vendredi 5 janvier 2007

des Flamands qui bougent !

HONDSCHOOTE
Pôle d’excellence rurale : le lin continue de tisser sa toile

Début décembre, le Premier ministre annonçait la labellisation de 200 nouveaux pôles d’excellence rurale, l’équivalent en campagne des pôles de compétitivité. Parmi eux, Excel-lin, un projet porté par le Pays des moulins de Flandre et tout particulièrement la communauté de communes de Hondschoote.

PAR LAURENT GUENNEUGUES
dunkerque@lavoixdunord.fr

Avec cette reconnaissance nationale, le Pays des Moulins s’affirme un peu plus encore comme l’autre pays du lin : « Sur ce coup-là, on a même pris la Normandie de vitesse, se félicite Hervé Saison, le maire de Hondschoote. Ça n’a pas dû leur plaire de se faire dépasser sur le fil ! » Avec à la clé, un beau magot de subventions réparties sur quatre projets qui tournent autour du lin.

L’idée a germé dans l’esprit d’Arnaud Van Robaeys. Voilà un an, le conseil municipal de Hondschoote soutient à l’unanimité le lancement de ce projet. La communauté de communes découvre qu’elle n’est pas éligible car trop proche de Dunkerque. Qu’à cela ne tienne, c’est le Pays des moulins de Flandre qui postule.

En avril dernier, la visite de Dominique Bussereau, ministre de l’Agriculture, à l’entreprise de teillage Van Robaeys à Killem, constitue un coup d’accélérateur décisif. Puis, les différents acteurs de la filière se réunissent pour ficeler le dossier, rendu fin septembre. Et la bonne nouvelle est tombée début décembre : Excel-lin sera bien l’un des 376 pôles d’excellence rurale retenus au niveau national.

Un coup de pouce pour quatre projets
Compolin est l’un des quatre projets inclus dans le pôle. Les frères Van Robaeys et l’agriculteur Henri-Dominique Coulier vont recycler un déchet, en l’occurrence des poussières de lin, en terreau. Grâce au pôle d’excellence rurale, ils recevront 143 000 E sur un budget de 520 000 E.

Énergielin, le second projet retenu, a aussi une vocation écologique : l’entreprise Decock veut produire du combustible pour chaudières à partir d’anas, des débris ligneux non utilisés jusqu’alors. Un projet d’envergure, estimé à 1,25 million d’euros et qui sera subventionné à hauteur de 310 000 E par Excel-lin.

Le troisième projet soutenu, la route du lin, existe déjà depuis 2004. Il s’agit de deux circuits touristiques, l’un à travers les polders, l’autre au pays des moulins, destinés à faire découvrir le lin sous toutes ses formes. « L’aide de 7 500 E va permettre de dynamiser le système et de pérenniser un emploi », précise Hervé Saison.

Le dernier projet soutenu, l’Écogîte, est porté à bout de bras par la municipalité de Hondschoote : « C’est un gîte touristique rural écolo qui pourra accueillir huit personnes et utilisera tous les produits dérivés du lin », explique Hervé Saison. Depuis la façade, en torchis d’argile et de lin, jusqu’au combustible de chauffage, en passant par l’isolation, le revêtement des sols ou les décorations murales : tout utilisera le lin. Avec un intérêt innovant : « Ce doit être un laboratoire pour voir les économies d’énergie réalisées. J’espère que cette vitrine permettra de lever beaucoup de craintes », précise Arnaud Van Robaeys.

Malin, l’Écogîte
La construction de l’Écogîte, au 38 rue Lamartine, devrait commencer l’été prochain. Le second oeuvre sera fait avec un chantier école. Si tout se passe bien, le gîte pourrait ouvrir au printemps 2008. L’investissement se monte à 240 000 E. Mais grâce au label donné par les ministères de l’Agriculture et de l’Aménagement du territoire, ce sont 80000 E qui vont tomber dans l’escarcelle de la commune de Hondschoote.Lors de l’élaboration du dossier, d’autres projets innovants autour du lin ont été discutés avant d’être écartés faute d’investisseurs ou parce qu’ils ne semblaient pas encore assez aboutis. Il en est ainsi de la production d’un isolant durable à partir du lin, de l’ouverture d’une linothèque ou encore de la vente sur Internet de produits de la gamme du « Grenier du lin ». Le lin peut s’attaquer à la toile pour continuer à tisser la sienne.



Le lin est une fibre naturelle aux usages multiples et aux vertus écologiques. Il subit en effet moins de transformations que le coton, son éternel rival. Petit rappel historique et perspectives d’avenir.

Apparu en Asie, le lin a séduit l’Égypte antique qui enselevissait ses momies dans des bandelettes faites de ce tissu. En France, sa culture s’est développée sous Napoléon, car le blocus continental empêchait d’en importer. À l’époque, le lin était particulièrement répandu en Belgique : « La Lys avait été surnommée la “Golden River”, car toute la transformation du lin s’organisait autour : le rouissage, le teillage, le tissage et le filage », explique Arnaud Van Robaeys.

Sur Hondschoote, les premières traces de culture du lin remontent aux années 1870. Au départ, chaque agriculteur a son propre atelier et un ouvrier spécialisé dans le teillage. Puis, la production s’industrialise à partir des années 1930.

Les usages se diversifient au fil des années. On trouve aujourd’hui au Grenier du lin à Hondschoote des chemises en lin appréciées pour leur fraîcheur, des graines de lin riches en oméga 3 à déguster avec le yaourt, des paillettes de lin idéales pour les litières d’animaux, des plateaux de cuisine, des eaux de toilette ou encore des savons hydratants à base de lin.Pourquoi un tel engouement qui dépasse aujourd’hui le cercle des écolos purs et durs ? « C’est la fibre végétale la plus légère et la plus résistante sur la planète, analyse Arnaud Van Robaeys. Une Golf contient aujourd’hui 12 kilos de lin ! Cette fibre a encore beaucoup à apporter, notamment dans l’aéronautique. »

> Le Grenier du Lin à Hondschoote est ouvert du lundi au samedi de 14 h à 19 h. Tél : 03 28 62 64 61 ; et leur blog sur Internet à l’adresse http://blog.legrenierdulin.com

in LA VOIX DU NORD, édition dunkerquoise du 5 janvier 2007

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonsoir François,
Merci, c'est gentil de relayer l'info de cette manière.
C'est vrai que l'on donne l'impression de "bouger", mais sur ce dossier, le plus dur reste à faire... bon, on a quand même 2 ans
devant nous !
Bonne soirée et à bientôt.

PS: je donne une "conférence" à Dunkerque le 22 janvier à 17h30.
Le Lin: cochon végétal !

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