vendredi 2 février 2007

du mois de février

Reçu de notre ami Jean Mignot, notre méridional amoureux des mots et de sa région, de bien belles explications sur février... A vous, lecteur, d'en tirer les enseignements pour nos Pays-Bas...
d'autres textes sur :blog: http://cruviers-larnac.blogspot.comblog: http://saintandredemajencoules.blogspot.comet pour ceux qui s intéressent à Pierre Rode :http://www.pierrerode.blogspot.com

Février est un mois qui n’a jamais eu bonne presse dans nos campagnes. Mois des froids des plus rigoureux et des retournements de temps les plus hasardeux, il est redouté de tous. Déjà dans l’antiquité il était synonyme de maladies et de fièvres, et c’est de là qu’il tire son nom. Februare, qui signifie purifier. Il y avait à ces périodes là sur Rome, des pluies abondantes qui entraînaient toutes sortes de maladies. D’où la nécessité de se purifier.. C’est cela qui fut retenu comme étymologie au lieu de lui donner le nom d’un dieu. Consacré à Neptune, à cause des pluies, - dans le calendrier républicain il était baptisé Pluviôse - ce mois devint donc février, partageant avec le mois d’avril cette particularité d’avoir ses origines dans un verbe, contrairement à tous les autres mois de l’année.

La deuxième originalité de ce mois est qu’il est le plus court de l’année, puisque créé pour arriver au bon compte sur le temps que met la terre pour faire sa révolution au tour du soleil. Il a toujours été considéré comme un mois « complémentaire » et il a fait les frais, nous l’avons vu, en perdant deux jours pour pouvoir mettre sur un plan d’égalité, le grand Jules César et son neveu Auguste dans les deux mois qui leur sont consacrés.
Une plaisanterie a cours sur sa brièveté. On dit volontiers que c’est le mois de l’année où les filles sont les moins bavardes. Et pour cause !

La troisième particularité est liée au temps que ce mois nous amène et qui lui vaut sa mauvaise réputation
« Février le plus court des mois, est de tous le pire à la fois ! » avec cette variante littéraire : « Février entre tous les mois, le plus court et le moins courtois ! »
Cette année le mois commence avec un peu de douceur, ce qui contredit le proverbe bien connu : « A la chandeleur, l’hiver s’arrête ou prend rigueur ». L’observation du cycle de la lune a bien prouvé ce que j’ai écrit pour janvier, avec une mini vague de froid après la nouvelle lune de janvier. La même chose devrait se reproduire après la nouvelle lune le 17 de ce mois, le nœud lunaire le 19 et le périgée le 19. J’ai déjà rappelé, comme tous les calendriers lunaires les plus sérieux, qu’il y a toujours des perturbations, et souvent un changement de temps, trois à quatre jours après ces phénomènes. Cette fois nous serons vers la saint Florent le 23, et un dicton nous dit : « A la saint Florent l’hiver cesse ou reprend » à moins que ce soit le 24 pour la saint Mathias « A la saint Mathias neige et glace » ou « Saint Mathias brise la glace, s’il n’y en a pas il en fera ». Cela vaudrait bien mieux pour nous tous, ainsi que pour la nature, car si février ne remplit pas son contrat - entendez de jours de froid - nous aurons du mauvais temps tout le printemps et peut-être plus. « Février trop doux, printemps en courroux. » ou « Si février ne févrère pas, tout le mois de l’an peu ou prou le fera ». Et aussi : « si février ne donne de la teste, il donnera de la qoueste ! »
Voilà pour ce qui est du temps et de l’étymologie du mois.

Mois des purifications rituelles chez les Romains, les « februales » février donnait lieu a des festivités de tous ordres et notamment à une série de célébrations en l’honneur des morts. L’église, a fixé au début de ce mois la fête de la Purification et de la Présentation de Jésus au Temple de Jérusalem, selon le rituel de la loi juive.

Je relève au passage la vieille habitude qui avait court dans nos campagnes de garder précieusement les cierges de la Chandeleur pour pouvoir les allumer auprès du défunt qu’on veillait ensemble jusqu’à ce qu’il soit porté en terre. Peut être un vestige de ce culte des morts en cette période !

