Le projet des vandales !
Un axe autoroutier international Nord-Sud qui contourne l'agglomération lilloise est un vieux projet utile qui a été contredit trés tôt (années 60-70) par une réalisation en milieu totalement urbain, entre Halluin et Seclin (A1). Une ineptie que l'on tente de "rattraper" en détournant maintenant les camions par Tournai (Courtrai-Tournai-Lesquin) ou en imaginant une A1bis devenue A24 à l'Ouest de Lille.
Trop tard : plus personne n'en veut, ni du tracé "historique" (banlieue urbaine nord-ouest de Lille), ni du tracé à travers l'Alloeu ou les Weppes rurales jusqu'au pont du Badou vers Comines, ni du tracé dans les Monts de Flandre, trés éloigné de Lille.
Contrairement à l'A25 Lille-Dunkerque qui dessert deux pôles majeurs de la Flandre française, l'A24 serait une "autoroute de transit", qui profiterait aux transporteurs de Rotterdam-Anvers d'un côté et Paris-Méditerranée de l'autre, mais pas aux locaux. Comment, dans ces conditions, faire avaler à ceux-ci une cicatrice qui défigurerait pour toujours ce qui reste de campagne flamande?
Le débat "Pour ou Contre l'autoroute" a été tranché il y a deux ans. Le Ministère de l'Equipement avait bien fait les choses, avec la CPDP (Commission Particulière du Débat Public) chargée de "dialoguer" avec qui voulait (CCI, associations, élus, entreprises, etc), mais on sentait bien que tout était déjà bouclé, que la concertation ne servait qu'à endormir et faire avaliser un choix d'Etat : privilégier l'autoroute et promettre pour plus tard le canal Seine-Nord, le "ferroutage" ou même une simple amélioration des transports ferroviaires. L'augmentation du trafic autoroutier était présenté comme "inéluctable" (c'est donc la faute à la fatalité!).
Ce qui est en cause aujourd'hui, ce n'est plus l'autoroute elle-même mais son tracé. Le débat est tout aussi explosif, surtout au niveau communal, ce qui indique que ce sont les citoyens qui se mobilisent, et non plus seulement les associations de défense de l'environnement, les CCI ou les entreprises.
La Voix du Nord du 19 janvier a publié les différents tracés proposés par la Direction de l'Equipement. Chacun a ses avantages et surtout ses inconvénients. La traversée du Westhoek est moins chère mais drainerait peu de trafic, la traversée des Weppes sacrifierait des terres agricoles déjà en peau de chagrin. La foire d'empoigne va commencer. Chacun pourra s'exprimer. Pour une fois, il ne semble pas que le tracé soit déjà "ficelé" tant les divergences sont fortes.
Remarque assassine : un des arguments des "pro-autoroute" était la desserte de la plate-forme de Dourges (canal-fer-route). Aujourd'hui, aucun des nombreux tracés ne passe par Dourges...
lu et approuvé sur http://www.mdsk.net
Et quel intéret depuis que les Flamands de Belgique ont pris position?
Yves Leterme, ministre-président du gouvernement flamand, est formel
« Pas d’A24 dans le Westhoek »
Dans un entretien accordé vendredi au quotidien flamand De Standaard, le ministre-président du gouvernement flamand, Yves Leterme, a exprimé son opposition à tout tracé de la future A24 passant par Steenvoorde, puis Callicanes et rejoignant Ypres et Poperinge.
Entretien avec le principal intéressé, surpris par les méthodes de consultation française, et pour le moins pragmatique.
– Quels sont les raisons qui vous poussent à refuser les deux tracés du projet d’A24 passant par Steenvoorde, Callicanes, puis Poperinge et Ypres?
«Mon choix est guidé par le fait que le Westhoek flamand est une des dernières régions où le paysage est intact. Je ne veux pas qu’elle soit ainsi traversée, coupée en deux. Une nouvelle autoroute causerait des dommages environnementaux, le paysage serait très modifié, sans parler des conséquences pour l’agriculture. En plus, comme je l’ai déjà exposé, il s’agit uniquement de transports en transit, qui n’apportent aucune plus-value à la région.»
– Les panneaux d’opposition fleurissent depuis quelques mois autour de Poperinghe. La population flamande semble partager votre point de vue…
«J’ai pris cette décision, communiquée au gouvernement français, dans l’intérêt commun. Même si certains milieux économiques ont vu des avantages dans cette liaison, ils ne font pas le poids face à l’importance de la conservation du paysage du Westhoek.»
– Comment avez-vous eu connaissance du projet d’A24?
«J’ai appris cela par voie de presse voici quelques mois, ainsi que par le bourgmestre de Poperinghe. J’ai trouvé cela un peu cavalier, je pensais être contacté de manière officielle, dans les formes de circonstance, même s’il se peut qu’il y ait eu des contacts entre techniciens. Mais mon gouvernement décide, et j’aurais aimé avoir des contacts politiques. Reste que le projet français relève du domaine des autoroutes françaises. Mais je crois que beaucoup d’arguments plaident en ma faveur. J’habite Ypres, en plus. Aussi longtemps que j’occuperai ma fonction, je ne délivrerai aucun permis rendant possible un tracé entre Callicanes et Ypres (NDLR: l’homme est en place depuis un an et demi pour un mandat de cinq ans).»
– Quel regard portez-vous sur les deux autres familles de fuseaux, qui passent eux du côté d’Armentières
?«C’est une demande française que je suis prêt à étudier. Une étude sera faite sur les alternatives. Si j’exprime mon refus pour le Westhoek, c’est aussi pour clarifier la situation des autres familles de tracés. Quoi qu’il en soit, il me semble que l’E 17 est d’un gabarit européen, via Gand ou Tournai. Les capacités existent donc du côté belge.»
Propos recueillispar Perrine DIÉVAL
in LA VOIX DU NORD, édition du 2 mars 2006
Tout le dossier et les cartes des tracés à l'adresse suivante : http://www.lavoixdunord.fr/vdn/journal/dossier/region/a24/
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