samedi 15 décembre 2007

le scandale du mépris et de la tromperie.

Histoires du nord ne fait pas de politique, sauf lorsque l'on attaque la mémoire de nos anciens, la douleur de nos pairs, la peine de nos enfants.
Jugez par vous même...

TRIBUNAL CORRECTIONNEL
«Les propos de Le Pen sont une manière de rayer Ascq de la carte»

Jean-Marie Le Pen comparaissait hier devant le tribunal correctionnel de Paris pour complicité de contestation de crime contre l’humanité et apologie de crimes de guerre. Dans l’hebdomadaire « Rivarol », le président du FN avait donné une version exagérément tronquée du massacre d’Ascq en 1944. La commune de Villeneuve-d’Ascq (près de Lille) s’est constituée partie civile.

PAR SAMI CHEBAH region@lavoixdunord.fr

Hier, devant la 17e chambre correctionnelle, Jean-Marie Le Pen a brillé. Par son absence. Sur le banc des accusés, les deux autres prévenus de cette affaire : la directrice de publication et le journaliste de Rivarol, hebdomadaire «ami» du FN qui avait, dans son numéro du 7 janvier 2005, retranscrit une interview du leader frontiste. À la toute fin de l’article, Jean-Marie Le Pen y racontait sa version du massacre d’Ascq :
«Un lieutenant allemand, fou de douleur que son train de permissionnaire ait déraillé dans un attentat, causant la mort de ses jeunes soldats, voulait fusiller tout le village : il avait d’ailleurs déjà tué plusieurs civils. Et c’est la Gestapo de Lille, avertie par la SNCF, qui arriva aussitôt à deux voitures pour arrêter le massacre.»
Il le confirmera plus tard : Le Pen parlait bien d’Ascq.Hier, Jean-Michel Stievenard, maire de Villeneuve-d’Ascq, est venu corriger les graves inexactitudes du patron du FN et redire l’émoi d’une population touchée dans sa chair.

«À bâtons rompus»
«Au moment de la constitution de la ville nouvelle, la commune devait s’appeler Villeneuve-en-Flandre. L’association des veuves du massacre d’Ascq avait à l’époque plaidé : “Ne faites pas ce que les Allemands ont voulu faire : rayer Ascq de la carte de France”. Les propos de Jean-Marie Le Pen sont, pour nous, une nouvelle manière de rayer Ascq de la carte».
L’argumentation de la défense tiendra en grande partie sur les conditions dans lesquelles s’est déroulée l’interview accordée par Le Pen à Rivarol. Le passage incriminé serait, selon l’avocat du leader du FN, le fruit d’une discussion «à bâtons rompus», post-interview donc. Le rédacteur de l’hebdomadaire pensait, lui, «sincèrement que l’entretien se poursuivait», le magnéto continuait d’ailleurs de tourner. Il lâchait finalement en fin d’audience que la publication des quelques lignes résultait «sans doute d’un malentendu».

Position périlleuse : en déchargeant la barque de celui qu’il appelle avec déférence «le président Le Pen», le collaborateur de Rivarol alourdissait sa propre petite embarcation. Aucune des parties civiles n’a été dupe de ces circonvolutions. «La ficelle est un petit peu grosse», notait le procureur qui a requis à l’encontre du prévenu Le Pen, entendu également pour avoir jugée l’Occupation «pas particulièrement inhumaine», cinq mois de prison avec sursis et 10 000 E d’amende. Le même montant que celui réclamé par la ville de Villeneuve-d’Ascq. La commune martyre compte, avec cette somme, «offrir aux enfants 5 000 entrées au Mémorial d’Ascq». Le délibéré sera rendu le 8 février.


REPERES
Le massacre d’Ascq
Dans l’interview accordée à «Rivarol», J.-M. Le Pen falsifie l’histoire du massacre d’Ascq. Documents à l’appui, les historiens sont formels : Le 1er avril 1944, des résistants qui veulent faire sauter un train de marchandises provoquent, sans le vouloir, le déraillement d’un convoi de militaires allemands. Les dégâts sont minimes, aucun blessé n’est à déplorer. L’officier qui commande le convoi allemand ordonne l’arrestation et l’exécution de tous les hommes âgés de 15 à 50 ans. Les jeunes nazis fanatisés se lancent dans une chasse à l’homme à travers le village.
Alertée par un facteur enregistrant, la police territoriale allemande mettra fin à la tuerie. Quatre-vingt-six civils sont morts, achevés par balle ou à coups de crosse, comme l’abbé Cousin.

in LA VOIX DU NORD, édition régionale du 15 décembre 2007

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