« Claude Prouvoyeur voudrait qu’on reconnaisse son action »
Il y avait bien une vie avant le 19 mars 1989.
Parce qu’il se doutait bien que les Dunkerquois finiraient par devenir amnésiques après trois mandats de Michel Delebarre, Claude Prouvoyeur a demandé à Jean-Claude Gabant, ancien journaliste à «La Voix du Nord», d’écrire sa biographie. «Claude Prouvoyeur, l’homme du Grand Dunkerque» est un livre riche, documenté, chronologique, loin du règlement de comptes redouté.
L’information plus que l’émotion. La réalité avant l’amitié. Le factuel plutôt que le sensationnel.
Quand Jean-Claude Gabant se penche sur le cas Claude Prouvoyeur, les 350 pages défilent comme un cours de politique à la sauce dunkerquoise. À croire qu’il a voulu compiler les archives électorales et les coupures de presse pour mieux décrypter l’histoire, mieux comprendre le parcours d’un homme qui n’aurait jamais été «déboulonné» par un socialiste en 1989 si celui-ci n’avait été un homme de la trempe (ministérielle) de Michel Delebarre.
Les initiés ressasseront des souvenirs qui n’ont jamais été enfouis. Les autres ont droit à la copie d’un cours magistral comme on les digérait sur les bancs de la fac. Jean-Claude Gabant s’évertue à détailler les réalisations du maire qui dirigea Dunkerque de 1966 à 1989, mais aussi ses combats, ses alliances, son enfance heureuse, son adolescence perturbée par la guerre, sa famille, son choix pour Dunkerque, la fermeture des Chantiers de France, «la» défaite de 1989.
La croisade pour le «Grand Dunkerque» est un morceau de choix de l’ouvrage. Avec toute la puissance de La Voix du Nord et de Marc Burnod, Jean-Claude Gabant raconte les fusions avec Malo, Mardyck, Rosendaël. Le climat était aussi passionné qu’en 2004, lorsque le projet de rapprochement avec Saint-Pol et Fort-Mardyck échoua.Jean-Claude Gabant, dont l’épouse Jacqueline affrontera Michel Delebarre en mars prochain, n’a «pas voulu sortir un brûlot avant les municipales». Il écrit avoir répondu simplement aux attentes de Claude Prouvoyeur : «Il lui arrive assez souvent de comparer l’action de la nouvelle municipalité à l’ancienne et cela renforce, à chaque fois, sa conviction d’avoir, en définitive, bien travaillé pour Dunkerque. Il voudrait aujourd’hui qu’on reconnaisse son action. N’est-ce pas compréhensible?» •
D. DUP.
Claude Prouvoyeur dans le texte...
Dans son livre, Jean-Claude Gabant a repris de nombreuses citations de l’ancien maire. Morceaux choisis…
> Ses enfants.- «J’avais entendu dire que sur six naissances dans le monde, il y avait un Chinois. C’est pourquoi j’ai préféré m’en tenir à cinq».
> La gauche.- À propos de ses relations avec le milieu portuaire ouvrier : «C’est à gauche que j’ai eu les amis les plus sûrs, et j’en ai encore». Ou encore : «Je fais une politique de gauche ! Plus social que moi, il n’y a pas»
> La Communauté urbaine.- «Elle était, au départ, un palier pour arriver au Grand Dunkerque, une avancée vers un regroupement communal, mais ça a été complètement dévoyé de son objectif initial pour devenir une collectivité d’une pesanteur démocratique incroyable».
> Protocole.- En s’adressant à François Mitterrand, qu’il reçoit le 25 avril 1983 : «En vous recevant, nous voulons effacer, par un comportement exemplaire, l’attitude d’autres élus qui, il y a 18 ans, refusaient de se déplacer pour accueillir à Dunkerque le général de Gaulle, alors président de la République».
> Vérité.- «Je ne regrette rien. Si faire de la politique, c’est dire aux autres ce qui leur fait plaisir, alors j’ai été un très mauvais politique car j’ai toujours dit ce que je pensais.»
> Chantiers de France.- En 1986, il avait mis publiquement se démission dans la balance de la fermeture : «On m’a découragé en haut lieu en me promettant une zone d’entreprises si je ne démissionnais pas. Cette zone d’entreprises devait créer des milliers d’emplois, mais me faire perdre le mien.»
> Héritage.- «Bien que je sois à l’origine de la zone d’entreprises, c’est Delebarre qui a poussé son cocorico en coupant les rubans d’inauguration».
> Parachutage.- «En 1989, Delebarre, c’était l’exocet destiné à me foutre en l’air».
> Faites vos jeux.- «Heureusement que le "gangster" était là car les Dunkerquois n’aurairent pas de casino aujourd’hui et la ville n’aurait pas les recettes conséquentes que cet établissment procure».
> Voyage.- «Michel Delebarre, c’est le Christophe Colomb de la politique. Quand Christophe Colomb est parti, il ne savait pas où il allait. Quand il est arrivé, il ne savait pas où il était. De toute façon, il s’en fichait puisque ce n’est pas lui qui payait le voyage». •
> «Claude Prouvoyeur, l’Homme du Grand Dunkerque» par Jean-Claude Gabant (éditions J. Cégé). 25 E.
Disponible par souscription uniquement.
Renseignements au 03 28 20 35 58.
In LA VOIX DU NORD, édition de Dunkerque du 22 décembre 2007
1 commentaire:
Je me permets de signaler deux erreurs dans le bouquin sur le passage concernant la fusion association.
Je ne suis pas (Jean-Louis GADEA) un syndicaliste SUD/CGT mais simplement Sud, la CGT étant une autre organisation syndicale.
Je ferrai aussi remarquer que dans les multiples luttes que nous avons menées à la CUD, nous avons été jusqu’à demander la démission du Président Michel Delebarre.
Les élus communistes et apparentés du conseil municipal de Dunkerque n’ont pas été exclu par la fédération du PCF du Nord, mais trois d’entre eux (Roland Fourmentel –seul carté PCF- , Annie Vandenbunder et Bernard Dormael) étant pour la fusion et donc en désaccord avec les sections PCF du littoral se sont dissociés du groupe PC. Par contre la 4ème élue, Marie-José Gobert est restée au PC.
En vous remerciant
Jean-Louis GADEA
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