« L'amiante, on pensait que c'était un produit qui nous protégeait »
l'une des pièces des anciennes tenues de protection des salariés de l'Usine des Dunes.
Claude Tange préside l'Association de défense des victimes de l'amiante de la sidérurgie Usine des Dunes (ADVASUD)-CGT. Pour lui, chaque mot compte. Depuis dix ans, il se charge de le rappeler, en mémoire du temps passé au contact de la fibre tueuse.
PAR LAURENT LEYS
D'un grand sac en plastique, Claude Tange sort un long manteau en amiante, un tablier en amiante, des gants en amiante et une paire de sandales à l'épaisse semelle de bois doublée d'une couche d'amiante. De l'amiante partout ! «On pensait que c'était un produit qui nous protégeait. Il était obligatoire de porter ces équipements pour éviter les brûlures et les projections de métal ou pour marcher sur les plaques chaudes, sinon c'était un avertissement ! Personne ne nous a dit que c'était dangereux.» Il en parle comme de «pièces de collection» - remplacées depuis quelques années par des tenues avec de l'aluminium -, puis ajoute : «des pièces à conviction». Il les verrait bien produites comme preuves dans un procès en correctionnelle ô combien attendu ! Un procès qui dénoncerait «la criminalité industrielle» de «patrons» davantage attachés à dégager des bénéfices qu'à préserver la santé de leurs salariés.
PAR LAURENT LEYS
D'un grand sac en plastique, Claude Tange sort un long manteau en amiante, un tablier en amiante, des gants en amiante et une paire de sandales à l'épaisse semelle de bois doublée d'une couche d'amiante. De l'amiante partout ! «On pensait que c'était un produit qui nous protégeait. Il était obligatoire de porter ces équipements pour éviter les brûlures et les projections de métal ou pour marcher sur les plaques chaudes, sinon c'était un avertissement ! Personne ne nous a dit que c'était dangereux.» Il en parle comme de «pièces de collection» - remplacées depuis quelques années par des tenues avec de l'aluminium -, puis ajoute : «des pièces à conviction». Il les verrait bien produites comme preuves dans un procès en correctionnelle ô combien attendu ! Un procès qui dénoncerait «la criminalité industrielle» de «patrons» davantage attachés à dégager des bénéfices qu'à préserver la santé de leurs salariés.
«L'étiquette CGT inscrite dans nos statuts»
On reconnaît là l'argumentaire de la CGT, mais comment s'en étonner ? «Notre nom - Association de défense des victimes de l'amiante de la sidérurgie Usine des Dunes-CGT - parle de lui-même. L'étiquette CGT est inscrite dans nos statuts.» On lui rappelle la question posée par un adhérent qui assistait à une assemblée générale il y a quelques années : «Est-ce que le sigle du syndicat ne dissuade pas les victimes de venir nous rejoindre ?» «Je m'en souviens. Je lui avais répondu : "La porte de l'association est ouverte pour entrer, elle est aussi ouverte pour sortir".» Et vlan !
Claude Tange ne s'embarrasse pas de périphrases. Il suffit de l'écouter parler des conditions de travail dans l'usine sidérurgique de Leffrinckoucke qu'il a connues de 1976 à 1994. «Délégué du personnel et responsable du syndicat», il a, assure-t-il, «fait tous les postes de l'aciérie : fondeur, pontonnier...». «On savait qu'il y avait de l'amiante, partout, dans le process de fabrication, dans la protection des hommes, des outils, des machines. Pour préserver la chaleur dans la poche de coulée, on mettait dessus des sacs d'amiante de 25 kilos. Dans les lingotières, on mettait de la poudre d'amiante. On manipulait les sacs à la main, sans masque.» La matière première amenée dans l'usine pour y être fondue contenait aussi ces fibres cancérogènes : vieilles voitures, anciennes cuisinières, tuyauterie calorifugée d'entreprises démontées...
«L'amiante ne fait pas le tri dans le personnel»
Terminée, cette période ? Pas du tout ! Les maladies, parmi lesquelles les cancers de la plèvre et du poumon, peuvent se déclencher des dizaines d'années après l'exposition sans protection des voies respiratoires. Et sans distinction : «L'amiante ne fait pas le tri dans le personnel : cadres, ingénieurs, techniciens, agents de maîtrise...» énumère Claude Tange.
Depuis juin 2000, il préside l'ADVASUD-CGT qu'il a fondée. «Au départ, on était 26 membres, aujourd'hui plus de 500. En dix ans, on a enregistré 87 décès parmi nos adhérents.» •
in LA VOIX DU NORD, édition de Dunkerque du 18 avril 2010
2 commentaires:
Je viens d'un milieu "modeste", ouvrier. Mon pére dans les années soixantes avait isolé, je ne sais plus quoi, quelque chose avec de l'amiante dans la maison. Il nous - les enfants - avait prévenu: C'est trés dangereux.
Il l'a donc coupé dehors avec toute les précautions puis recouvers de papier alu pour que rien ne s'echappe.
Même les "anciens" des corons ou courées à l'époque savaient que l'amiante était un poison.
J'ai donc était trés étonner de voir qu'au début des années 90, les média, le patronat, les ouvriers, la medecine du travail, etc, découvraient ce fait.
Que de victimes de l'amiante!!!!Honte aux employeurs qui ont assassinés en toute connaissance de cause nos frères, nos pères, nos maris, nos proches afin de se remplir les poches grace à cette fibre cancérigène aux qualités exceptionnelles, si peu chère et tellement dangereuse.
Mon papa est atteint d'un mésothéliome malin qui se déclare après 25 ans.
Que de souffrance physique et morale pour lui et pour ceux qui l'aiment............amiante je te hais ainsi que tout ceux qui l'ont autorisés alors qu'ils savaient.......ainsi que tout ceux qui n'ont ni informés, ni protégés.........Je veux faire honneur à toutes les victimes mais rien ne leur rendra la vie, rien ne soulage leurs souffrances..............
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