Une écluse pour sauver Dunkerque
« Delenda Carthago est », ce que Caton lançait à chaque discours, les Anglais l’ont obtenu à la fin de la Guerre de Succession d’Espagne. Implacables, ils ont fait tomber le couperet sur les Dunkerquois. La Paix d’Utrecht conclue en 1713, leur permet de mettre en oeuvre leurs desseins : détruire Dunkerque. Le port et ses écluses sont ruinées, les murailles de Vauban, admirées dans toute l’Europe sont rasées jusqu’aux fondations... Ne restent que les fossés et les Forts Louis et Vallières, sans doute insignifiants dans leur esprit... Dunkerque ne peut échapper à la misère : plus de port, peu de pêche, rien... Décidément, les corsaires flamands leur avaient fait trop de mal pour que la ville échappe à leur courroux.
Le canal ? un pis-aller...
Les Dunkerquois ont connu assez de revers de fortune pour se décourager si vite. Pour contourner l’interdit, décision est prise de creuser un canal qui prendra alors le nom de Mardyck puisqu’il se dirigera vers le Fort établi à l’ouest de la ville. Large et rectiligne, il bifurque vers la mer et aboutit à une écluse. Les rives sont surmontées d’un talus le contenir en cas de débordement... L’écluse – en fait il y en a deux côte à côte - est de belle taille. De briques et de pierres, elle étonne aujourd’hui par la faible largeur des sas mais les navires, il est vrai, étaient bien plus petits qu’aujourd’hui... Les travaux sont alors relativement rapides car la main d’œuvre abonde avec la crise. Finalement, elle est inaugurée en grand pompe (normal, on est en plaine inondable !) le 6 février 1715. Le trafic pouvait reprendre dès alors mais c’en était encore trop pour les Anglais. Leur joug pèse bien lourd sur la cité de Jean Bart. La paix de la Haye en 1717 oblige les Dunkerquois à détruire l’ouvrage. La revanche anglaise est éclatante car l’on charge le Tsar Pierre Ier, de visite en France, de constater les travaux de destruction. Lentement, le canal se comble en amont de l’écluse qui tombe peu à peu dans l’oubli.
Un apport essentiel au développement économique
Le canal aurait pu paraître inutile aux yeux des habitants. Le territoire de la future commune de Saint-Pol était enclavé et la seule façon de rejoindre Petite-Synthe était encore de passer par Dunkerque. Un hameau y existe bien, au Tornegat, le « trou aux ronces », mais le nom dit bien l’état du terrain : des dunes et des terres assez pauvres...
Le canal de Mardyck ne fut cependant pas perdu pour tout le monde. A la charnière des XVIIIe et XIXe siècles, le littoral fut touché comme le reste de la région par la révolution industrielle. A Saint-Pol comme à Petite-Synthe, il y avait de la place pour installer des usines. Comme partout ailleurs dans l’agglomération, elles sont bâties près des berges de ces cours d’eau car il n’y a pas plus économique que le transport fluvial pour amener à (très) bas prix les gigantesques quantités de matières premières... Le train, symbole de ces temps modernes de l’économie, n’arriva que bien plus tard...
Pourtant, l’embellie ne fut pas éternelle. L’économie changeait : les usines fermaient et la batellerie tomba à son tour en désuétude. Finies les croisières de bélandres... Le canal finit par mourir comme les péniches qui gisaient au déchiroir, au bout de cours d’eau, vers le Pont-à-curé... Toujours aussi rectiligne mais sans emploi, les années 70 lui donnèrent une autre destination. Il fut comblé et remplacé par la voie express – limitée à 90 ! – bref une petite autoroute dans la ville. Les ponts ne voient plus passer les péniches mais le flot incessant des voitures.
Une renaissance pour l’écluse Jean Bart ...
Comme dans toute ville industrielle, la nature a peu de place. Décision fut prise de sauvegarder un des rares vestiges de l’Ancien régime hors de Dunkerque. Le terrain est alors aménagé en parc urbain, l’écluse est nettoyée... Ne manquent plus que les portes... et les marins. Marcher au devant d’elle, vers le coude qui s’était comblé, en direction de Petite-Synthe, donne une curieuse impression : les travaux n’avaient pas été insignifiants, la profondeur en avait été appréciable quand l’on regarde l’importance du dénivelé... Il n’y a plus guère que les Anciens pour garder le souvenir que là, on marche sur les eaux, mêmes disparues depuis longtemps. Le Parc avait besoin d’un nom... Tout ne pouvait pas porter le patronyme du héros dunkerquois. Cela resta cependant dans la famille. Car Jacobsen, après tout, celui qui trône avec d’autres « pères » de la cité sur la façade de l’Hôtel de ville de Dunkerque, était son oncle, un oncle et un modèle... qui s’était fait sauter avec son bateau dans une lutte à mort contre huit navires ennemis.
