Jacques Méreau lève l’énigme du «portus itius» cher à Jules César
Cinquante-quatre avant Jésus-Christ : toute la Gaule est occupée. Toute ? N’en déplaise à Goscinny et Uderzo, les légions de César (Jules) faisaient bien régner la «pax romana». À Boulogne-sur-Mer, il prend la tête d’une armée d’invasion et débarque en Angleterre, si proche.Comme le vieux fort Vauban qu’il couve amoureusement du regard, Jacques Méreau aime bien tourner le dos aux idées reçues. Dans le dernier bulletin des Amis du fort d’Ambleteuse (1), il résout l’énigme du Portus Itius qui divise depuis toujours les historiens. D’un trait de plume.
Dans ses Commentaires, César cite à plusieurs reprises Portus Itius comme le port où il concentre ses troupes avant d’envahir l’Angleterre. Bien avant Napoléon puis Hitler, Jules César avait en effet rassemblé sur la côte une flottille d’invasion : 800 navires dont 28 vaisseaux de guerre, 31 000 soldats, 4 000 chevaux. Mais où exactement ? Boulogne-sur-Mer, Ambleteuse où était logée sa cavalerie (Portus Ulterior), Wissant ? Pour Jacques Méreau, l’hypothèse de Boulogne est la seule plausible. Car seule la Liane qui remontait à l’intérieur des terres sur 8 à 9 km comme un aber breton, pouvait abriter cette armada avant l’heure.Pourtant, des historiens préfèrent évoquer Wissant, distant de seulement trente mille pas romains de Douvres. Car dans ses mêmes Commentaires , César donne ce chiffre, précis comme la pointure des caligae de ses légionnaires. Boulogne étant beaucoup plus éloigné (45 km), c’est donc Wissant qui a leurs faveurs.Impossible, rétorque Jacques Méreau. Comment imaginer les préparatifs d’une armée d’invasion simplement adossée à un cordon dunaire ? Et si, tout simplement, les historiens avaient fait une banale erreur de traduction ? «Le texte de César est pourtant clair, dit Jacques Méreau. La distance qu’il donne, ce n’est pas la distance entre Portus Itius et Britannia, mais la largeur du détroit entre Britannia et le continent.» Un contresens que ne ferait pas un élève de quatrième, s’emporte Jacques Méreau.Pas mécontent finalement de clouer le bec à ses vieux maîtres… •
BERTRAND SPIERS
1. – Bulletin n° 53 ; chez Mme Pollet, villa Romaine, 45, rue du Maréchal-Foch, 62164 Ambleteuse (10 E , ou 12 E par correspondance).
In LA VOIX DU NORD, édition régionale du 10 mai 2008
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