Henri Darbes, le gamin qui revient de loin...
«Donc, je t'abandonne, mon fils. Voilà, il ne te reste plus qu'à te débrouiller pour survivre.» Ce n'est pas une fin, mais bien le commencement d'une histoire, celle d'un homme : Henri Darbes.
Né à Nice en 1966, il est abandonné à la naissance sous le nom de Gilles Patrice Giuliaris. Adopté très tôt, il prend le nom de Henri Gilli.
Finalement, battu, maltraité, quatre ans plus tard, il rejoint les foyers de l'enfance de la Côte d'Azur. Il y reste dix ans.
La nature humaine, Henri Darbes la connaît bien. Dans son livre Les Enfants de Chiris, sorti en juin, il raconte les ombres et les lumières d'un enfant livré aux adultes des années 60-70, puis aux caïds des foyers d'enfance. Un monde violent où il faut jouer d'intelligence pour s'en sortir.
Henri Darbes : «Il y a deux vies dans les foyers d'enfance. Il y a la vie que voient et gèrent les éducateurs et il y a celle des caïds du foyer, et là on assiste à des choses que même la pensée humaine ne pourrait pas imaginer...» C'est dans cette hostilité latente que le petit Henri entrevoit la lumière. Très jeune, il imagine des mondes, des ailleurs en arc-en-ciel, des vies en couleur. Henri Darbes précise : «J'ai trouvé un dérivatif, l'écriture. C'est ce qui m'a sauvé. (...) Quand j'écrivais, je n'étais plus le gamin des foyers, j'étais un gamin qui se promenait. Je voyais de belles choses, je voyageais, je m'évadais.»
Après bien des péripéties qui passent aussi par la Légion étrangère, l'enfant devenu homme, puis mari et père n'a jamais quitté l'écriture. «Pour ce livre, il me fallait le recul nécessaire... peut-être le regard du type qui s'en est sorti.» Écrit comme un roman, Les Enfants de Chiris n'est pas un livre où l'écrivain s'apitoie sur son sort. Il y a des moments drôles et d'autres qui le sont moins. C'est une tranche de vie livrée brute, parfois crue. Henri Darbes ajoute : «J'ai tellement vécu de choses qu'il fallait que ça sorte.» Ce livre est en fait un message à tous ceux qui se croient condamnés par la vie. Pour lui, «même quand on a une vie comme la mienne, c'est-à-dire pourrie à la base, on peut quand même s'en sortir si on veut. (...) Ce livre est un énorme message d'amour, même s'il est violent.» L'écrivain se met dans la position du partage, à la recherche du contact. Il veut échanger sur sa vie, sur la vie qu'il désigne comme étant un adversaire contre lequel il ne cesse de se battre depuis qu'il est né. •
> « Les Enfants de Chiris », d'Henri Darbes, éditions Atria - www.editionsatria.com >
Henri Darbes est en séance de dédicace demain, de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h à Auchan Grande-Synthe, à l'occasion de la sortie du DVD « Bienvenue chez les ch'tis ».
IN LA VOIX DU NORD, édition de Dunkerque du 31 octobre 2008
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