lundi 16 octobre 2006

Le Régiment des Braves


Dans les pires batailles

Les conscrits viennent de toute la région pour servir dans ce régiment fondé en 1638 et qui caserne traditionnellement à Lille. Déjà remarqué, la Grande Guerre le couvre un peu plus de gloire. Le 5 août 1914, il embarque pour l’Aisne avant de partir pour Givet puis, relevé alors par le 310e RI, il prend la direction de la Belgique. Il y reçoit un accueil « chaleureux » des Allemands au point de recevoir l’ordre de faire retraite de nuit sous le feu ennemi! Septembre le voit participer à la première bataille de la Marne où il ébranle les Allemands à Esternay. Il rejoint vite Reims mais l’assaut de la ferme du choléra à Berry-au-Bac le 17 septembre décime ses rangs. Après quelques jours de repos, il participe au carnage de Souin puis des Hurlus en décembre. Décembre 14 est un mois terrible : il relève le 22e Régiment d’Infanterie Coloniale devant la ferme de Beauséjour, dans la boue glacée des tranchées et prend à l’ennemi la position blindée du « fortin ». En avril, on le retrouve dans la Woëvre ; c’est alors un véritable massacre pour le régiment nordiste !

D’avril 1915 à fin février 1916, le régiment bénéficie d’une accalmie relative : des secteurs calmes, des périodes de repos en « seconde ligne » mais à partir du 23 février, c’est l’enfer sur terre qui l’attend : il rejoint Verdun où il est un des premiers régiments à venir combler la brèche dans les lignes françaises. La bataille est digne de l’Enfer car il vit dans les tranchées sous un déluge de feu permanent. Les pertes sont nombreuses, qu’il s’agisse de monter en ligne ou de renforcer les positions. Le calvaire des fantassins ne s’arrête pas là ! D’avril à août 1916, c’est l’Aisne et la Champagne : Craonelle puis le plateau de Craonne. On finit par l’envoyer à l’arrière pour être totalement réorganisé. A partir du 20 août, il est lancé dans la bataille de la Somme où il multiplie les succès, notamment à Combles. En octobre, il retrouve les tranchées de Champagne. Le même mois, sa valeur est reconnue par une première citation à l’Ordre de l’Armée.



Un court repos dunkerquois

En avril 1917, il emprunte le Chemin des Dames. Encore des affrontements éprouvants : Les hommes sont épuisés, il faut se replier entre juillet et novembre à l’arrière : direction Dunkerque et Bergues mais le repos y est de courte durée car mi-juillet, il monte en ligne à la Maison du Passeur entre Ypres et Dixmude. Il revient se reposer à Killem mais on l’envoie début août enlever le ruisseau de Martjevaar. Quand il ne combat pas, ses hommes sont dispersés pour travailler dans le secteur dunkerquois : repos n’est pas oisiveté. Fin septembre, ses actions d’éclats lui valent de recevoir une deuxième citation à l’Ordre de l’Armée.

La guerre semble interminable. De janvier à mars 1918, il affronte à nouveau l’hiver dans l’Aisne. La 10e compagnie reçoit là une citation à l’ordre de la Division pour avoir mené à bien une attaque contre les Allemands… et être revenue avec des prisonniers. Il se heurte très vite à la première offensive allemande du Printemps 1918. De fin mars à fin mai, il combat en Picardie mais les conditions sont dantesques : non seulement il faut se battre continuellement mais il faut aussi fortifier entièrement un secteur très fragile. Ses cantonnements sont bombardés jour et nuit et la chaleur est écrasante ; quant à l’espoir d’une paix rapide, il s’est évanoui avec la Révolution russe qui a permis aux Allemands de renforcer leur pression à l’ouest…Le 43e se porte alors sur la vallée de l’Oise et la route de Soissons : le 20 juillet, ses hommes enlèvent à la grenade toute une ligne d’avant-postes allemands mais le mois d’août est meurtrier : il perd un tiers de ses hommes et la moitié de ses officiers. A la fin du mois, il revient une fois de plus au Chemin des Dames. Le mois suivant, il emporte le château de Vauxelles et le village de Vailly ce qui lui vaut à la fin du mois une troisième citation à l’Ordre de l’Armée. Finalement, il reçoit un nouvel ordre de route pour les Vosges alsaciennes où il apprend la signature de l’armistice. Le 18 novembre, c’est dans Colmar, redevenue française, qu’il défile avant d’être chargé de faire valoir les droits du vainqueur à Phalsbourg puis à Mayence où il garde le Rhin, conformément au Traité de Versailles. Ce n’est que début janvier 1919 qu’il réintègre la Ière division d’Infanterie…
C’est le moment de retrouver la citadelle de Lille et pour ses hommes de fouler à nouveau les terres du Nord.

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