vendredi 3 août 2007

Carré d’As à Saint-Pol-sur-Mer

Créé en 1913, le terrain d’aviation devient dès 1914 un terrain militaire de première importance où se côtoient aviateurs français et alliés, marins, fusiliers-marins, sapeurs… Les escadrilles se succèdent, amenant avec elles des pilotes ayant déjà cinq victoires confirmées : ce sont des As. La population adopte le plus célèbre d’entre eux, le Capitaine Guynemer. Disparu le 11 septembre 1917, il les éclipse tous dans les cœurs. Avant lui, il y eut bien Roland Garros qui décolla de Saint-Pol en 1915 avant d’être fait prisonnier en Belgique, mais celui-ci, bien que courageux, n’obtint jamais la cinquième victoire si convoitée. Pourtant d’autres pilotes méritent qu’on leur prête un peu d’attention pour leurs missions saint-poloises…

La carrière militaire est une évidence pour Heurtaux. Né en 1892, entré à Saint-Cyr en 1912, il choisit l’aviation où l’attend un poste d’observateur. Le 6 décembre 1914, il rejoint son escadrille à Saint-Pol mais son pilote est un spécialiste des atterrissages mouvementés. Galvanisé par l’arrivée de Roland Garros sur le terrain, il demande à devenir pilote et rejoint finalement la N3 des Cigognes où il vole en compagnie de Guynemer et de René Dorme. Titulaire de 21 victoires le 6 mai 1917, il est blessé assez gravement pour être mis au repos et ne peut retrouver ses frères d’armes et les SPAD de la SPA3 qu’au mois d’août à Saint-Pol. Vite blessé au-dessus d’Ypres, il est définitivement interdit de vol… Lors de la seconde guerre, il sera déporté dès 1941 à Buchenwald pour faits de résistance.

Le « Hussard de la Mors »
Charles Nungesser reste célèbre pour les symboles macabres portés sur les flancs de son appareil à partir de 1917 ainsi que pour son raid fatal sur l’Atlantique avec François Coli en mai 1927, deux semaines avant la réussite de Lindbergh. Agé de 22 ans à la déclaration de guerre, il est déjà au 2e régiment de Hussards. Hardi, il passe seul la ligne de front et tue quatre officiers Prussiens dans leur voiture Mors. Revenant avec elle et les plans ennemis au Quartier général, il est surnommé le « Hussard de la Mors ». Ses succès s’accumulant, la Mors devient la Mort. Sa demande pour devenir aviateur est acceptée le 22 janvier 1915. Déjà pilote dans le civil, il est vite breveté. Incorporé à la VB106 stationnée à Saint-Pol, il enchaîne les missions de bombardement mais ne dédaigne pas la chasse. Le 1er août 1915, il fait des « étincelles » à la gare de Bruges qu’il attaque en solitaire. Il écume aussi la région de Valenciennes. De tous les grands combats, grièvement blessé, il refuse sans cesse la réforme. Handicapé par des béquilles, il doit même se faire porter dans son avion. Son état de santé est tel qu’il négocie son maintien opérationnel contre un traitement hospitalier quotidien. Du coup, il revient à Saint-Pol avec son biplan Bébé Nieuport, en détachement à la VB116, stationnée à côté de l’ancien sanatorium. En 1918, il peut enfin rejoindre son escadrille, la N65 après avoir volé un temps avec la « 103 Aero squadron », l’ex-escadrille « La Fayette » américaine (à Saint-Pol pour l’offensive des Flandres de 1917) et survit à la guerre titulaire de 43 victoires.

Parmi les Cigognes
Né en 1896, le belfortain Claude Haegelen, s’engage dans l’Infanterie en 1915 et intègre vite l’aviation où il devient observateur, poste crucial mais frustrant. En 1917, il est versé à la chasse où il rejoint Fonck à la N103, équipée alors de Nieuport. S’il emporte sa première victoire le 27 mai de la même année, la seconde est emportée le lendemain mais il est victime d’un grave accident qui l’éloigne du ciel pour ne rejoindre son escadrille qu’en septembre à Saint-Pol où son duo avec Fonck fonctionne à merveille. Précis et méticuleux, il termine la guerre avec 22 victoires.

Reste l’ombre de Fonck, devenu pilote fin mai 1915, il est affecté à la N103 du Capitaine Brocard. Le 12e Groupe de Chasse arrive à Bergues en juin 1917 pour soutenir la 1ere Armée du général Anthoine. Finalement, le groupe prend ses quartiers à Saint-Pol pour opérer des missions de patrouille, de chasse et de harcèlement des troupes au sol. En septembre, il enchaîne les victoires, vengeant notamment Guynemer le 15 septembre en abattant le lieutenant Weissman! Ses survols du front des Flandres, notamment dans le ciel d’Ypres, provoquent des hécatombes chez les Allemands. En janvier 1918, il faut rejoindre les cieux d’Argonne. L’Armistice le surprend avec 75 victoires homologuées. Il est alors le premier As allié par le nombre d’avions ennemis abattus, le 2e mondial derrière Von Richtoffen le Baron Rouge (80 victoires) mais Guynemer prit sa place dans le souvenir des Français. Il avait eu juste « le tort de survivre », comme il le disait souvent…


Fonck, premier des As français par le nombre de ses victoires, injustement passé dans l'ombre de Guynemer.

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