Bouillonnant Gascon !
Sacré Charles de Batz de Castelmore !
L’Histoire a moins retenu son nom que celui de … d’Artagnan, et pourtant, il a longtemps parcouru nos provinces septentrionales. Né vers 1620 à Lupiac dans le Gers, ce Mousquetaire du Roi, vif, querelleur et madré au combat, était un personnage digne d’un roman, ce dont ne se priva pas Alexandre Dumas mais sa vraie vie n’avait assurément nul besoin d’être romancée.
Mort pour le Roi
S’ennuyant à Lille où il assumait la charge de Gouverneur Militaire de Lille, ses querelles avec le gouverneur de la citadelle et les ingénieurs chargés de l’édification des remparts montrent un homme intraitable et autoritaire. Estimant la citadelle capable de soutenir un siège, il demande en novembre 1672 à rejoindre ses hommes partis en campagne en Hollande. La requête acceptée, sa vie reprenait un cours normal. Très vite, il parvient au siège de Maastricht. Le 25 juin 1673, n’étant pas de service, il se rend malgré tout sur la demi-lune que ses hommes avaient pris la veille pour sortir d’embarras de jeunes princes qui, outrepassant ses ordres, avaient lancé une attaque désastreuse. De l’aveu des témoins, il se battit admirablement mais la rencontre inopinée de sa gorge et d’une balle de mousquet l’arrêta net. S’il est vrai que l’on voit sa vie défiler à cet ultime moment, il revit certainement ses batailles sur nos terres du Nord.
Au Nord !
Cadet de famille destiné au service du roi, il reçoit un enseignement rudimentaire avant de monter à Paris pour quitter une vie étriquée et désargentée et rejoindre les Cadets du Roi qu’immortalisa Edmond Rostand. Direction : les Gardes Français, un corps d’élite ! Il devint rapidement un « mousquetaire de la maison militaire du roi » où il y prit le nom de sa mère. Il aurait reçu le baptême du feu sous les murs d’Arras, aurait combattu sous ceux d’Aire-sur-la-Lys, de La Bassée puis de Bapaume avant de rejoindre le sud en 1642. Après un passage éclair en Angleterre, on le retrouve à la Capelle et à Gravelines en 1644 puis à Cassel, Mardyck, Lynck, Bourbourg, Béthune puis Saint-Venant en 1645… pour le peu que l’on puisse en déduire du peu d’informations sur sa jeunesse. Tout change en passant au service de Mazarin à qui il sert d’estafette, d’informateur et parfois… d’espion. A t-il bataillé à Rocroi ? Difficile à dire mais il reste fidèle au Cardinal pendant la Fronde. Et quand le Grand Condé passe au côté des Espagnols, notre gascon quitte la terne vie parisienne en 1657 pour les champs de bataille du Nord.
Il retrouve avec bonheur l’odeur de la poudre en 1658 à la Bataille des Dunes, emportée par Turenne. Quand Dunkerque tombe le 14 juin 1658, il fait partie des vainqueurs. Dans la foulée, les Gardes Français enlèvent les petites villes fortifiées : Bergues, Furnes, Gravelines, Dixmude, Oudenaarde. Le Gascon y apprend la recréation des Mousquetaires du Roi. Servant encore Mazarin, il a des contacts de plus en plus serrés avec le jeune Louis XIV qui lui ordonne d’arrêter Fouquet et d’être son geôlier avant de le mener à Pignerol. Ses missions aux Provinces-Unies en 1665 ne l’empêchent pas de devenir un courtisan…
Retour au Nord
La guerre de dévolution le ramène aux armes : choisi par Turenne, d’Artagnan s’empare en mai 1667 d’Armentières et en capture le gouverneur. En juin, Charleroi, Courtrai et Tournai tombent. En juillet, face à l’audace de d’Artagnan et des Mousquetaires, les Douaisiens capitulent. Et les victoires s’enchaînent !
La prise de Lille est une « promenade militaire » car la ville se donne à Louis XIV. D’Artagnan peut rentrer à Paris pour attendre d’autres campagnes plus au sud, notamment pour mater le Vivarais. Le 15 avril 1672, le Gascon devient Maréchal de Camp mais Louis XIV le charge d’assurer le gouvernement de Lille en l’absence du Maréchal d’Humières, poste qui flatte son orgueil et sa fierté. Il y entre le 5 mai. Surtout, il veille au chantier des remparts au sujet desquels il se querelle vite avec certains ingénieurs. L’autoritaire Gascon entra alors en conflit avec La Vercantière, qui remplaçait Vauban au Gouvernement de la Citadelle. Avouons à sa décharge qu’il assumait sa charge en sa ville et non à la cour. En décembre 1672, il rend le commandement de la ville à Humières rentré de disgrâce… Direction, Maastricht et l’Histoire.
L’on n’aurait su peu de lui sans son premier biographe, Courtilz de Sandras, ni sans Dumas qui savait « violer l’histoire à condition de lui faire de beaux enfants ». Celui-ci, assurément, était déjà magnifique…
1 commentaire:
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