querelle de clocher... enfin de pilori à Avesnes-sur-Helpe
Dans l’Avesnois, les soeurs de Sainte-Thérèse ont bien failli perdre leur pilori
Les religieuses de Sainte-Thérèse ignoraient qu’un jour le pilori de leur propriété de Bagatelle à Avesnelles, tout près d’Avesnes-sur-Helpe, serait si convoité. La colonne de pierre bleue qui devait être déplacée pour être installée devant le nouveau palais de justice reste chez les soeurs. Au grand dam du maire d’Avesnes-sur-Helpe.
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Il avait tout prévu Alain Poyart, le maire d’Avesnes. Et c’est vrai que, ma foi, les soeurs de Sainte-Thérèse n’avaient pas fait de problème.Bien sûr, ça leur faisait un petit quelque chose de savoir que leur pilori seigneurial quitterait Bagatelle, une gentille propriété en bordure de nationale 2 pour les soeurs âgées qui y sont, quand vient leur dernière heure, enterrées. C’est là, entre le jardin et le cimetière, que se dresse un obélisque de plus de cinq mètres de haut.Le maire d’Avesnes l’aurait bien vu devant le palais de justice tout neuf, dans sa commune. Il s’y croyait d’autant plus encouragé que la supérieure, soeur Thérèse Hennion, ne lui avait pas dit non. Alors, le maire a envoyé les employés de la ville qui ont commencé à creuser autour du pilori. C’était le 15 octobre, un jour béni pour les religieuses puisqu’on fête leur patronne sainte Thérèse d’Avila. Mais les municipaux ne sont pas allés jusqu’au bout. Car entretemps, une autre puissance temporelle, les élus d’Avesnelles, a fait entendre sa voix. Et voilà comment l’affaire est devenue l’histoire de deux clochers.
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Justice expéditive
Le maire d’Avesnelles, Jean-Pierre Leclercq, a missionné son adjoint aux finances Jean-Claude Breucq chez les religieuses et auprès du maire d’Avesnes-sur-Helpe pour leur dire à tous qu’il n’était pas question de bouger le pilori. Avec des arguments. D’abord celui que la colonne était sur le territoire de la commune d’Avesnelles et comptait parmi son patrimoine. Ensuite, que l’idée de la transplanter n’était pas opportune. «Ce pilori est un signe de justice expéditive, tout sauf le symbole d’une vraie justice. Mettre ça devant un tribunal est un mauvais choix», avance Jean-Claude Breucq. Et d’ajouter : «La soeur supérieure a compris qu’il n’y avait eu aucune communication entre les deux villes .» Et le maire d’Avesnes-sur-Helpe ? Alain Poyart, contraint de faire marche arrière et de rappeler à lui ses employés, assure que son collègue avesnellois était au courant. Tout au moins de sa volonté de déplacer le pilori. Et fait valoir que celui-ci est propriété des soeurs de Sainte-Thérèse, sous-entendant ainsi qu’elles sont libres de le donner ou de le vendre à qui elles veulent. On imagine l’embarras des soeurs, qui, embarquées malgré elles dans cette querelle, ont tranché. «On ne touche plus à rien. Le macadam a été refait. Le pilori reste là», assure soeur Élisabeth qui, en l’absence de sa supérieure, a dû faire face. Le maire d’Avesnes-sur-Helpe est «tout colère». «On en a parlé à notre avocat.» Le comble serait de voir l’affaire touchant un instrument de justice finir… en justice. Mais nous n’en sommes pas là.
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• GÉRALDINE BEYS
in LA VOIX DU NORD, édition régionale du jeudi 25 octobre 2007.
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