Le canal ? un pis-aller...
Les Dunkerquois ont connu assez de revers de fortune pour se décourager si vite. Pour contourner l’interdit, décision est prise de creuser un canal qui prendra alors le nom de Mardyck puisqu’il se dirigera vers le Fort établi à l’ouest de la ville. Large et rectiligne, il bifurque vers la mer et aboutit à une écluse. Les rives sont surmontées d’un talus le contenir en cas de débordement... L’écluse – en fait il y en a deux côte à côte - est de belle taille. De briques et de pierres, elle étonne aujourd’hui par la faible largeur des sas mais les navires, il est vrai, étaient bien plus petits qu’aujourd’hui... Les travaux sont alors relativement rapides car la main d’œuvre abonde avec la crise. Finalement, elle est inaugurée en grand pompe (normal, on est en plaine inondable !) le 6 février 1715. Le trafic pouvait reprendre dès alors mais c’en était encore trop pour les Anglais. Leur joug pèse bien lourd sur la cité de Jean Bart. La paix de la Haye en 1717 oblige les Dunkerquois à détruire l’ouvrage. La revanche anglaise est éclatante car l’on charge le Tsar Pierre Ier, de visite en France, de constater les travaux de destruction. Lentement, le canal se comble en amont de l’écluse qui tombe peu à peu dans l’oubli.
Un apport essentiel au développement économique
Le canal aurait pu paraître inutile aux yeux des habitants. Le territoire de la future commune de Saint-Pol était enclavé et la seule façon de rejoindre Petite-Synthe était encore de passer par Dunkerque. Un hameau y existe bien, au Tornegat, le « trou aux ronces », mais le nom dit bien l’état du terrain : des dunes et des terres assez pauvres...
Le canal de Mardyck ne fut cependant pas perdu pour tout le monde. A la charnière des XVIIIe et XIXe siècles, le littoral fut touché comme le reste de la région par la révolution industrielle. A Saint-Pol comme à Petite-Synthe, il y avait de la place pour installer des usines. Comme partout ailleurs dans l’agglomération, elles sont bâties près des berges de ces cours d’eau car il n’y a pas plus économique que le transport fluvial pour amener à (très) bas prix les gigantesques quantités de matières premières... Le train, symbole de ces temps modernes de l’économie, n’arriva que bien plus tard...
Pourtant, l’embellie ne fut pas éternelle. L’économie changeait : les usines fermaient et la batellerie tomba à son tour en désuétude. Finies les croisières de bélandres... Le canal finit par mourir comme les péniches qui gisaient au déchiroir, au bout de cours d’eau, vers le Pont-à-curé... Toujours aussi rectiligne mais sans emploi, les années 70 lui donnèrent une autre destination. Il fut comblé et remplacé par la voie express – limitée à 90 ! – bref une petite autoroute dans la ville. Les ponts ne voient plus passer les péniches mais le flot incessant des voitures.
Une renaissance pour l’écluse Jean Bart ...
Comme dans toute ville industrielle, la nature a peu de place. Décision fut prise de sauvegarder un des rares vestiges de l’Ancien régime hors de Dunkerque. Le terrain est alors aménagé en parc urbain, l’écluse est nettoyée... Ne manquent plus que les portes... et les marins. Marcher au devant d’elle, vers le coude qui s’était comblé, en direction de Petite-Synthe, donne une curieuse impression : les travaux n’avaient pas été insignifiants, la profondeur en avait été appréciable quand l’on regarde l’importance du dénivelé... Il n’y a plus guère que les Anciens pour garder le souvenir que là, on marche sur les eaux, mêmes disparues depuis longtemps. Le Parc avait besoin d’un nom... Tout ne pouvait pas porter le patronyme du héros dunkerquois. Cela resta cependant dans la famille. Car Jacobsen, après tout, celui qui trône avec d’autres « pères » de la cité sur la façade de l’Hôtel de ville de Dunkerque, était son oncle, un oncle et un modèle... qui s’était fait sauter avec son bateau dans une lutte à mort contre huit navires ennemis.
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