mardi 29 juillet 2008

Dover Patrol

Au sommet du Cap Blanc-Nez se dresse le monument de la Dover Patrol, tendu vers le ciel, à la rencontre de la mer et de la terre. Si la première piere fut posée par le mérachal Foch en 1920, il ne fut inauguré qu'en 1922 puis en 1962. La dédicace rappelle le sacrifice des marins alliés durant la Première guerre mondiale:


En mémoire perpétuelle de nos camarades français de la patrouille de Douvres
1914-1919
Ils sont morts afin que nous vivions.
Puissions nous être dignes de leur sacrifice
En témoignage de la glorieuse coopération
et de la franche camaraderie
des marines française et britannique pendant la Grande Guerre
Cette pierre fut poséepar la maréchal Foch OM GCB
Le 26 janvier 1920 et le monument fut inaugurépar monsieur Flaminius Raiberti
ministre de la Marine, le 20 juillet 1922

Un obélisque identique se dresse de l'autre côté du détroit sur les côtes anglaises à St Margaret-at-Cliffe. Les deux monuments commémorent l'action et les sacrifices des marins français et anglais qui surveillaient et défendaient le détroit, hautement stratégique, durant la grande guerre...

Le monument d'origine a été détruit par l'armée allemande au cours de la deuxième guerre mondiale et a été reconstruit et inauguré en 1962.
De juin à septembre 2007, le monument a bénéficié d'une restauration financée par le département du Pas-de-Calais dans le cadre de l'opération Grand Site (réaménagement du site des caps).

Le journal La France du Nord rapporte la pose de la première pierre dans son édition du mercredi 28 janvier 1920 :

Le maréchal Foch pose la première pierre du monument aux marins français et anglais morts pour la défense du détroit
Rien ne manqua à l’éclat de cette grandiose manifestation et l’accueil fait au généralissime des armées alliées fut d’un exceptionnel enthousiasme. Arrivé en gare à 6 heures 15 du matin, le maréchal Foch se rendit tout d’abord aux appartements retenus pour lui au terminus Hôtel, à 9 heures 40 le steamer Biarritz amenant les membres de la délégation anglaise faisait son entrée dans le port ; à 10 heures, le général Ditte, gouverneur de Calais, présente au maréchal Foch M. Duquenoy-Martel qui lui souhaite la bienvenue.
Le maréchal répond qu’il est très heureux de se retrouver à Calais qu’il a vu sous les bombardements et dont il a admiré l’héroïsme de la population. Après avoir passé en revue la compagnie d’honneur, le maréchal se rend dans la grand salon du terminus Hôtel où ont lieu les présentations. Après avoir reçu les compliments des députés et de M. Pagniez, président de la chambre de Commerce, le maréchal Foch répond : «Vous avez bien travaillé durant la guerre, continuez dans la paix. Tout ce que nous voulons nous l’aurons, mais à condition de travailler. Faire la guerre n’est rien en comparaison de faire la paix. Patrons et ouvriers doivent travailler. Il faut, suivant une expression locale, que tout le monde se trousse. Il faut que la France soit grande et prospère».

La cérémonie du Blanc-Nez
Midi. Le cortège arrive à l’endroit ou doit être élevé le monument. Le maréchal en pose la première pierre.

Les ovations à Calais
A 1 heure 30, un lunch offert au maréchal Foch par le comité anglais du monument avait lieu au Terminus Hôtel. Ce lunch avait réuni 150 convives. A la table d’honneur avait pris place, à la gauche du maréchal, M. Farley, le général La Capelle, le général Ditte, à sa droite Mme la générale Ditte et Lord Northbourne. Au champagne, M. Farley se lève et porte trois toasts : au président de la République, à sa majesté Georges V et au maréchal Foch. Répondant à MM. Farley et Lord Northbourne dont les discours furent chaleureusement applaudis, le maréchal Foch prononce un magnifique et réconfortant discours patriotique. Il dit sa joie de se trouver au milieu d’invités des deux grandes nations sœurs et rend un éclatant hommage à la marine anglaise, aux patrouilleurs chargés de la défense du détroit qui ont permis le ravitaillement de la France et de ses soldats. A ceux qui sont tombés pour la défense du détroit, j’apporte un hommage ému avec l’assurance que tous honoreront leur mémoire. Il termine en souhaitant l’union indissoluble des deux grandes nations : la France et l’Angleterre.Le maréchal est alors l’objet d’une formidable ovation. Le lunch terminé, les invités se lèvent et pendant que les autorités anglaises prennent congés pour regagner le Biarritz qui doit rejoindre Douvres, le cortège officiel se forme pour traverser la ville. A partir de ce moment, le maréchal devient l’hôte de l’administration municipale. Un long cortège formé de plusieurs landaus et de nombreuses automobiles traverse la ville. Le maréchal Foch, le comité anglais et les autorités françaises. Au champagne, M. Duquenoy-Marte, maire, prononça un discours ou il se fit l’interprète de la population calaisienne à l’égard du maréchal et de Mme Foch. Le maréchal répondit et leva son verre à la santé de sa majesté Georges V de la famille royale d’Abngleterre, de messieurs les membres du comité et à celle de leurs charmantes dames. A 20 heures 30, le maréchal assista à une soirée de gala, offerte en son honneur au théâtre municipal. Elle était organisée par l’œuvre de la fondation de la victoire, sous la présidence de Mme la maréchale Foch, Melle Roch et M. Alexandre de la Comédie française se firent chaudement applaudir dans Hernani, le drame de Victor Hugo.

