mercredi 13 avril 2005

Gravelines, la couronne des sables

“Gravelinge, dus genaamt na de Waterleiding welke hier op bevel van den Graaf van Vlaandre gegraven is, is de laaste der sterke Steden van Vlaandre, en ten Weste van deze Landstreek, en op de Grenzen van Vrankryk, gelegen. (...)” (« Gravelines, ainsi dénommée d'après la conduite d'eau qui fut ici creusée sur ordre du Comte de Flandre, est la dernière des villes fortes de Flandre, et est située à l'ouest de cette région, à la frontière de la France. (...) »). C’est en ces termes que le Chanoine Sanderus introduit la présentation de la ville dans sa Flandria Illustrata. Depuis, on pourrait avoir l’impression que le temps s’y est ralenti. Sentinelle postée à l’entrée de la mer du Nord, ses murs ont vu la fin de l’Invincible Armada perdue par la tempête et ses corsaires, avant que le choix ne se porte sur ceux de Dunkerque, devaient porter de lourds préjudices aux ennemis de la France. Objet de nombreuses convoitises, il n’y a rien d’étonnant à ce que Vauban en fasse un des pivot de la « ceinture de fer » en la remaniant profondément. Couronne de murailles posée sur les sables du polder flamand, elle est une des rares villes à avoir gardé l’intégralité du clos de murs. Dernière à être cernée totalement par ses douves encore inondées, des barques électriques permettent une sortie familiale qui sort de l’ordinaire, tout à chacun peut devenir capitaine.

Les portes franchies, la petite ville réserve de belles surprises. L’arsenal, véritable citadelle voulue par Charles Quint, a conservé la poudrière construite par Feuillé en 1742 et qui abrite aujourd’hui le musée de l’estampe. Fleurs et statues parsèment ce beau bastion de briques, incitant à la méditation. S’il fait beau, on trouve la fraîcheur dans les casemates et surtout dans la boulangerie récemment restaurée. La ville est un véritable musée avec ses vieilles maisons sur lesquelles veille le beffroi, une « tour de guet » espagnole aux lignes épurées de briques jaunes. Un peu plus loin se dresse l’église Saint-Willibrord, honorant l’un des derniers évangélisateur des Flandres. Edifiée au XVIe siècle, le mélange des styles est harmonieux mais ce qui vaut le coup d’œil, c’est l’utilisation de ses toits qui alimentent en eau de pluie la citerne voisine avec qui l’église communique. Une citerne qui à l’instar de toutes celles construites par Vauban sur le littoral devait pallier l’absence d’eau potable. D’emblée on saisit l’importance du symbole : l’eau douce, si précieuse, était distribuée par des robinets aux formes de dauphin, en honneur du fils du Roi de France. Le souvenir du passé militaire est présent partout dans la ville : les casernes Huxelles et Varennes, dont la dernière abritera bientôt des appartements, indiquent par leur taille que la place était importante, les portes, les postes avancés, les corps de garde font souvenir du rôle que Gravelines devait tenir. Autour de la ville, de nombreux jardins et bosquets font d’elle un véritable poumon vert. La visite de la ville ne saurait être complète sans un passage au musée où une reproduction du plan-relief du XVIIIe siècle est exposée, faisant du visiteur un géant dont la vue embrasse toute la cité et qui mesure combien le temps a eu peu de prise sur elle.

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