Générations Cordonnier
Il est rare de trouver des architectes qui marquent profondément une région de père en fils… Prenons au hasard... les Cordonnier.
…le précurseur
Jean-Baptiste Cordonnier naît à Haubourdin en 1820. Après des études lilloises puis parisiennes, il ouvre un cabinet dans sa ville en 1849. Les commandes affluent immédiatement : villas au Touquet, immeubles à Lille. Sa notoriété est telle qu’on lui passe commande de l’Hôtel de ville de Loos, avec son beffroi. Il ne cherche pas très loin ses sources d’inspiration car il puise dans les exemples régionaux auxquels il adapte les matériaux nouveaux. S’il décède en 1902, la relève est déjà assurée depuis longtemps par son fils Louis-Marie.
De père en fils…
Louis-Marie est né en 1854, lui aussi à Haubourdin. Très vite, il met ses pas dans ceux de son père, suit les mêmes écoles et ouvre son propre cabinet mais il va plus loin encore en développant un style régional exaltant les grandes heures de l’architecture flamande du XVIe siècle, tant et si bien que l’on s’en inspire jusque dans l’entre-deux-guerres. Il touche à tout : villas, châteaux, maisons, églises… Son travail plait assez pour qu’il dresse les plans de l’Opéra et surtout de la nouvelle Bourse de Lille dont le beffroi domine un quartier que les Lillois ont voulu à l’image du Paris transformé par le baron Haussmann. Il excelle surtout dans les Hôtels de ville auxquels il adjoint immédiatement un beffroi. C’est que nous sommes en Flandre ! Il édifie ainsi les mairies de La Madeleine (voisine de Lille), de Lens et de… Dunkerque. Rien que ce dernier donne une idée précise de ce qu’il veut. Placé face à lui, on voit tout de suite la pierre associée à la brique, les lucarnes qui rythment les toitures, le beffroi orné de tourelles et la riche décoration (il n’y a qu’à voir la « galerie d’ancêtres » en façade pour s’en convaincre). A chaque Hôtel de ville : un beffroi ! Son succès dépasse largement les frontières : il emporte des concours internationaux et construit ainsi la Bourse d’Amsterdam et le Palais de la Paix à La Haye en 1906 que le grand public connaît sans le savoir car il abrite aujourd’hui le Tribunal Pénal International. La première guerre mondiale lui offre une nouvelle opportunité à laquelle il associe son fils Louis-Stanislas. Une grande partie du département a été ravagée : il dirige la coopérative de reconstruction de la vallée de la Lys et restaure des édifices importants comme le beffroi de Bailleul. A sa mort en 1940, son empreinte est indélébile.
Et ainsi de suite…
Le fils de Louis-Marie est né en 1884. Après des études à Paris, il rejoint son père. Pour lui aussi, la Première guerre mondiale est l’occasion de travaux importants : des reconstructions, certes, mais aussi le site de Notre-Dame de Lorette, qui abrite une nécropole et les soldats inconnus depuis la seconde guerre mondiale. Les contraintes et la tâche sont gigantesques : il faut faire vite. Utilisant le béton armé, ses formes sont plus épurées et ne subsistent du style paternel que la brique et la pierre pour les parements. Après la Libération, il faut tout recommencer mais sur une échelle plus large; il faut reconstruire l’Hôtel de ville de Dunkerque mais lui aussi doit accepter de sortir de la région : on le charge de réaliser le sanctuaire de Lisieux…
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