Le journal La France du Nord rapporte l'inauguration du monument dans son édition du samedi 22 juillet 1922 :

M. Raiberti, ministre de la marine dans le Pas-de-Calais
L’inauguration du monument aux patrouilleurs de la Manche
Ainsi que nous l’avons annoncé c’est hier qu’à eu lieu au Cap Blanc-Nez, sous la présidence de M. Raiberti, ministre de la Marine, l’inauguration du monument élevé à la mémoire des marins de la défense du détroit, morts pour la France.Prenaient part à la cérémonie des marins français, 70 marins anglais, deux compagnies d’infanterie, des gendarmes à cheval.Parmi les personnes présentes : MM. Farjon, sénateur, Abrami et Boulanger, députés, Deroide, conseiller général, l’amiral Barthe, préfet maritime de Cherbourg, le vice amiral Keyne, représentant la marine britannique et organisateur de la défense sous-marine de Douvres où il rendit des services exceptionnels.A 4 heures et demie, le président du comité de Douvres prononça un discours, puis, M. Edwin Forley, remit le monument à la France.M. Raiberti prit ensuite la parole et prononça un éloquent discours dont voici les principaux passage :
«Pendant quatre ans de combats, d’incessantes alertes et de patrouilles continues, le Dover Patrol fit la police du détroit. Se chalutiers et ses dragueurs relevèrent plus de 2000 mines allemandes. A leur tour ils installèrent devant la côte de Belgique et du Pas-de-Calais de redoutables barrages de filets de mines. Quatre fois, en octobre 1916, en avril et mai 1917, en mars 1918, les torpilleurs allemands s’élancèrent de leur base pour détruire les chalutiers alliés et bombarder les villes anglaises et françaises de la côte. Chaque fois les torpilleurs anglais et français de la Dover Patrol, luttant côte à côte, les assaillirent et les mirent en fuite. Enfin, dans la nuit du 22 au 23 avril 1918, sous la vigoureuse conduite de l’amiral Keyes, la Dover Patrol, à laquelle s’étaient jointes quelques unités de la grande flotte, tentait et réalisait la prodigieuse opération de l’embouteillement de Zeebrugge. Elle enfermait prisonniers 23 torpilleurs allemands et 12 sous-marins qui ne devaient plus en sortir. Elle assurait ainsi jusqu’à la fin de la guerre la presque complète sécurité du détroit. Le 10 mai 1918, avec une audace qui n’avait d’égale que la ténacité britannique, la Dover Patrol réalisait dans des conditions plus difficiles encore la même prodigieuse opération sur Ostende et si elle ne la réussissait pas complètement, elle barrait au trois quart la sortie de ce port. Un double monument a été élevé à Douvres et à Calais, pour célébrer la mémoire des marins anglais et français, et attester à tout jamais, à la face des hommes, de la mer et du ciel, leur héroïsme. Au nom de la marine française, je remercie le comité de Douvres de la pieuse pensée qu’il a eu en les élevant. Inclinons nous avec respect devant la grande leçon des hauts faits qu’ils rappellent et jurons, par les mânes héroïques des marins de la Dover Patrol que berce la tombe mouvante des eaux de la mer, et par la gloire de ses survivants, jurons qu’aussi longtemps qu’entre la Grande-Bretagne et la France durera le pont mouvant des flots qui les réunissent, aussi longtemps qu’en face l’une de l’autre s’élèveront les falaises de Douvres et de Calais, comme la double face d’un même bloc de pierre qu’auraient séparé les révolutions du globe et qu’à ressoudé aujourd’hui la fraternelle volonté des deux nations ; aussi longtemps que durera dans la mémoire des hommes les exploits de la Dover Patrol, durera l’amitié franco anglaise parce qu’elle ne résulte pas seulement de l’identité des intérêts, mais parce qu’elle est faite d’un même idéal de liberté et de justice et qu’elle est scellée par la sang des martyrs dans la profondeur des tombes et dans la profondeur des flots». Le ministre découvrit alors le monument, tandis que els bugles anglais sonnaient le «last post» et que retentissait la Marseillaise. A cinq heures et demie a eu lieu une réception au théâtre de Calais, à laquelle assistaient un grand nombre de notabilités qui, ainsi que les délégués de sociétés, furent présentés à M. Raiberti et reçus avec la plus entière affabilité. Après quoi, un important discours fut prononcé par M. Croin, adjoint au maire de Calais actuellement malade. Le ministre lui répondit par une patriotique allocution et le cortège quittant le théâtre municipal prit le chemin du port où des détails furent donnés au représentant du gouvernement sur les travaux exécutés et ceux en vue.

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