une vie au service des autres...
Robert Prigent est né en 1910 rue Jean Bart à Saint-Pol. Etre si près de la filature, dans la rue où les ouvrières passaient en nombre prendre leur service a-t-il influencé le jeune garçon ? Toujours est-il que toute sa vie fut placée au service des autres.
Chrétien et démocrate
Syndiqué, Robert Prigent devient secrétaire de l’Union Locale des syndicats CFTC, la Confédération Française des Travailleurs Chrétiens et adhère au Parti Démocrate Populaire, fondé en 1924 et dont les députés votèrent contre les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain en 1940. Nombre d’entre eux s’engagèrent dans la résistance puis entrèrent au Mouvement Républicain Populaire (MRP) à la Libération. L’engagement est net : il y a tant à faire pour améliorer la vie de ses concitoyens.
La guerre le surprend, lui permettant de mettre encore à l’épreuve son engagement : il organise durant ces années douloureuses le Mouvement Familial Ouvrier. Les responsabilités s’accumulent vite.
En septembre 1943, c’est en tant que membre de l’Assemblée consultative provisoire à Alger qu’il fait adopter à l’ordonnance portant sur l’organisation des pouvoirs publics une disposition dont la portée est sans commune mesure avec les réformes précédentes : il introduit une idée révolutionnaire en France, le vote des femmes. L’argument est convaincant : « Quand il s’agit de jeter les femmes dans le creuset de la guerre, est-ce que nous attendons ? Sera-t-il dit toujours que nous exigeons de nos campagnes l’égalité devant l’effort de la peine, devant le sacrifice et le courage, jusque dans la mort sur le champ de bataille et que nous mettrons des réticences au moment d’affirmer cette égalité ? »
La vie après la guerre.
A la libération, il est nommé à la direction du Commissariat général à la famille, est élu député MP du département du Nord aux deux Assemblées Constituantes et siège enfin à l’Assemblée nationale jusque 1951.
Ce que l’on sait moins, c’est tout le travail accompli à la Libération. Les gouvernements provisoires de la République Française, du 21 novembre 1945 au 28 novembre 1946, le voient ministre de la Population (dans les gouvernements de De Gaulle, Gouin et Georges Bidault), de mai à novembre 1947, il exerce la charge de Ministre de la Santé et de la Population dans le gouvernement remanié de Ramadier. En 1950, retour sous les ors de la République, car le Président du conseil Bidault, à nouveau au pouvoir, lui confie le poste de secrétaire d’état à la présidence du conseil. Durant son mandat, il défendit plutôt les caisses de sécurité sociales privées et professionnelles plutôt que la sécurité sociale, comme ailleurs en Europe, préférant très certainement que l’Etat soit moins omniprésent... D’ailleurs, le débat n’est toujours pas clôt.
La vie après la politique
Profondément chrétien et syndicaliste convaincu, il exerce ensuite de nombreuses fonctions dans le milieu associatif. Au cœur du débat sur la Sécurité Sociale, il vit en 1947 la fondation de l’UNIOPSS (L'Union Nationale Interfédérale des OEuvres et Organismes Privés Sanitaires et Sociaux) qui dépasse largement le cadre chrétien en intégrant, par exemple le Secours Populaire. Il en assura la direction quelques années après avoir quitté la vie politique. Infatigable, on le trouvera sur tous les « fronts » à l’image des six années durant lesquelles il exerce la présidence nationale du Secours Catholique.
Au terme d’une vie bien remplie, à tendre la main pour récolter et pour donner, il s’éteint à Paris en juillet 1995 et serait sorti de la mémoire si à Saint-Pol-sur-mer, le jardin public ne portait son nom...
Robert Prigent accompagne le général De Gaulle en 1945
correspondant-dmpa@tiscali.fr
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