mardi 5 décembre 2006

Et si c'temps-là y continue...

Choisir entre rhumatisme et rhume tout court ? Pour l’instant, l’hiver dunkerquois est assez modéré… D’ailleurs, on n’a même pas l’impression qu’il ait déjà commencé : l’on voit poindre les bourgeons. Dans les jardins, les lilas se parent de petites pousses d’un vert tendre… De toute façon, personne n’est vraiment impatient de voir le général Hiver se pointer sur le littoral, surtout lorsque l’on considère les factures de chauffage bien alourdies par les soubresauts du Moyen-Orient… Depuis quelques semaines, le gros pull-over de laine est doté d’un charme appréciable. Seulement voilà, des hivers rudes, on en a vu passer de terribles sur la côte, des bien froids, bien durs et bien longs. Déjà, pendant la Grande Guerre, les hivers se conjuguaient avec le manque de charbon (il faut dire que la plupart des mines étaient occupées par les troupes du Kaiser ou sur la ligne de front). En janvier 1917, le mercure flirtait régulièrement avec les -9°, -10°c. On en avait eu un aperçu avec les mêmes températures en 1908 et 1909 où les enfants de Jean Bart claquaient des dents mais 1917 avait surpris ! Bon c’est vrai que l’on a rattrapé le coup l’année suivante avec un été caniculaire mais quand même, ce n’avait pas été agréable.

A croire que la météo bosse pour l’ennemi ! Pendant la Drôle de guerre, qui n’avait de drôle que son nom, les troupes qui attendaient sur la frontière subissaient les pluies verglaçantes qui paralysent la région et le pays en février. Et puis 1940, ce fut l’année de toutes les catastrophes avec en plus un véritable ouragan qui balaye toute la moitié nord du pays. En 1942 : mêmes pluies, mêmes résultats. Ce qui ne consola personne, c’est qu’on ne pouvait même pas compter sur ces pluies pour retarder les Allemands, ils étaient déjà là. Par la suite les grandes vagues de froid passent régulièrement par la région : 1944, 1945, 1946, 1947 se ressemblent. Mais de tous ces épisodes, ce ne sont pas ceux-là que l’on garde en mémoire.


L’Hiver de l’Abbé Pierre
L’Hiver 54 est si terrible qu’il reste dans toutes les mémoires, en France pour l’appel de l’Abbé Pierre, toujours tristement d’actualité ; à Dunkerque pour la banquise. Première semaine de janvier, les premiers grands froids assaillent la région mais le pire reste à venir : du 22 janvier au 7 février, c’est un froid encore plus intense, sibérien même, qui s’installe. Les cours d’eaux gèlent, emprisonnant les péniches. Une banquise se forme à Dunkerque, les darses sont gelées, l’avant-port est bloqué… Mourmansk en Flandre ! Cela n’empêche pas les Chantiers de France de travailler sur l’énorme Olympic Honour pour la compagnie d’Onassis, mais dans quelles conditions ! Les navires ne circulent plus, le port chôme ! Le froid est ressenti comme plus intense, les gens parlent de 25 à 50 degrés sous zéro. Et puis il y a la vague de décès qui obligent l’Abbé Pierre à lancer son fameux appel… Fin août, le froid revient dans la région, on peine à dépasser les 10 degrés… Eté pourri ! Combien même on aime sortir sur la digue, le slip de bain en moumoute ne vas pas à tout le monde...



1963, on prend les mêmes et on recommence : Les 19 et 20 février, une banquise se forme à Dunkerque et l’on joue aux Inuits sur la plage de Malo… Image qui fait les délices des collectionneurs de cartes postales. Il sera d’ailleurs l’hiver le plus long du XXe siècle avec des terres gelées par endroit à 60 cm de profondeur dans la région. Ces banquises sont toujours des curiosités et nombre de Dunkerquois iront déambuler sur celle de la plage en 1984… Le début des années 80, où les canaux gelèrent régulièrement et où l’on « serrait les fesses » quand le bus grimpait la passerelle de la gare en chassant de l’arrière… Que de cours « séchés » pour cause d’aléas météo !!! La fin du siècle dernier ne fut pas en reste avec une belle banquise en janvier 1997 au cours de la plus forte vague de froid de l’hiver…

Alors en définitive, que devons nous souhaiter : l’humidité permanente du climat océanique flamand ou le froid qui pince et perce mais fait hiberner les virus ? Faut-il se répéter avec conviction « hiver pluvieux, hiver heureux » ?

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