mardi 27 février 2007

Sainte-Barbe, une sainte très aimée dans les terres du Nord

Pompiers, artilleurs, canonniers et mineurs... Un point commun: ils sont sous le patronage de Sainte-Barbe et, chaque année, la fêtent dignement le 4 décembre...




Les pompiers sont contents, ils font la fête le 4 décembre, c'est la sainte Barbe mais ils ne font pas ça à "la sainte Barbe" car ça pourrait exploser. La sainte Barbe étant le lieu, dans les bateaux, où l'on mettait les armes et la poudre.

L'histoire de Barbe est une belle histoire incestueuse. Contrairement à ce que son nom indique, Barbe ne nous est pas étrangère. Elle est fêtée constamment depuis l'an mille.
On dit qu'elle était née en Toscane mais d'autres disent qu'elle était d'Hiéliopolis (Baalbek) ou encore de Nicomédie.

Son père s'appelait Dioscore, était polythéiste, païen, et adorait les idoles. C'est plus amusant que monothéiste. Sa fille étant devenue adolescente, elle était si belle qu'il voulut se la garder pour lui tout seul. Il fit construire un splendide château-forteresse, avec des jardins merveilleux dans lesquels il y avait plein de statues d'idoles. Tout ça était entouré de fortes murailles. Il plaça Barbe dans la tour du milieu. Il espérait qu'elle succombe au cultes polythéistes.

Beaucoup de pères sont comme ça. Que leur fille jette quelques clins d'oeil sur des jeunes gens de passage, ça va encore, mais qu'elle se vouent à un autre père qui exige l'exclusivité, ça ne va plus.

Dans sa forteresse, Barbe faisait des études sérieuses. Petit à petit, à la suite de ses profondes réflexions, elle se rendit compte de la vanité de tous ces petits dieux qui virevoltaient ci. Un seul seigneur c'est beaucoup plus grand et surtout plus loin, derrière les étoiles, et ça ne se trompe pas.

Un jour qu'elle était dans le jardin avec son père, elle lui demanda ce qui signifiait toutes ces images. Le père lui répondit "ce sont nos dieux, ma fille" Barbe resta circonspecte.
Comme elle désirait ardemment être baptisée, elle se prosterna un jour, en prière, dans un des appartements du rez de chaussée de sa forteresse. Elle s'écria tout à coup : "O Dieu qui avez fait jaillir l'eau dans le désert, par Moïse, ouvrez ici la fontaine dans laquelle je puisse trouver le baptême." Au même instant jaillit une source d'eau vive qui se divisa en quatre parties et en forme de croix. Saint Jean-Baptiste apparut et baptisa Barbe. Puis, dès que Jean Baptiste fut partit, Jésus lui apparut sous la forme d'un jeune homme d'une éclatante beauté. Il remit à Barbe une palme et un anneau d'or en lui disant "je suis venu de la part de mon père vous prendre pour épouse."

Barbe refusait toutes les propositions de mariage et disait à son père qu'elle désirait avant tout vivre avec lui pour devenir son bâton de vieillesse. Dioscore en était ému jusqu'aux larmes et promit de lui rendre sont séjour encore plus agréable.

Finalement, le père proposa à Barbe d'épouser un bon parti. Comme elle refusait toujours, il pensa qu'un voyage et une absence de sa part arrangeraient les choses.
Avant de partir, il lui fit construire une somptueuse salle de bains dans sa tour.
Pendant l'absence du père, Jésus lui apparut sous la forme d'un enfant ravissant et qui, l'instant d'après, fut tout couvert de sang et de blessures. Ca la rendit triste et augmenta en elle son amour pour Jésus-Christ.

Armée d'une force extraordinaire, elle abattit alors toutes les statues qu'avait fait ériger sont père. Dans sa salle de bains où il n'y avait que deux fenêtres, elle en fit ajouter une troisième afin de symboliser la Sainte Trinité. Puis, elle y fit graver des croix partout. Elle-même, de sa petite main fragile, elle traça la signe de la croix avec son doigt et la pierre s'amollit pour en garder la trace. Elle fit de même avec ses pieds sur le pavé.

Son père revint et lui reposa la question des partis à prendre pour son mariage. Devant son refus, il cacha sa colère, mais elle éclata quand il s'aperçut du carnage et des statues brisées, remplacées par des croix.
Il demanda des explications à Barbe. Elle lui tint tout un discours sur les avantages du monothéisme et sur les inconvénients du polythéisme, ainsi que sur la réalité de la Sainte Trinité qui, comme dans sa salle de bain amenait la même lumière par trois fenêtres différentes.

Le père comprit que Barbe était chrétienne et il s'en attrisya. Il pleura, supplia et sentit germer en lui une violence sans borne. Il saisit alors son épée et voulut transpercer Barbe. Elle brûlait du désir de se voir transpercée par cette épée mais aussi elle craignait que son père ne soit souillé par un crime aussi odieux. Elle demanda à Dieu de lui venir au secours. Elle s’enfuit de la maison. Comme son père essayait de la rattraper, un rocher s'ouvrit pour la laisser entrer puis se remit dans sa position première, empêchant ainsi le père de passer. Elle fut alors transportée par un vent impétueux qui l'amena dans une grotte cachée par des buissons où elle se cacha pendant quelques temps.

