samedi 16 avril 2005

La Montagne de Watten

Watten est lovée contre la vallée de l’Aa, au carrefour des Flandres, de l’Artois et de l’Audomarois. Le village est dominé par « sa » montagne que couronne l’abbaye en ruines, avec sa tour visible de si loin qu’elle servit longtemps de phare ou tout du moins de point de repère aux marins. Tout près d’elle, à la pointe d’un ancien bastion, se dresse un moulin de briques et de pierres. Que Watten ait été par ailleurs un lieu de garnison important ne saute pas d’emblée aux yeux. Pourtant, ces levées de terres, fantômes d’un passé militaire lointain, pourraient bientôt renforcer la notoriété de la commune... Car, si peu de gens savent qu’ils existent, ce sont ces vestiges d’enceintes cernant l’abbaye qui ont permis à Watten de rejoindre l’Association pour la mise en valeur des espaces fortifiés région Nord-Pas-de-Calais. Watten est maintenant officiellement estampillée « ville fortifiée », au même titre que Bergues ou Gravelines.

Un site stratégique méconnu
Ce qui fait l’intérêt de ce site si méconnu ? En premier lieu, la fortification elle-même, même si elle n’est pas encore vraiment visible du public. C’est une fausse braie, une levée de terre sans parement de briques, à l’instar de ce que pratiquaient les Hollandais à l’époque de Vauban. Verrouillant la vallée de l’Aa pour protéger St-Omer, Watten perdit son rôle stratégique en même temps que cette dernière et tomba dans un oubli relatif.. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle fut prise par la Liebstandarte SS Adolf Hitler lors de l’offensive allemande vers la mer du Nord...

Pour en apprécier la visite, il faut laisser la voiture dans la rue Principale, rejoindre à pied la paroisse Saint-Gilles par l’étroite rue pentue que l’église surplombe puis se rendre au sommet de la montagne. Une ascension qui se fait dans la quiétude : une route en pente douce mène au site. Là, à 72 mètres d’altitude, le regard embrasse le Blootland (le Pays Boisé) ; et la mer se laisse découvrir par temps clair. Par forte chaleur, on pourra profiter de la fraîcheur de la tour, dont la pénombre se nimbe d’une lumière mystique grâce au toit de ciel bleu. Avec un peu de chance, le promeneur croisera, au cours de leur balade, un lièvre ou un chevreuil. Quant à l’amateur de botanique, il trouvera ces massifs de chardons Marie, nés dit-on d’une goutte de lait du sein de la Vierge, qui ne poussent que sur la butte du moulin et se laissent mourir lorsque l’on tente de les acclimater ailleurs...

Aucun commentaire: