jeudi 2 novembre 2006

Un peu de géographie flamande

La Flandre , cette plaine bordée par la mer du Nord et par l’Artois est réellement un «plat pays». Son apparente monotonie n’est brisée que par quelques buttes qui ne méritent pas même le nom de montagne car aucune d’entre elles ne dépasse 176 mètres d’altitude.
Vues du ciel, elles se fondent si bien dans le paysage qu’il faut chercher les traces d’occupation humaine comme point de repère. Ce n’est, somme toute, qu’au détour d’un chemin que ces monts de Flandre impressionnent.
Du côté français d’une frontière artificielle que rien ne vient signaler, quelques nuances subtiles donnent naissance à des petits pays, à peine différenciés. Le voyageur qui quitte le littoral pour s’enfoncer à l’intérieur des terres passe du «Blootland», une Flandre maritime totalement plate et nue, aux terres pauvres de sables à peine recouverts d’une faible couche de tourbe, au «Houtland», domaine boisé aux terres lourdes d’argile....
Le «Blootland» n’est qu’un ancien polder que la mer menace depuis sa dernière incursion il y a mille ans... Très lentement la pente s’élève...La Lys traversée, c’est la Flandre gallicane ou gallicante, que d’aucuns nomment aussi Flandre Wallonne qui s’offre au voyageur. Cette Flandre ne prend fin que sur les rives de la Scarpe, à Douai. Aux différences géographiques s’ajoutent les distinctions linguistiques. Au nord, le Flamand est néerlandophone, au sud, il parle le français.
Dans cette dernière partie de l’ancien Comté, on trouve des «quartiers»: les Weppes, le Ferrain, tous deux argileux et qui prolongent la Flandre septentrionale, puis le Mélantois, crayeux, uni généralement au quartier de Carembaut et, enfin, le Pévèle, aux sols sableux, plus pauvres, qui assure la transition avec le Hainaut.


En Flandre, pas d’ondulation, pas de collines comme en Artois, encore moins de reliefs tourmentés. La mer, intimement unie à notre histoire, a modelé le paysage en déposant d’épaisses couches de sédiments et notamment d’argiles telles la clyte. Au cours des ères géologiques, c’est l’alternance entre émersions et immersions qui donne à la Flandre le visage que nous connaissons en la dotant de deux atouts: des terres lourdes et fertiles et un bassin houiller né des forêts du carbonifère, régulièrement détruites par les avancées marines...L’eau est omniprésente.
Le climat océanique est tempéré: les précipitations sont assez bien réparties tout au long de l’année.Dans le «Blootland», les sables sont pissarts car gorgés d’eau. alors que dans le reste de la Flandre, les argiles emprisonnent l’eau dans des nappes phréatiques facilement accessibles. Pour preuve s’il en est besoin, l’habitat flamand est dispersé.
En surface, les principaux cours d’eau qui sillonnent la Flandre naissent tous en Artois. Ils profitent de l’absence de pente et de la nature imperméable du terrain pour s’étendre. Des parties importantes de la Flandre sont soumises aux débordements - moins fréquents aujourd’hui - et ont donné naissance à de nombreux marais. D’ailleurs, cette eau n’est jamais absente très longtemps et l’on comprend mieux que de nombreuses fermes aient gardé leurs fossés.
Le Flamand est opiniâtre. Si les Romains ont trouvé au pied du Mont Cassel un vaste golfe, si Saint-Momelin a fondé son oratoire en venant par la mer, si les Lillois se retranchèrent derrière les marécages, ce sont des générations de flamands qui ont mis à sec les plaines et protégé leurs acquis. Assécher les marais ou drainer les polders est une besogne de tous les instants... Si on ajoute à cela des traditions de travail, il n’en fallait pas plus pour que la Flandre devienne le fer de lance de la Révolution Industrielle.
Si Napoléon Ier promut les cultures industrielles dans une plaine fertile, son neveu Napoléon III offrit à la Flandre l’opportunité de faire travailler sa population nombreuse et d’appliquer son savoir-faire pluriséculaire grâce à ses richesses houillères.
A la fois rurale, industrielle et industrieuse, la Flandre a toujours fait preuve d’une nature généreuse... ce qui n’a jamais manqué d’exciter les convoitises de ses voisins.

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