mercredi 13 avril 2005

Chez le cousin de Charlemagne.

Esquelbeck
Une paroisse typique des Flandres

De part et d’autre de la place d’Esquelbecq, l’église et le château se font face. Les lieux valent une halte. L’église saint-Folquin est une Hallekerke à trois nefs égales se terminant chacune par une chapelle absidiale, disposition typique des Flandres : il n’y a pas de transept. Les maçons ont fait alterner briques rouges et ocres sur le pignon pour dessiner un treillage de losanges, qui se poursuit sur les murs. Une statue de Folquin, évêque de Thérouanne, l’« apôtre de la Morinie » et cousin de Charlemagne, accueille le visiteur. Paroissien d’adoption, les lieux lui sont dédiés car il vint finir ses jours dans le village en 855. Elevée au XVIe siècle sur des fondations romanes, elle n’a rien perdu de sa superbe malgré le terrible incendie d’avril 1976 qui ne laissèrent que les murs. Ici, la richesse et la simplicité de la construction sont d’une sobriété exemplaire. On le voit dans le jeu entre les briques et les pierres de Cassel.


Le château, dernier témoin des évolutions de la fortification médiévale
On aperçoit le château du portail de l’église, caché derrière de larges grilles et d’arbres vénérables. Il a peu changé depuis que le Chanoine Sanderus l’a représenté dans la Flandria Illustrata. Près de l’entrée, un pigeonnier élevé en 1606, privilège des demeures nobles, porte un toit d’ardoises surmonté d’un bulbe. Précédé par une basse-cour, le château s’organise autour d’une cour carrée cernée d’une large douve qui puise son eau dans l’Yser voisine. La vaste demeure seigneuriale est défendue par six tours, quatre aux angles et deux au milieu des plus larges courtines, toutes coiffées de poivrières. Reconstruit dans les toutes premières années du XVIIe siècle par Valentin de Pardieu après une destruction presque totale, il était célèbre pour sa haute tour hexagonale. Celle-ci, le clocher de l’horloge, ancienne tour de guet, s’effondra une nuit de 1984, s’écroulant sous son propre poids et entraînant dans sa chute une grande partie de l’aile qui la jouxtait, ouvrant une plaie béante dans le flanc de ce géant de briques. Siège d’une importante seigneurie de Flandre maritime, il est un des derniers témoins des dernières résidences fortifiées.


Un jardin du souvenir
Si l’Eglise et le château ont plus ou moins bien survécu aux outrages du temps, Esquelbecq n’en a pas moins connu des heures tragiques. Si les 3.000 soldats de la jeune République qui opposèrent une résistance farouche aux troupes du duc d’York le 20 août 1793 sont tombés dans l’oubli, le souvenir est beaucoup plus douloureux et plus vif à la « plaine au bois » où des prisonniers anglais furent massacrés par les troupes SS de la Liebstandarte Adolf Hitler le 28 mai 1940. Réunis dans une grange, les soldats britanniques furent exécutés en dépit des conventions internationales. Seuls 16 d’entre eux survécurent. Leur souvenir est perpétué aujourd’hui grâce à l’opiniâtreté de Guy Rommelaëre qui a refusé que le souvenir de cet acte de barbarie se perde dans les limbes de l’histoire. Aujourd’hui, une reconstitution de la grange se dresse au même emplacement que celle où se déroulèrent les évènements il y a plus de 60 ans. Une table d’orientation placée sur un promontoire permet de comprendre qu’Esquelbecq se trouvait au milieu de la mêlée, que les rares survivants, emportés dans la tourmente de 1940, n’ont pu ce jour là que connaître l’effroi... Comment ne pas être ému des témoignages laissés en ex-voto par ce mémorial qui vient de naître milieu des champs ?

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