On peut faire aussi un rapprochement avec d’autres fêtes qui s’appelaient les « parentalia ».
Chez les Celtes on retrouve aussi ce culte des morts et ce rite de purification de l’eau pour assurer la fécondité et le retour à la vie. C’était la fête d’Imbolc.
Il y avait enfin à la même période, les fameuses « lupercales » dédiées à la louve qui éleva Remus et Romulus. C’étaient des fêtes en l’honneur de la fécondité au moment où la nature commence à reprendre vie. Le peuple de Rome et surtout les jeunes se rassemblaient dans la rue à la lueur de torches enflammées et on mangeait des galettes en l’honneur de Proserpine, divinité protectrice entre autres, du monde agraire.
Pour mettre fin aux orgies dans lesquelles dégénéraient ces fêtes, le pape Gélase, en 472, eut alors l’idée de faire distribuer ces galettes aux pèlerins affamés venus à Rome. On appelait ces galettes des « oublies ». Ce sont les ancêtres de nos crêpes.
Et il faut voir dans les crêpes et leur forme, cette louange au soleil qui brille un peu plus chaque jour, avec le même symbolisme pour la galette des rois qui représentait le soleil renaissant. Les jours augmentent en effet de façon très sensible puisqu’ils vont gagner durant ce mois, 46 minutes le matin et 44 le soir.

Chaque année, vers le 13 février, on assiste à un redoux, autour de la fête de saint Valentin, le 14. C’est ce que nous rappelle ce dicton en langue d’oc : "Per la San valentin, l'agasso mounto sou pin; si noun li jai, ti tengues paga gai" proverbe qu'on peut traduire ainsi : pour la saint Valentin la pie monte sur le pin; Si elle n'y fait pas son nid, ne te réjouis pas trop vite.
Ce proverbe est lié à l'observation du temps de ce jour de milieu février, où la nature fait quelquefois ressentir les premiers frémissements d'un réveil du printemps. Si alors l'oiseau monte à l'arbre, il faut voir s'il va ou non commencer d'y faire son nid. S'il ne commence pas son travail ce jour là, c'est signe que l'hiver n'est pas encore fini. Cela pourrait bien être le cas cette année. Observez les oiseaux en ce moment et vous verrez !
On raconte que Charles d’Orléans, prisonnier en Angleterre après la défaite d’Azincourt, avait observé ainsi le jeu des oiseaux, et qu’il aurait alors imaginé d’écrire des messages d’amour et de tendresse à sa bien aimée, messages qui sont devenus, après qu’ils aient été institués à la Cour de France, « les valentines », ces cartes décorées de cœurs et de cupidons, ornées de dentelles, de soie, de satin, de fleurs, voire aussi parfumées, qui apparurent à l’époque victorienne et que Monsieur Howland, papetier américain importa aux USA en 1848 et dont on dit que les Américains sont très friands…
Avec la fête de ce saint populaire dont le commerce s’est désormais saisi, nous nous retrouvons encore dans cette volonté de l’église d’organiser une alternative aux festivités païennes pour éviter les débordements qu’elles avaient entraînés.
La légende de saint Valentin traversa les siècles et en 1496, sur décision du pape Alexandre VI, saint Valentin devint le patron des amoureux, des fiancés et de tous les jeunes gens et jeunes filles, dont le comportement est si proche de celui des oiseaux.
Depuis 140 ans, des reliques de saint Valentin reposent dans l'église de Roquemaure, dans le Gard, au bord du Rhône. Culte des reliques… Influence des reliques !
En 1866 le phylloxera fait son apparition dans le Gard à Aramon, puis à Roquemaure. Ce sont les « tâches de Roquemaure ».
C’est la catastrophe. Le riche propriétaire du domaine de Clary, à Roquemaure, décide de faire l’acquisition, à Rome, d’un saint protecteur. Le 25 octobre 1868, l’évêque de Nîmes, Monseigneur Plantier, célèbre l’arrivée des reliques, dans une grande liesse. Sur la place de la Pousterle, le panégyrique de saint Valentin est dit en présence d’une foule immense qui ensuite accompagne les reliques vers la collégiale où désormais elles demeurent dans une chasse. C’est cette commémoration qui a lieu chaque année dans une série de festivités remarquables, où les gens du pays, habillés comme en 1868, font revivre les métiers d’autrefois, et défilent en cortège ( plus de 800 personnes).
Roquemaure, c'est le village où fut chanté pour la première fois, "Minuit Chrétiens" le fameux cantique écrit par Placide Carpeau, enfant du pays. Mais cela c'est une autre histoire !
Quant à la relation entre saint Valentin et le phylloxera, à ma connaissance, il n’y en a aucune …Et pour ce qui est du pouvoir des reliques.. ! ce qui est sûr c’est que le phylloxera est devenu une vieille histoire dont on ne se souvient plus de l’ampleur des dégâts que cette épidémie avaient engendrés.

