jeudi 16 août 2007

avec saints Lugle et Luglien


Vers 660, le roi Dodanus et la princesse Rélanis gouvernaient l'Irlande. Ils étaient chrétiens, justes et pleins de sollicitude pour leur peuple. Trois enfants naquirent dans le foyer rural : deux garçons prénommés Lugle et Luglien et une fille Lilia, a qui l'on dispensa une éducation chrétienne et savante.

Le fils aîné, Lugle, refusa le trône vacant pour se entrer au monastère. Luglien refusa longtemps le trône par humilité. Le peuple l'implora tant et si bien qu'il accepta. Lilia, quant à elle, se retira dans un couvent.
Après quatre ans de règne, Luglien éprouva le besoin de suivre l'exemple de son frère et de sa soeur. Il devint Ermite et partit pour la Terre Sainte.

Lugle, conduit à la grotte de Luglien par un Ange, décide de l'accompagner en son pélerinage. Luglien, reconnu par ses sujets, réoccupe ensuite son trône, s'efforçant de faire fleurir parmi son peuple la justice et la piété. Le royaume d'Hibernie prospera sous sa conduite. Désireux de se retirer du monde, les deux frères vendent leurs biens et les distribuent aux pauvres. Ils envisagent un voyage à Rome et, avec quelques serviteurs, quittent l'Irlande, embarquant secrètement dans un navire en partance pour les côtes de Flandre. Le vaisseau qui les emporte vers la France rencontre une effroyable tempête et vient à menacer de couler. Un matelot les reconnaît Lugle et Luglien leur demande d'intercéder. Leurs prières permettent au bateau de toucher terre près de Boulogne.

Les deux frères s'échappent avec leurs serviteurs et gagnent la ville. Un aveugle nommé Eventin, réussit à s'approcher des deux frères et les supplie de demander à Dieu de lui rendre la vue. Il se lave les yeux avec l'eau dans laquelle Lugle a plongé les mains avant le Saint Sacrifice et recouvre la vue. Soucieux de discrétion, ils décident de poursuivre leur voyage. A la tombée de la nuit, ils atteignent les portes de Thérouanne. C'est alors une ville très ancienne et célèbre, chef-lieu du diocèse, fondée par Saint-Omer qui avait été le premier évêque vers 637.
Ils arrivent alors au village de Ferfay, où ils ne s'arrêtent pas. La région est alors aux mains de bandits cruels, surtout trois frères à la redoutable réputation. L'un d'eux, nommé Béranger, chef de troupe, habitait Pressy près de Pernes. Il guette ses proies dans la vallée profonde de Scyrendal. Quand les frères sont faits prisonniers, leurs serviteurs s'enfuient, mais l'un d'eux nommé Erckembode, honteux, revient et reçoit un coup d'épée qui le laisse pour mort. Se traînant dans les fourrés, il assiste au martyre de ses maîtres qui ont la tête tranchée.

Béranger, aussitôt, est pris de convulsions, se roule à terre, écume de rage, déchiré par les bêtes... Ses compagnons se sauvent .

Au cours de la nuit, Erkembe voit une lumière brillante qui se prolonge sans interruption du ciel jusqu'au sol, dessinant une longue échelle de feu par où des anges descendent et remontent après s'être prosternés devant eux. Au matin, épuisé, il décide de prévenir l'évêque de Thérouanne qui se trouve dans son château d'Almer non loin de là. Il couvre les corps de feuilles et de terre et se met en route. Mais à peine est-il en chemin qu'une pluie abondante se met à tomber qui remplit le petit ruisseau au fond de la vallée et entraîne les deux corps accompagnés de leurs têtes et les porte jusqu'au village d'Hurionville près de Lillers.

L'évêque Baïn au château d'Almer, prevenu par ses ouailles et par Erkembode fait transporter les coprs dans son château d'Almer; suscitant un pèlerinage jusqu'en 950 environ.
Un moine d'Amiens, ayant recouvré la vue au pied du tombeau de Lugle et Luglien, dérobe une grande partie des reliques des deux saints qu'il emmène à Montdidier où une chapelle dédiée aux saints martyrs qui sont érigés protecteurs de cette ville.

Le reste des reliques de Saint Lugle et Saint Luglien est donc transporté au château de Lillers qui est plus fortifié que celui d'Almer. Le peuple des environs d'Almer les accompagne à Lillers ou il se fixe. Parmi les croyants qui les honorent, Isabelle du Portugal, femme de Philippe le Bon, Duc de Bourgogne et Comte d'Artois fait fabriquer une superbe châsse d'argent où sont placés les ossements le 20 mai 1471.

Chaque année l'église de Lillers célèbre la mémoire de cette translation, suivant un antique et saint usage qui disparait à la Révolution. Une procession emmène les restes des Saints à la Chapelle d'Hurionville qui, bâtie quelques temps après la mort de ces saints personnages, fut reconstruite en 1625 par Messire de Lières, seigneur de Ferfay.
En 1633, l'évêque de Saint-Omer fait ouvrir la châsse et en ôta deux ossements, l'un pour la chapelle d'Hurionville, l'autre pour le château de Ferfay. En 1636, lors de la guerre entre la France et l'Espagne, Lillers est assaillie maintes fois, la châsse est transportée à Aire sur la Lys pour ne revenir qu'en 1660.

Les reliques de Lillers sont perdues pendant la Révolution. Le 11 avril 1844, la châsse de Montdidier, toujours honorée par la population de cette ville, fut ouverte. Il en fut extrait un morceau de crâne de chacun des deux saints, qui fut remis, l'un à la paroisse de Lillers, l'autre à la paroisse de Ferfay.

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