguant de conserve à six, suivis par des dragueurs de mines. Leur tâche est ardue car il faut aussi récupérer les mines alliées qui ont rompu leurs amarres. Durant toute la guerre, c’est près de 3.000 mines de toutes origines qui a fallu détruire, en plus de celles qui se sont échouées sur les plages. Grâce à ces marins, le port a pu assurer malgré tout 24.500 entrées et sorties de navires pendant tout le conflit.

La guerre sous-marine est terrible et certains combats sont dignes des annales militaires. Le 4 mars 1915, la Dover Patrol, composée de navires anglais et français, coule le U-8 entre les bancs du Sandettié et du Ruytingen. Touché et immobilisé, l’équipage de 29 hommes se rend alors que le submersible sombre. On refuse de les traiter d’abord tels des prisonniers de guerre tant la colère contre leurs actes est grande. Devant l’efficacité des patrouilleurs, les Allemands décident vite de faire accompagner les sorties de leurs sous-marins par des hydravions et redoublent d’ardeur pour poser sans cesse plus de mines.


Quand la guigne s’en mêle !

L’U-C-5, sous les ordres de Mohrbutter, quitte Zeebrugge le lundi de Pâques (24 avril) 1916. L’arrivée de deux destroyers le force à retourner au port. Il attend le lendemain pour tomber sur un cadeau anglais : un barrage de filets armés de grenades. Second retour au port ! Ce n’est que le mercredi qu’il gagne « enfin » la mer mais endommagé par les filets, il s’échoue sur le fond. Aucune raison que ça s’améliore ! Obligé de lâcher ses plombs de sécurité pour remonter, il s’échoue à nouveau à la mer baissante. Avant qu’elle ne remonte, un destroyer arrive. Le commandant ordonne de saborder le navire et fait évacuer ses hommes que les Alliés récupèrent mais les charges ne fonctionnent pas ! Le submersible tombe entre les mains des Alliés qui le placent en cale sèche en Angleterre.

Le 9 mai 1916, l’U-C-26, de retour d’une campagne de minage devant Le Havre et Cherbourg, navigue en surface entre les bancs Sandettié et Ruytingen où il fait subitement face à trois destroyers anglais. Plongeant en catastrophe, le destroyer Milne éperonne le kiosque encore émergé. Eventré, le sous-marin coule à pic et heurte le fond à 50 mètres de profondeur. Après moult manœuvres désespérées, des marins s’en extraient mais les premiers, remontant trop vite, sont victimes de la décompression. D’autres, plus chanceux, finissent la guerre dans un camp.

L’U-C-63, quant à lui, rentre à Zeebrugge dans la nuit du 1er novembre 1917. Tout d’un coup, il se retrouve face au sous-marin anglais E-52 qui manœuvre pour pointer son tube lance-torpilles sur lui. Les Anglais sont les plus rapides : le navire allemand coule immédiatement.

Destins tragiques
L’U-48 est un sous-marin impressionnant par sa taille et son armement qui n’a besoin que de 90 secondes pour opérer une immersion périscopique. Il peut plonger à 90 mètres. Le 23 novembre 1917, il est attaqué au large de Dunkerque par un hydravion. Secoué par les grenades, il se pose au fond pour attendre la nuit mais en repartant, il s’échoue à pleine vitesse sur un banc. Au petit matin, les patrouilleurs le trouvent et ouvrent le feu sans qu’il puisse répliquer, ayant jeté ses obus pour s’alléger en tentant de repartir. Le commandant décide alors de saborder le navire.

Reste à évoquer le destin tragique de l’U-B-55. Le 21 avril 1918, le sous-marin allemand sort de Zeebrugge et discrètement gagne la Manche en plongée. D’un coup, les hommes ont l’impression d’être pris dans un filet. Des explosions retentissent. Le navire commence à couler par l’arrière et s’échoue par 25 mètres de fond envahi par l’eau et les vapeurs des batteries. Se voyant perdus, nombre de marins se suicident alors que d’autres tentent malgré tout de sortir mais la décompression ne leur offre qu’une mort atroce. Seuls six hommes sont recueillis par le patrouilleur Malte.

Et encore, ne sont-ce là qu’une faible partie de toutes les pertes, allemandes ou alliées devant Dunkerque dont la rade est un vaste cimetière, deux guerres et fortunes de mer obligent… (Au fait, comme tout le monde ne peut pas plonger sur les épaves à Dunkerque : autant visiter le site http://dkepaves.free.fr/.)

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