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Ce qu’elle ne dit pas, c’est que le département du Nord eut alors une destinée exceptionnelle grâce à un soldat aussi populaire que Vauban dans la région… Si Faidherbe est moins connu que ce dernier, son action fit du Nord un des rares départements à ne pas subir l’occupation prussienne. Le Nord, et Dunkerque, doivent beaucoup à cet ancien gouverneur du Sénégal car trois mois durant, l’armée menée par ce colonial a détourné l’ennemi de Paris en engageant des forces considérables dans une petite région entre Amiens, La Fère, Saint-Quentin et Bapaume.
L’Armée du Nord
Le 22 octobre 1870, le Général Bourbaki commande la région du Nord. Il regroupe immédiatement autour de Lille ses forces dispersées dans le Nord, le Pas-de-Calais et la Somme, renforcées par de nombreux évadés de Sedan et de Metz. Dans le même temps, les Allemands progressent vers Amiens. Son second, le Général Farre, le remplace et attaque, mais face à 39.300 soldats aguerris et 174 canons, il ne dispose que de 25.500 hommes et 60 pièces d’artillerie sur un terrain difficile. Les combats sont âpres. La défaite de Villers-Bretonneux le 27 novembre 1870 ouvre la porte d’Amiens et la route de Rouen à l’ennemi.
Le 3 décembre, Faidherbe prend le commandement de l’Armée du Nord et garde Farre comme Chef d’Etat-Major. Avec des troupes fraîches mais peu préparées, il obtient la capitulation du château d’Ham en intimidant l’occupant, fait unique dans toute la guerre côté français. Les 12 et 13, il est devant la Fère. Le 14, il marche sur Amiens.
La Bataille de Pont-Noyelles ou de l’Hallue (23 décembre)
La veille de Nöel, Faidherbe concentre ses troupes au nord-est d’Amiens. Faidherbe, résiste opiniâtrement. Il repousse les attaques allemandes. Laissant un temps ses hommes en position malgré le froid intense, il fixe les Allemands sur place, mais pour économiser ses hommes, il se replie finalement entre Arras et Douai, sur la Scarpe.
Les Allemands décident d’assiéger Péronne le 27 décembre 1870 pour contrôler toute la Somme. Un siège en règle commence. Pour Faidherbe, Péronne est un enjeu primordial. L’affrontement est le prélude à la bataille de Bapaume du 3 janvier 1871. Malgré son infériorité numérique, Faidherbe prend l’offensive. Ses troupes repoussent l’ennemi. Bapaume est à portée de main mais Faidherbe n’attaque pas la ville, espérant que l’occupant l’évacue. Ce dernier se décide de se replier dans la nuit... Bapaume redevient française, Faidherbe croit bon de revenir sur ses pas pour cantonner à Baisieux-au-Mont pour en contrôler le chemin de Fer. Sans protection, Bapaume est reprise par les Allemands qui s’y attribuent finalement la victoire.
Le 9 janvier, bombardée, Péronne capitule finalement car les troupes françaises tardent. Les Allemands forcent Faidherbe à marcher sur Saint-Quentin. Prise, cette ville obligerait l’ennemi à détourner ses efforts du siège de Paris, dont les défenseurs pourraient alors consentir un ultime effort. Le succès est conditionné par la rapidité et le secret... que le verglas compromet : la marche est lente et, averti, l’ennemi se concentre entre Ham et Péronne.
Les combats du 18 janvier 1871
Le jour de la proclamation du IIe Reich dans la Galerie des Glaces de Versailles, les combats font rage au Nord. Rejoints par les Allemands, les hommes de Faidherbe se battent à Vermand (Tertry pour les Allemands). Les Allemands ne peuvent l’enlever. Le front s’étend sur 27 kilomètres. Le 19, Faidherbe se bat autour de Saint-Quentin avec des forces toujours inférieures et il lui faut battre en retraite, poursuivi par les Allemands, pour barrer la route de Cambrai. L’armée du Nord se retire sans encombre et se reconstitue.
A Bordeaux, l’Assemblée nationale se réunit pour la première fois le 12 février et nomme Thiers chef de l’exécutif le 17. Il signe les Préliminaires de Paix à Versailles le 26 : en plus des dommages exorbitants à lui payer, l’Allemagne occupe une grande partie des départements français, à l’exception du Nord que ces batailles à front renversé avaient pu préserver grâce à l’action de Faidherbe. Ni Lille, ni Dunkerque ne tombèrent.
1 commentaire:
On raconte que c'était une armée très mal habillée avec même des chaussures aux semelles en carton !!!
On m'a rapporté que la musique de marche du régiment fût "le petit quinquin".
Il n'y eut pas de FAIDHERBE en 1914 pour éviter l'occupation de LILLE en 1914 !!! Hélas pour nos grands parents...
Jean-Marc Cardon (le conteur Brûle-Maison)
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