La courbe lunaire commence à remonter le 13 et va nous amener vers le nouveau mois lunaire et sans doute un changement de temps, ce que de nombreux proverbes nous annoncent et ils ont tous une dominante pessimiste comme je l’ai indiqué au début de cette chronique. N’oublions pas que février est un malin qui cache l’hiver au fond de son sac !

Le 20 février, c’est mardi-gras, jour de carnaval. « Carnaval » vient de l’italien « carnalevare » signifiant « sans viande », « enlever la viande » car la période qui va suivre le Mardi Gras sera une période de jeûne.
Dans les pays anglophones on nomme ce jour Fat Thuesday, Shrove Tuesday ou encore Mardi Gras day.
En général on ne mange pas de gras pendant le carême. La veille du début du carême, le Mardi Gras, les gens avaient pris l’habitude, dit-on, d’utiliser ce qui reste de graisse pour faire des fritures, beignes, bugnes, beignets, bougnettes dans le Midi ou oreillettes. Il était aussi de coutume d’arrêter de manger des œufs durant le carême. C’est pour cela que se serait instaurée la tradition de faire des crêpes, en lien avec l’origine des crêpes du début de ce mois de février. C’est pourquoi le Mardi Gras est aussi appelé le Pancake Tuesday.

A la mi-carême, temps de pause au milieu du carême, on refait souvent des crêpes. Et l’accumulation des œufs qu’on n’a pas pu manger durant le carême amènera tout naturellement la tradition des œufs de Pâques, et le lundi de Pâques, l’omelette !

Le 21 février, Mercredi des Cendres c’est l’entrée en carême des chrétiens, 40 jours avant la fête de Pâques. C’est la commémoration des quarante années de marche du peuple hébreu dans le désert, et du jeune du Christ dans le désert lui aussi. C’est un temps de réflexion et de prière. Un temps d’appel à la conversion. Lisez ce qu’écrivait de façon imagée, le très grand évêque d’Arles, saint Césaire : « Ne tarde pas, convertis-toi et ne diffère pas de jour en jour. Ce sont les paroles de Dieu et non les miennes. Mais toi tu réponds : demain ! demain ! (en latin du texte : « cras ! cras !) Quel croassement de corbeau ! Comme le corbeau envoyé de l’arche n’y est pas revenu et, maintenant qu’il est vieux, dit encore : demain ! demain ! C’est le cri du corbeau : tête blanche et cœur noir. Demain ! demain ! c’est le cri du corbeau : le corbeau n’est pas revenu à l’arche, la colombe est revenue. Qu’il se perde donc, le croassement du corbeau, et que se fasse entendre le gémissement de la colombe » Saint Césaire d’Arles ( 469 – 542)
Un appel à la réflexion et à la conversion !
Ce beau texte du grand évêque Césaire, à quelques mots près, s’appliquerait bien aux promesses que nous entendons en ces temps de campagne. Croâ ! croâ ! Demain ! demain !

Adissias !
Jean Mignot
Au soir du 1er Février 2007

1 commentaire:

Anonyme a dit…

hello
rendez vous sur jewisherritage
a bientot