Sur le rivage de Quaëdypre
Le regard porte sur les tours de Bergues… Aucun obstacle entre la ville fortifiée et l’église de Quaëdypre. On réalise alors que c’est l’ancien rivage que l’on contemple. En un peu plus de mille ans, la mer s’est lentement retirée des basses terres et les hommes ont colonisé le plat pays. Le village de Quaëdypre est un témoin de l’histoire. D’abord, l’on remarque la petite éminence sur laquelle se dresse l’impressionnante hallekerke à trois nefs en briques de sable. Les moines de Saint-Winoc à Bergues avaient fondé à son emplacement un petit sanctuaire au XIe siècle qui fut remplacée entre 1601 et 1618 par l’édifice actuel. On peut aisément imaginer ce que fut ce premier lieu de culte puisque l’on a rebâti l’église Saint-Omer sur ses fondations romanes et la façade en grès ferrugineux a été conservée. D’ailleurs, en levant les yeux, l’on peut voir quatre niches qui rythment le sommet du pignon central et sur lesquelles se pose une tête romane en grès ferrugineux. Rien qu’à ce titre, elle est exceptionnelle car si les églises construites avant le XIIe siècle utilisaient abondamment ce matériau, il est rare que les artisans le travaillent autant. C’est une pierre ardue à sculpter.
Hors de l’église, la promenade réserve des surprises : le porche de la ferme du S’Abshof, la maison de l’abbaye rappelle que les moines de Saint-Winoc avaient fait construire une résidence d’été qui se doublait d’une ferme. Si la première n’a pas résisté à la tornade révolutionnaire, on peut encore en deviner les contours grâce au tracé de ses fossés. Son entrée est toujours marquée par un portail de belle importance. Au Cinq-chemins, une ancienne malterie, témoignant que l’on brassait la bière dans chaque village. N’est-elle pas un breuvage incontournable, plus encore depuis que Pasteur l’a qualifié de nourriture hygiénique ? Le Malt est un ingrédient indispensable, l’absence de malterie eut alors été impensable.
Plus loin, enfin, hors du village se dresse le château du Blau Huys ou « maison bleue ». Typique des fermes fortifiées, il est encore cerné de belles douves en eau. De belle facture flamande, il est le témoin fidèle des traditions architecturales flamandes. Des propos glanés ça et là rapportent que sa chapelle est visitée par un fantôme qui vient la hanter chaque Vendredi Saint depuis qu’un ancien maître des lieux a choisi de faire bombance le seul jour où l’Eglise imposait un jeûne strict, mais ceci est une autre Histoire.