Devenu inutile, le bateau-feu «Dyck» est ferraillé au port ouest!
Après l'arrière-port et le Freycinet 4, le « Dyck » a trouvé sa dernière demeure, au port ouest, pour y être ferraillé. Construit voilà près d'un siècle, le BF 2 (son numéro de coque) était, avec le « Sandettié », l'un des témoins d'un système de balisage bien particulier.
L'issue semblait inéluctable. Après près d'un siècle d'existence, le bateau-feu Dyck est actuellement ferraillé. Les Dunkerquois passionnés par la vie maritime éprouveront sans doute un légitime pincement au coeur à l'annonce de la disparition du bateau-feu.
Construit en 1911 par la Société des Forges et Chantiers de Granville, le BF 2 (son numéro de coque) avait tout d'abord vu le jour sous le nom de Havre II. Après l'estuaire de la Seine, le bateau-feu long de 40 m avait rejoint en 1957 le port de Dunkerque pour en signaler les bancs de sable.
Ces drôles de navires sans destination étaient remorqués devant le banc de sable, traître obstacle à la navigation devant le port, et y demeuraient, immobiles, durant deux ans. Un équipage de huit hommes vivait à bord dans des conditions éprouvantes et était relevé tous les quinze jours, quand les conditions météo le permettaient.
S'il en porte improprement le nom, le BF 2 n'a jamais mouillé devant le Dyck : il signalait le Sandettié. En alternance avec le BF 6, mis en poste en 1949, bateau-feu qui porte aujourd'hui le nom de Sandettié. Dernier bateau-feu français en activité lors de sa retraite, en 1989, ce dernier mouille depuis huit ans au quai du Commerce, devant le Musée portuaire.
Pourquoi le Dyck, racheté par la ville en 1980 et classé à l'inventaire des Monuments historiques en février 1988, n'a-t-il finalement pas rejoint le musée à flot ? «Parce qu'avec l'arrivée du Sandettié, en 1989, garder deux bateaux-feux avait peu de sens , explique Marie-Laure Griffaton, conservatrice du Musée portuaire. Il était incomplet et ne ressemblait plus à grand-chose à l'intérieur, le mât à lanterne haute avait disparu, etc.» Le Sandettié était en parfait état de marche et avait conservé chaînes, ancres, moteur et optique de Fresnel. Le Dyck entamait alors sa descente aux enfers dans l'arrière-port avant de rejoindre le Freycinet 4... Le musée a gardé, avec l'accord du propriétaire du Dyck (la communauté urbaine), "quelques éléments significatifs de proue et de quille, de son mode de construction par rivetage», avant le déclassement de l'inventaire des Monuments historiques, prononcé en 2004. «L'objectif était de varier les bateaux préservés pour le musée à flot», rappelle-t-on au Musée portuaire.
Le Duchesse-Anne, la Guilde, la Pilotine n°1, la vedette Esquina et le Sandettié sont aujourd'hui visitables, le remorqueur L'Entreprenant devrait l'être à moyen terme. Demain, le baliseur Émile-Allard (propriété des Phares et Balises) pourrait peut-être rejoindre la flotte. Pas le Dyck dont ne subsisteront, outre les éléments exposés au Musée portuaire que des plans et un reportage photographique. Et quelques souvenirs dans la mémoire des Dunkerquois. •
OLIVIER TARTART
In LA VOIX DU NORD, édition de Dunkerque du 5 jun 2008
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