regarder les racines

En plein milieu de la saison carnavalesque, il serait peut-être bon de revenir aux fondamentaux... et de faire marcher la machine à souvenir. Ainsi, le carnaval, que l'on aime ou pas, c'était quand même la période de réjouissances nécessaire avant de partir en campagne de pêche à la morue sur ces goelettes qui rejoignaient le cercle arctique, emmenant avec elles leur lot d'enfants que l'école ne gardait pas, réalités économiques obligent. Bien que la photo montre ici une goelette de Fécamp, autre grand port morutier, elle subit son calfatage dans une des formes de radoub de Dunkerque. La mer, elle, connait bien peu de frontières.
Mêtier rude et difficile, ne l'oublions pas, mêtier de misère tellement aléatoire qu'il fallait compter sur les avances des armateurs en n'étant même pas certain de faire bonne pêche au point de subir parfois la famine comme au début du XXe siècle dans les ports de Gravelines... A être dans le froid, dans l'eau, les mains crevassées par le gel et sans cesse attaquées par le sel, aux coupures nombreuses à travailler la morue directement sur le pont après avoir été la pecher sur ces frêles esquifs que sont les doris, pour lancer les lignes en espérant que les morues y mordent...
Aujourd'hui, le métier est toujours aussi dangereux et de moins en moins rentable... Alors en mettant votre clect'che, pensez aux marins qui ne sont pas revenus comme à ceux qui aujourd'hui, triment péniblement pour joindre les deux bouts, abandonnés par l'état et déconsidérés par l'Europe ...