Mais le père, devenu féroce, cherchait partout jusqu'à l'épuisement. Il finit par apercevoir deux bergers qui lui indiquèrent où ils avaient vu une jeune fille qui se terrait. Barbe, l'entendant venir, sortit courageusement de sa caverne et marcha devant lui pour se jeter à ses genoux. Le père l'accabla de coups, lui donna des coups de pieds, la traîna par les cheveux à travers les rochers et les épines et la ramena à la maison où il la jeta dans un sombre cachot. Elle y resta trois jours en l'honneur de la sainte Trinité.

Dioscore alla trouver le préfet Marcien en lui racontant que sa fille était chrétienne. Barbe fut convoquée devant le gouverneur. Mais celui-ci, impressionné par sa beauté, se radoucit fit des reproches au père à cause de sa dureté. Puis il entreprit Barbe sur les avantages du polythéisme et sur les inconvénients du monothéisme.
Barbe lui répondit en faisant un long discours sur les avantages du monothéisme et sur les inconvénients du polythéisme, ainsi que sur la réalité de la Sainte Trinité.
Marcien en fut irrité d'autant plus que ses avances étaient repoussées par cette petite nana prétentieuse. Il la fit déshabiller et flageller cruellement. Puis il ordonna qu'on la déchire avec des ongles de fer. Même les payens qui assistaient au spectacle ne purent s'empêcher de pleurer. Seule Barbe était ravie et chantait les louanges du Seigneur.

Le gouverneur qui était de plus en plus furieux la fit suspendre en l'air par les pieds. On lui frappât la tête jusqu'à ce que le sang s'écoule de toutes parts. Puis on mit une épaisse couche de sel sur ses plaies et on la revêtit d'un habit de crin. Ainsi on la roula sur des fragments de vases brisés. Puis on la jeta dans une prison sinistre. Barbe était toujours triomphante. Jésus lui apparut pour la réconforter.

Le lendemain, le gouverneur la fit à nouveau comparaître. Quelle ne fut pas sa surprise de voir que Barbe était complètement guérie de ses blessures. Elle apparaissait en pleine santé. Il lui dit "vous voyez comme nos dieux polythéistes ont prit soin de vous !" Barbe rétorqua "Insensé que vous êtes ! c'est mon Dieu monothéiste qui m'a guérie !"

Marcien hors de lui fit recommencer les tourments. Elle fut mise sur un chevalet et redéchirées avec des ongles de fer. Puis on la brûla avec des torches ardentes qu'on lui passa sur tout le corps. On fit de même avec des lames rougies au feu.
Le gouverneur ne savait plus quoi inventer pour tourmenter la vierge. Il ordonna qu'on lui arrache les mamelles avec des tenailles ardentes puis de la promener toute nue dans la ville en frappant sans cesse sur ses plaies.

En entendant ça, Barbe fut tout de même troublée. Le supplice, passe encore, mais être montrée toute nue par toute la ville ça dépassait les limites. Elle pensa tout de même qu'une fois les mamelles arrachées, on ne la reconnaîtrait pas. Elle pria Dieu pour que les regards impudiques des spectateurs n'atteignent pas sa virginité. Elle fut exaucée. Non seulement elle fut complètement guérie mais elle apparut comme vêtue d'une longue robe qui éblouissait tout le monde. Marcien s'avouant vaincu l'injuriait en la traitant de magicienne. Il ordonna qu'on lui coupe la tête. Barbe était au comble du ravissement. Elle allait enfin rejoindre son céleste époux.

Son père demanda à lui porter le coup fatal. Cela lui fut accordé bien que les spectateurs en furent horrifiés.Dioscore conduisit alors sa fille sur une montagne voisine. Barbe n'opposait aucune résistance et marchait d'un pas ferme et assuré en chantant. Arrivés là-haut, beaucoup de spectateurs se convertirent. Mais le père, aveuglé par sa haine, saisit sa hache et, d'un seul coup, fit rouler la tête de sa fille qui avait tendrement tendu le cou. Cela se passa le 4 décembre 235.

Le père, satisfait de son coup, descendait la montagne en traitant sa fille de tous les noms. Mais un feu vint du ciel et le consuma à tel point qu'il n'en resta que quelques cendres. Marcien subit le même châtiment. C'est la raison pour laquelle, maîtresse du feu, Barbe est aussi la patronne de ceux qui l'éteignent. On la représente avec une tour percée de trois fenêtres ou ayant, à ses pieds, son père terrassé par la foudre.
On l'invoque contre la foudre et la mort subite.

Elle est patronne de tous ceux que le métier expose à la mort subite : artificiers, armuriers, pompiers, fondeurs, charpentiers et maçons, mineurs. De par son nom, elle est aussi patronne des brossiers, vergetiers, chapeliers et de tous ceux qui s'occupent des poils.

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