Les pigeons lillois pourront bientôt venir se recueillir à nouveau sur leur monument...
"Pigeon, Oiseau à la grise robe, Dans l’enfer des villes, À mon regard tu te dérobes, Tu es vraiment le plus agile."
Non, Benoît Poelvoorde n’est pas le seul à vénérer les pigeons. La ville de Lille, en des temps anciens, a laissé la fédération colombophile leur dresser... un monument ! Actuellement en rénovation.Huit mètres cinquante de hauteur et dix mètres de large ! Pas le petit monument en plus. Savez-vous que pour le dresser, en 1936, il a fallu déloger... les sanitaires municipaux ? Idem pour le monument Charles-de-Gaulle au passage ! Du coup, on ne sait plus où faire ses besoins autour de la citadelle, mais on sait où prier pour les pigeons ! Et aussi, il faut le rappeler, leurs courageux propriétaires fusillés...
À l’entrée du parc, ce grand monument en pierre de calcaire de Pouillenay rend hommage à tous ces valeureux pigeons voyageurs morts pour servir notre pays en portant les messages (maintenant on a les mails...). Vaillant, prénom du dernier pigeon lâché par le colonel Raynal assiégé dans le fort de Vaux avant la prise de Verdun (et gazé à l’arrivée), a même été décoré !Pour tous ces bons et loyaux services, le monument imaginé par l’architecte Alleman (unique en France !) est sculpté de trente pigeons, d’une femme représentant la paix et de serpents évoquant l’ennemi. Tout un programme.Le temps faisant son oeuvre, l’heure est venue de le restaurer. Sophie-Jeanne Vidal, sculptrice, et Frédéric Bourguignon, archéologue, ont entrepris ce délicat travail depuis début avril jusqu’à fin mai. Objectif : lui redonner sa clarté, retirer la crasse et les micro-organismes venus se coller à la pierre. La tête de serpent qui avait été décapitée suite à un acte de vandalisme, en 2002, a déjà été réparée. Des travaux qui s’élèveront à 56 661 E . Pour ce prix-là, les pigeons lillois auront à nouveau le droit de venir se poser sur leur monument et même de s’y oublier : c’est le seul à Lille où l’on n’installe pas de pics à pigeons... Ce serait d’un mauvais goût !
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VIRGINIE CARTON
in LA VOIX DU NORD, édition de Lille du 26 avril 2008
1 commentaire:
Magnifique! Quoi de plus inutile qu'un pigeon en milieu urbain? Pollueur hors pair ( après l'Homme)et réservoir de virus de tout poil, c'est là le parfait compagnon du citadin! Pensez à des villes comme Paris ou Rome qui ne savent plus comment résoudre le "problème pigeon" aux monuments ravagés par leurs déjections. Mais ont ils un réel intérêt seulement?
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