inquiétudes légitimes aux Canonniers Sédentaires
Menaces sur l’avenir du musée des Canonniers ?
L’interrogation est presque superflue. Des menaces sur le musée des Canonniers, il y en a, d’évidence. «Sur la forme qu’elles prendront, ce sera au conseil d’administration de décider , explique son président, le colonel Jean-Marie Lesaffre.
L’affaire a été déclenchée il y a moins d’un mois, quand le musée a appris que les recrutements d’animateurs, jusqu’alors financés dans le cadre des emplois aidés de l’ANPE, ne seraient plus possibles.
Réductions des crédits.
Jusqu’à ce jour, ce petit et très historique musée – héritier d’une unité militaire lilloise honorée par le Premier consul Bonaparte (1803), elle-même plongeant ses racines dans un bataillon créé à la fin du XVe siècle –, fonctionnait en grande partie grâce à ces animateurs qui pouvaient assurer visites guidées, animations et autres activités d’éveil propres à un musée. «Des gens recrutés à haut niveau, bac + 4 minimum, qui, une fois le contrat terminé, pouvaient passer des concours de la fonction publique ou bien enchaîner sur des CDD et des bilans de compétence», précise Jean-Marie Lesaffre. Grâce à eux, le musée pouvait accueillir des visiteurs du lundi au samedi.Tout cela semble aujourd’hui compromis. Le musée, totalement privé depuis le désengagement de l’armée (1998), ne fonctionne qu’avec un budget limité, la disponibilité des quelques bénévoles qui s’en occupent avec passion ayant forcément des limites. Des projets de développement, avec aménagement de nouvelles salles pour les recherches ou la documentation, ont été récemment bouclés et budgétisés : 811 000 E... à trouver. Sans oublier les urgences : le cénotaphe et la tenue du général Négrier, illustre héros lillois, par exemple, sont passablement abîmés et exigent une rénovation (coût estimé : 12 000 E).
Pièces rares
«Nous savons que nous sommes les dépositaires d’un patrimoine parfois un peu méconnu, parfois un peu oublié, mais néanmoins important, tant pour l’histoire militaire française que pour le patrimoine lillois», assure le colonel Lesaffre. Et de rappeler que les deux seuls canons Gribeauval – ingénieur français à qui l’on doit l’avancée la plus fondamentale de l’artillerie au XVIIIe siècle – sont ici, à Lille. Celui conservé aux Invalides est abîmé. «En 1989, le président Mitterrand voulait les rapatrier à Paris, on s’est battu pour les garder !» Le dernier fait d’armes des Canonniers remonte à 1940, dit-on, quand les artilleurs lillois ont descendu douze avions allemands en comptant 10 % de pertes dans leurs rangs...Le musée des Canonniers a fermé hier pour deux mois. Il doit normalement rouvrir mi-février. Le conseil d’administration de janvier décidera dans quelles conditions.
• J.-M. D.
In La VOIX DU NORD, édition de Lille du 23 décembre 2007
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