mercredi 28 février 2007

appel aux dons: pour que la mer n'ait pas le goût des larmes

SAUVETAGE
Pour racheter un pneumatique à bout de souffle, la SNSM demande de l’aide

1998. Le baptême du « Jean-Bart-II », le canot tout temps de la SNSM, déplace la foule sur les pontons de Dunkerque. L’embarcation a pu être achetée grâce à un extraordinaire élan de solidarité destiné à permettre aux bénévoles du sauvetage en mer d’avoir les moyens de porter assistance aux naufragés. Aujourd’hui, la SNSM a de nouveau besoin d’aide pour renouveler son pneumatique.
PAR MARC GROSCLAUDE
dunkerque@lavoixdunord.fr

Le « semi-rigide » de la station est mal en point. Sa peau de caoutchouc a subi les assauts du soleil, mais ce n’est pas le plus gênant. « C’est la structure qui est fatiguée », résume Alain Ledaguenel, président de la station. En cause, la partie basse du bateau qui absorbe l’essentiel des efforts et qui accuse le coup. « Elle est fissurée et prend l’eau. Ce pneumatique sort très souvent, en association avec le Jean-Bart-II. Il est très utile par exemple pour intervenir sur les bancs de sable, là où le canot tout temps ne peut accéder, ou pour accoster des navires en détresse. » Mais aujourd’hui, les membres de la station, qui peuvent être amenés à sortir à tout moment aux commandes de cet engin de 6 mètres, prennent la mer avec appréhension. Filer à 35 noeuds pour venir en aide à un plaisancier, et peut-être lui sauver la vie, au risque de mettre la sienne en danger pour des raisons techniques, c’est quelque chose que les bénévoles veulent éviter. « Il faut qu’il soit fiable à 100 %, même dans des conditions difficiles. C’est un véritable 4x4 des mers, un outil très utile pour le sauvetage. »

Au plan national, la SNSM est consciente de l’urgence (il faudrait un nouveau pneumatique pour le printemps) mais ne peut pas débloquer de fonds. « La Bouée bleue a tout de suite augmenté l’aide qu’elle nous accorde et nous a versé 4 000 E », détaille Alain Ledaguenel.Insuffisant. Le pneumatique dont rêve la station (tout équipé, moteur compris) coûte 35 000 E. Il a la même puissance et les mêmes dimensions que l’actuel. « Plus gros, on n’en aurait pas usage. Avec une carène en V, c’est adapté aux conditions très dures qu’on peut avoir ici. Il doit pouvoir sortir dans une mer forte à très forte ! »

Avec l’appui du Yacht-club de la mer du Nord, la station a tenu une chapelle lors de la bande de la Citadelle : 2 000 E de plus dans la cagnotte. L’adaptation de l’ancien moteur (en très bon état) sur un pneumatique neuf permettrait de faire baisser la note, mais la fiabilité serait-elle au rendez-vous ? Il faut plutôt chercher à réunir la somme nécessaire. « Madame Delebarre, la marraine du Jean-Bart-II, nous donne sa caution », insiste le président de la station qui veut frapper à la porte des associations philanthropiques. Mais aussi lancer un appel aux plaisanciers (qui n’adhèrent pas assez à la SNSM) et aux anonymes amoureux de la mer, sensibles au fait « qu’elle n’ait jamais le goût des larmes ».

Contact : SNSM de Dunkerque, quai des Monitors, 03 28 63 23 60 et snsm.dunkerque@neuf.fr


La station représentera la France en Suède

Au mois de juin, les sociétés de sauvetage en mer tiendront leur congrès à Göteborg, en Suède. Située le plus au nord du littoral métropolitain, la station de Dunkerque représentera la SNSM lors de cette manifestation.
Il y a quatre ans, c’était en Afrique du Sud que cette réunion de tous les marins qui risquent leur vie pour celle des autres s’était tenue.Difficile d’y dépêcher hommes, mais surtout matériel.
Là, le port suédois est à portée de navigation : 655 milles nautiques, soit un peu plus de 1 200 km quand même, que le Jean-Bart-II et son équipage devront parcourir. « On a un peu hésité au début, mais finalement, on a dit oui, et il y a eu pas mal de volontaires », résume Alain Ledaguenel, le président de la station. La huitaine de bénévoles en sera quitte pour deux ou trois jours de mer, avec un ou deux arrêts en route « car le canot n’est pas équipé pour la croisière ! » Les commodités les plus nécessaires n’équipent pas un bateau de sauvetage. Ces nuits d’hôtel, passées dans des ports, s’ajouteront aux frais de gasoil et ceux induits par une semaine sur place, passée à parader, certes, mais surtout à faire exercices et démonstrations des différentes techniques du sauvetage pratiquées sur les différentes mers du globe. La SNSM en prend une part à sa charge. Un sponsor privé apporte aussi sa contribution.Conséquence, l’arrêt technique du Jean-Bart-II, effectué avec le soutien du chantier des ARNO, aura lieu du 10 au 18 avril, plus tôt que prévu. Pendant toute sa période d’indisponibilité, l’assistance aux marins en détresse sera encore assurée par les bénévoles. S’il est peu probable de voir une vedette remonter depuis le centre technique de la SNSM, basé à Saint-Malo, il est plus envisageable que ce soit La Philippoise , de Grand-Fort-Philippe, qui assurera la permanence, 24 heures sur 24. Elle bénéficiera de l’aide de la SNSM de Calais et des sauveteurs belges. Mais aussi du pneumatique, certes vieillissant, de la station dunkerquoise.
• M. G

LA VOIX DU NORD, édition de Dunkerque, 28 février 2007

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