vendredi 13 juillet 2007

Défilé du 14 Juillet : les canonniers en symbole de Lille

Parmi les troupes qui défileront samedi sur le boulevard de la Liberté, le bataillon des canonniers sédentaires de Lille occupe une place à part. Une présence symbolique qui relie l’histoire de la ville à ses militaires.
PAR M. VANDEN BOSSCHE lille@lavoixdunord.fr


C’est une exception lilloise : en ouverture du défilé du 14 Juillet, le maire salue le drapeau de la République, aux côtés des militaires. Et c’est dans la riche histoire qui relie les canonniers sédentaires à leur ville que cette particularité trouve sa source.Ils ne seront pourtant que six à défiler. « C’est surtout une présence symbolique de citoyens qui font honneur à leur ville, explique le lieutenant-colonel Debray en charge de l’organisation du défilé. Il y aura les mirages 2000 d’un côté. De l’autre, il y aura la mémoire de la cité. Tout cela fera un doux mélange. » Essentiellement composé de militaires réservistes ou à la retraite, le bataillon n’a plus de rôle opérationnel. « Légalement, le bataillon n’a pas été dissous, précise encore le lieutenant-colonel Debray, mais c’est surtout pour l’honneur qu’ils défilent. » Issu de la confrérie de Sainte-Barbe, fondée en 1483, le bataillon des canonniers de Lille est tout de même le plus ancien des corps militaires français. Et son histoire suit le cours mouvementé d’une capitale des Flandres exposée à de nombreuses conquêtes et occupations.« C’est grâce aux canonniers que la ville a reçu de l’Assemblée constituante, en 1792, la fameuse citation "La ville de Lille a bien mérité de la patrie" », raconte le lieutenant-colonel. Une marque de reconnaissance normalement réservée aux maréchaux de France que seule la ville de Valenciennes a aussi obtenue. Les canonniers ne s’appelaient pas encore ainsi mais leur intervention fut décisive pour repousser l’invasion autrichienne et empêcher le retour de Louis XVI au pouvoir.Quelques années plus tard, le Premier consul, Napoléon Bonaparte, leur demanda d’assurer la garde de la ville et d’en faire une base de repli. Il leur offrit deux canons, encore visibles aujourd’hui au musée des Canonniers qui célèbre leurs faits d’armes.En 1848, le général Négrier leur légua sa tenue et son épée pour les remercier de leurs actions durant les Trois Glorieuses. Juste avant la guerre contre les Allemands, en 1870, ils protégeaient toute la partie est de la ville, entre la porte de Gand et la porte de Douai. Une mission essentielle.« Durant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands les ont laissés tranquilles alors que le gouvernement de Vichy leur maintenait une existence légale. En quelque sorte, ils étaient un occupant chez l’occupant », sourit le lieutenant-colonel. Encore une fois, on parle de symbole.

In LA VOIX DU NORD, édition de Lille du 13 juillet 2007

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